lundi 14 juin 2021

L’étape d’après

 

L’animateur à la con : bonjour mes petites chéries ! Bienvenue sur notre antenne pour une nouvelle émission délirante ! On commence tout de suite avec le buzz de la semaine, un truc de ouf, je veux parler des gaucholeaks ! Je rappelle l’affaire : un collectif de « journalistes patriotes pour la réinformation » a rendu public les noms, adresses et coordonnées de plus de vingt-deux mille militants de gauche, syndicalistes, responsables d’association d’aide aux migrants etc. Quoi qu’on en pense, faut reconnaître que c’est un boulot énorme ! Alors depuis trois jours, il y a des youtubers qui ont lancé une cagnotte pour inciter les gens à aller foutre le dawa chez les militants nommés. Pour ou contre ? On en débat avec nos chroniqueurs.

Le facho : je suis pour. Je tiens à saluer ce formidable travail d’utilité publique qu’a entrepris ce collectif. Il est tout à fait légitime que les voisins de ces militants islamo-gauchistes et mondialistes sachent à côté de qui ils vivent. Ensuite, que des citoyens viennent demander des comptes aux domiciles de ces personnes me paraît normal, on est en démocratie, on a le droit de débattre !

La gourde : moi je suis plutôt contre, parce que ces militants ont peut-être des enfants et ils ne sont pas responsable des idées de leurs parents… ça me gène un peu.

Quelques applaudissements dans le public

Le facho : voici un exemple typique de la stratégie de victimisation de la gauche bobo bien-pensante. Quand Canal+ faisait des caméras cachées à l’encontre de simples français personne ne trouvait rien à redire, mais là on s’attaque aux élites intellectuelles, donc on ne peut plus rien dire !

L’animateur à la con : quand même, à Nantes, on parle d’un homme qui a été défenestré depuis chez lui…

Le facho : houlàlà je me garderai bien de tirer des conclusions trop hâtives sur cet incident. Les circonstances ne sont pas claires du tout. C’est un peu facile de tenter de clore un débat en accusant toujours les patriotes de violence, la ficelle est un peu grosse !

Applaudissements

Le débile caution modérée : moi je suis ni pour ni contre, parce qu’il y a eu des dérapages des deux côtés, c’est à ça qu’on reconnaît les extrêmes. Certes, ça ne se fait pas de dévoiler les adresses des gens et d’aller sonner chez eux la nuit, tout le monde a le droit à un peu d’intimité… mais en même temps, Mélenchon a encore eu des propos très ambigus. Je vous rappelle qu’il a dit que les musulmans étaient des citoyens comme les autres ! Quand on voit ce que Daesh a fait en Syrie, ça glace le sang !

Le facho : tout à fait ! Sans aller si loin, je pense à tous nos compatriotes qui sont morts sous les balles des terroristes islamistes. On ne peut pas banaliser l’islam comme il l’a fait ! Mélenchon s’est complètement décrédibilisé pour les prochaines élections…

L’animateur à la con : alors vous savez qu’ici c’est un lieu de débat, tout le monde a le droit de s’exprimer, donc on va donner la parole à un militant cité dans les gaucholeaks. On appelle tout de suite Sylvain Durand-Gonzalès qui est coordinateur départemental de la France Insoumise dans le Vaucluse, qui habite au 12 bis rue Marcel Cerdan à Apt et dont les enfants sont scolarisés à l’école Pauline Kergomard. C’est pas moi qui le dit, c’est la fiche !

Sonnerie

Le militant : allo ?

L’animateur à la con : Oui bonjour, vous êtes en direct à la télé ! On voulait savoir quel effet ça vous faisait d’être nommé dans les gauchosleaks ! Vous êtes plutôt rassrah ou darka ?

Le militant : ah bon ? Je suis dans la liste ?

L’animateur à la con : oh c’est énorme ! Il était pas au courant ! On lui apprend en direct ! C’est ça la magie de la télé !

Rires, applaudissements

Le militant : mais dans laquelle ? La première ou la deuxième ?

L’animateur à la con : Quoi ? Y a une deuxième liste ? Là c’est vous qui m’apprenez quelque chose !

Le militant : ben oui ! L’extrême-droite en a publié une deuxième ce matin et vous êtes dedans. Rue du parc à Neuilly c’est bien vous ? Il y a aussi deux de vos chroniqueurs.

L’animateur à la con : que… quoi ? Mais je suis pas communiste moi ! Et puis ça se fait trop pas de donner mon adresse en direct ! Je… euh… on va couper l’émission !

Le militant : ça risque de couper longtemps en effet !


mardi 9 mars 2021

Faut bien avouer qu’on en a quand même…

 … des boulets, des débiles, des relous, des grosses buses, des maladroits, des ânes, des prétentieux, des quiches etc dans nos organisations de gauche. Et s’il y a bien un groupe politique qui peut le dénoncer ce sont les anarcho-droitiers. Ça va faire bientôt dix ans qu’on plante des coups de piolets dans le dos de nos camarades mais on le fait sans méchanceté et c’est à but pédagogique rappelons-le. Nous assumons donc nos responsabilités et on va encore faire un article qui dit du mal.

On assiste, venant du camps réactionnaire, à des attaques tous azimuts contre les féministes, les antiracistes, les antifascistes, les écolos, les luttes intersectionnelles, les études décoloniales. Rien de surprenant nous direz-vous. L’originalité de l’époque vient que les cibles de ces attaques sont emballées dans un terme fourre-tout, à savoir l’islamo-gauchisme,et repris par les macronistes, prétendument centristes et progressistes. Cette chasse aux sorcières, orchestrée par un gouvernement en panique, pue du cul. Que cela serve de leçon à ceux qui- comme nous - voulaient faire barrage à l’extrême-droite.

Cependant,

nos ennemis s’empareront toujours de nos « maladresses de communication », comme dirait l’Unef Grenoble, pour nous décrédibiliser. Des prises de positions ou des actions peuvent se retourner contre nous. Des initiatives militantes isolées peuvent jouer en notre défaveur. Nous devons nous surveiller.

De qui parle-t-on ?

On a tous connu ce camarade qui nous faisait rentrer la tête dans les épaules dès il levait la main pour parler en public au nom de notre organisation. Avant même qu’il (ou elle bien sûr) ait commencé à discourir, on regardait ailleurs, on essayait de s’écraser sous la table. Bien sûr que si, vous en avez connu. C’est anecdotique ? La politique politicienne se nourrit d’anecdotes. Qui sont ces boulets plus précisément ? Ce sont différentes catégories de personnes, qui n’ont parfois pas grand choses en commun. En vrac :

- les naïfs confusionnistes, qui pensent qu’on peut parler avec tout le monde et qui finiront par citer des auteurs infréquentables. Ils sont de bonnes volontés mais ils leur manquent encore quelques grilles de lectures.

- des malins qui infiltrent nos orga. Ils ne partagent pas nos idées, ils tentent de légitimer les leurs. A propos, ça fait longtemps qu’on a pas entendu Étienne Chouard ?

- les écorchés vifs. Leur passif militant ou leur histoire personnelle les enferment dans une posture de conflits perpétuels. Il ne peut y avoir de débat apaisés, ces personnes sont incapables de faire société avec qui ne partage pas à 100 % leurs idées. On vous renvoie à l’article de Néon pour creuser le sujet.

- les camarades pratiquant ce que l’on appellera « la connivence par erreur ». Ils sont persuadés que tout le monde comprend leur univers militant et cette erreur sera source de beaucoup d’incompréhension. On y classe ici nos curés rouges, on en a tellement parlé ici...

- il y a bien aussi quelques rigolos pratiquant la provocation gratuite, leur second degrés étant parfois incompris mais c’est pas nous qui pourrons leur jeter la pierre.

- il y a enfin des camarades qui tout simplement pètent un plomb. Fatigués de l’inertie de leurs contemporains ou perdant patience face aux attaques de nos ennemis, ils auront des paroles ou des actes malheureux qui risquent de desservir la cause que l’on défend. Ça peut arriver à tous le monde.

Chaque camps politique scrute les autres à la recherche de la moindre faille permettant de les décrédibiliser. Nous faisons la même chose. Nous traquons les exemples de médiocrité chez les macronistes, les faits de violences ou les propos répréhensibles chez les fafs. Évitons de prêter le flan à des démarches similaires.

Comment faire ?

Ne soyons pas les caricatures inventées par nos ennemis. On le répète, nous devons nous surveiller. Tentons le pas de côté. Essayons de nous mettre à la place de nos interlocuteurs. Essayons d’imaginer comment nous voit quelqu’un de non-politisé, imaginons les biais qu’il peut avoir à notre encontre. En bref essayons d’avoir de l’empathie pour ceux et celles que nous essayons de convaincre.

Faut bien reconnaître qu’on a pas toujours des champions qui militent à nos côtés. Que ce soit par maladresse, inexpérience, malveillance, impatience, on a des camarades, ou nous-mêmes, susceptible de gaffer au détriment de nos combats. Répétons-le une fois encore, surveillons-nous. Le reste du Monde n’est ni un militant révolutionnaire intersectionnel ni un ennemi irréconciliable , il faut savoir s’adresser à lui sans le braquer. Être militant c’est être un communicant.