Pour boucler le cycle sur les fantasmes de luttes armées, autant présenter la réponse à laquelle on
adhère. Celle d'une lutte populaire non-violente.
L'action non-violente est un signe
d'intelligence tactique, il s'agit de refuser d'entrer dans un jeu où
l'adversaire est le plus fort et dont il a lui-même fixé les
règles. Le militant pacifiste aura de plus l'avantage de la faveur
de l'opinion publique.
Il est très énervant pour un
provocateur de voir sa cible refuser de le suivre dans l'escalade de
la violence. Il vaut mieux refuser le plus tôt possible cette
escalade, car on ne sait jamais où celle-ci nous conduira. Ainsi
Noam Chomsky, durant les manifestations contre la guerre au Vietnam,
déconseillait aux étudiants américains de venir même simplement
avec des casques. Sa raison : si les étudiants ont des casques, les
policiers utiliseront des fusils; si les étudiants prennent des
fusils, ils utiliseront des tanks etc…
Pour donner un exemple de la pertinence
et de l'efficacité de l'action non-violente, nous pouvons rappeler
un évènement lors des émeutes en banlieues de 2005. Certains
jeunes cramaient tous les édifices publiques qui passaient à leur
portée : écoles, bibliothèques et piscines municipales... La
police était incapable (ou n'avait pas envie) de les arrêter avant
leur forfait. Or un soir, un journal télévisé a montré – trop
brièvement - des habitants des quartiers, principalement des papys
et des mamies, organiser des veilles devant les bâtiments publiques
: deux grands-mères, deux grands-pères, une table de camping et un
thermos de thé. Dès que des groupes de jeunes s'approchaient, les
anciens les invitaient à boire un verre et à discuter. Résultat :
dans les endroits où cette initiative a été mise en place, il n'y
eut aucune destruction. Là où une compagnie de CRS surarmée ne
parvenait pas à maintenir l'ordre, quatre ou cinq civils et quelques
verres de thé y arrivaient. Conclusion : à genoux et massive
respect dans ta face !
Une lutte non-violente permet
d'utiliser au maximum le potentiel d'une population. Elle offre à
tous les secteurs de la société de s'engager activement dans la
lutte au lieu de l'observer passivement.
C'est un garant démocratique. Il n'y a
pas de coupure ni de lutte de pouvoir entre un appareil militaire et
un appareil politique. Il n'y a pas d'un côté le beau partisan au
torse strié de cicatrices qui risque sa vie pour la Révolution et
de l'autre le civil insignifiant. L'un ne décidera pas pour l'autre.
On en voit qui n'ont pas débranché
leur webcam et qui ricanent en disant « oh les autres eh ! Les
anarcho-droitiers ce sont des gros hippies en fait ». Nous
rejetons naturellement d'un revers de main dédaigneux ces assertions
non fondées. D'abord, sans faire de jugement à l'emporte-pièce,
les hippies ont les cheveux gras, ils ne se rasent pas et portent des
vêtements mal ajustés, ce qui est à l'opposé de notre univers.
Ensuite, le combat non-violent est un
vrai combat, un combat sérieux, ce n'est pas une guerre light
ou discount. L'ennemi est
bien réel et il n'y a aucune assurance que celui-ci sera lui-même
non-violent. Le combat non-violent n'est pas une alternative facile.
Elle exige un entrainement spécial et un degré élevé
d'organisation et de discipline.
L'auteur de cet article a pu mettre en
pratique cette stratégie dans un petit territoire du Moyen-Orient
qui résiste encore et toujours à l'envahisseur impérialiste. Ce
héros au regard si doux a également rencontré d'autres militants
pacifistes occidentaux qui ne comprenaient pas que des manif
''pacifistes'' finissent en affrontements. Certains de ces militants
tentaient parfois de faire la leçon aux habitants du coin. Ils
n'avaient pas compris que des jeter des pierres contre un tank n'est
pas un acte de violence. C'est le symbole que ce tank ne fait plus
peur. Israël a beau avoir une des armées les puissantes de la
planète, avec un matériel militaire dernier cri, des gamins
palestiniens n'hésitent plus à lui balancer des caillasses. C'est
un symbole d'échec pour Israël et un prétexte futile pour réprimer
une population exacerbée.
Ainsi, la stratégie de la non-violence
est de rendre visible la non-violence de l'opprimé et la violence de
l'oppresseur. Gardons néanmoins à l'esprit que ces actions ne sont
pas sans danger. Nous sommes de plus conscient qu'il n'existe aucune
certitude qu'une campagne non-violente aboutisse à une victoire, pas
plus d'ailleurs qu'une lutte armée.
6 commentaires:
Euuuuh vous comparez les tactiques de lutte contre la violence d'État à la manière dont des habitants de quartiers populaires tentent de réagir face à l'expression de colère de la jeunesse contre cette même violence... Y'a pas comme un problème de perspective là ?
Ils sont cons ces égyptiens quand même, pourquoi ne pas avoir proposé à la SCAF un petit verre de thé à la menthe ?...
Non on ne voit pas où est le problème : l'objectif du parallèle était de montrer qu'une action non-violente peut être radicalement plus efficace qu'une répression musclée (pour protéger des édifices publiques en l’occurrence)
Après, pas sûr que si c'étaient les CRS qui étaient venu offrir du thé on eut obtenu le même résultat.
J'ai pas bien compris la référence aux égyptiens. Une lutte non-violente est tout à fait possible là-bas, même avec un adversaire violent (c'est un peu ce que tente d'expliquer l'article)
Je crois que gou traduit la même chose qui me tarabuste d'un coup, peut etre de la mauvaise manière je ne sais, mais:
Quand on est arrivé de fait a un certains niveau de violence, ca me parait un peu totalement dépassé pour le coup la non violence.
Non pas que tactiquement ca ne vaille pas le coup par moment et en parallèle, pour toucher et maintenant le grand nombre du bon coté par exemple et ne pas sur enchérir bien sur.
Mais bon, aller pour faire simple, je vois mal un armée de nazis calmé avec la non violence.
Au fond c'est un peu ca le truc.
Quand on est dans une vraie guerre ouverte bien bourrin ca me semble un peu tendus.
Et encore le summum: va faire de la non violence face a un tomahawk ou une "frappe" lambda quoi...
La ca coince inévitablement, c'est la grande limite de la non violence.
La seule grand non violence efficace possible c'est de faire respecter les résolutions international a mon avis.
Après si on parle de situations plus proche, genre une manif réprimé chez nous, évidemment on a pas le moindre intérêt a jouer au petit jeu du molotov et du black block...
En ca les BAC, Brigade Activiste des Clowns et autre du style sont une vraie frappe ultra précise.
De même un manifestant lambda qui se met a genoux ou qui tend la joue, ce genre de chose, le tout en essayant d'avoir une atmosphère "calme", ya moyen de désarmé beaucoup de chose et de monde comme ca je pense et pourquoi pas établir ou rétablir un dialogue, bien que certaines des choses précédente par exemple parlent et veulent dire bien plus de choses parfois que des mots.
Le débat est ouvert comme qui dirait.
Puisque le point Godwin a été atteint, poursuivons.
Il y a pourtant eu de nombreuses résistances non violentes contre les nazis :
la population du Danemark empêcha la déportations des juifs
l’Église catholique allemande fit reculer l’État nazis sur l'eugénisme de citoyens allemands
Il y eu des grèves dans le nord de la France.
La violence ne se résume pas à s'assoir par terre pour bloquer une route.
Il peut s'agir de désobéissance civile, de boycott, de refus de coopérer, de grèves.
L’État français, pour revenir au point Godwin, aurait pu commencer à résister en ne mettant pas son administration au service de l'occupant.
par exemple.
IL ne s'agit pas de prêcher la non-violence comme unique méthode, mais les ressources sont beaucoup plus nombreuses qu'on l'imagine généralement.
Oui, voila.
je sais que l'article ne date pas d'hier, mais je viens de le découvrir et je trouve le sujet important.
Tout d'abord, je ne suis pas un partisan de la lutte armée, surtout quand cette lutte armée ressemble plus à un groupe de "braqueurs" politisés qui luttent pour sa survie qu'à une armée qui veut détruire le système.
Un guignol bolchévik qui n'avait pourtant pas son flingue dans la poche, avait du dire qqchose du genre: "ami terroriste, ton action serait utile en temps de guerre, mais en temps de paix civile, elle n'a pas vraiment de sens".
Je pense que les choses peuvent changer pacifiquement "s'y on s'y met tous", ou du moins, au delà d'une masse critique. Et qu'en temps de paix civile, il vaut mieux se contenter, ne serait-ce que par humanisme, de la non violence.
Mais je ne suis pas un fanatique du "pacifisme".
Pour le moment, j'ai droit à ma petite fiche au ministère de l'intérieur comme vous tous qui me lisez. Mais je ne sais pas qui sera aux manettes dans le futur et si un jour on venait me chercher pour m'enfermer ou me flinguer parceque je défends, jusque-là pacifiquement, des idées jugées alors dangereuses, je ne me laisserais pas faire juste pour, comme vous le dites "énerver un provocateur violent".
Comme un des commentaires le laisse entendre, d'autres méthodes existent: le principe de l'autodéfense est que la réponse doit être proportionnée. Cela permet d'être non-violent comme vous le défendez, même face à certaines formes de violences.Cela permet aussi de ne pas mourir connement en tendant l'autre joue.
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