A Port-Leucate, au village-vacances
des Carrats, dans un bungalow, 12h du matin.
Nous découvrons une pièce ravagée.
Une poule se promène au milieu de bouteilles vides de bières, Red
Bull et Vodka. Des drapeaux rouges pendent, lacérés. Un buste de
Karl Marx repeint en rose est abandonné dans un fauteuil qui se
consume lentement, victime de mégots mal éteints.
Un homme gît à même le sol. Il
est en train de se réveiller. Tout semble tourner autour de lui. Il
se redresse péniblement, fait quelques pas dans la pièce et
s'écroule dans un lit, l'air hébété.
Une main surgit de derrière une
table, elle s'y agrippe, puis apparaît un autre homme, les cheveux
en bataille. Il tente de se relever trop rapidement, titube et
retombe au milieu de gobelets en plastique et de canettes écrasées.
Le premier homme
: ça va Alain ? Tu veux de l'aide ?
Alain se relève en grimaçant. Il
n'est vêtu que d'un simple T-shirt, à l'effigie de Che Guevarra, et
d'une paire de chaussettes.
Alain :
merci Philippe, ça va aller. Il faut que j'aille aux toilettes tout
de suite ! Il s'y précipite en courant.
Philippe :
Qu'est-ce que j'ai mal au crâne ! Je ne me rappelle plus de rien...
ça me fait penser à une scène de film... mais lequel ?
Soudain on entend un hurlement
venant de la salle de bain. Alain réapparaît en sautant à
cloche-pied. Il bute contre le corps d'un troisième homme
recroquevillé dans un sac de couchage et s'étale à nouveau par
terre.
Philippe :
qu'est-ce qu'il y a ? Me dit pas qu'il y a un tigre dans la salle de
bain ?
Alain hurle de douleur en se tenant
la jambe. Le troisième homme sort de son couchage.
Le troisième
homme : bordel Alain, contrôle toi un peu ! Et puis va mettre un
pantalon !
Philippe :
ah ? T'es là Olivier ? On dirait qu'Alain a vu un tigre, comme
dans...
Alain : en
hurlant Mais lâche nous avec ton tigre ! Puis montrant sa
cheville Regardez ce que j'ai pris en allant simplement pisser.
Une mâchoire en fer enserre la
cheville d'Alain.
Olivier
: oh la vache ! Un
piège à loup ! Il entre à son tour dans la salle de
bain.
Alain :
comment ce truc a pu arriver là ? Si je tenais le stalinien qui a
fait ça...
Philippe :
j'arrive à me rappeler de rien, j'ai la tête comme un mégaphone...
Olivier revient
dans la pièce
Olivier
: ça va, y a pas d'autres pièges. Par contre sur le miroir c'est
écrit ''salut bande de nazes'' au rouge à lèvres et c'est signé
''Myriam''. Ça m'évoque absolument rien, on a dû se prendre une
sacrée muflée hier soir !
Philippe
: hier soir...hier soir ? Aucun souvenir non plus...
Olivier
: j'avoue que moi non plus...pas plus que les jours précédents...
Alain
: sinon pour ma jambe vous attendez quoi ? Qu'on vote une motion ?
Olivier
: on attend que tu mette un pantalon ! Sans déconner Alain, la
camaraderie a ses limites !
Philippe
: t'as un tatouage d'Alain Bashung sur la fesse droite ? Tu ne t'en
rappelle pas non plus j'imagine ?
Alain il
s'enroule la taille d'un drapeau du NPA euh...non...enfin
si, c'est un tatouage de Rosa Luxembourg... un pari à la con à la
Sorbonne en 68...mais c'est pas le sujet !il
s'énerve Auriez-vous
l'amabilité chers camarades de m'aider à enlever ce putain de piège
à la con !
Tout en
s'activant à desserrer les mâchoires du piège à loup à l'aide de
hampes de drapeaux, les trois camarades tentent de reprendre leurs
esprits.
Olivier : bon,
les copains, procédons avec méthode. Quels sont vos derniers
souvenirs ?
Philippe :
euh...voyons voir... février 2009...le congrès de fondation du NPA.
Alain
: moi pareil !
Olivier :
moi aussi, on a dix mille adhérents, Le
Monde fait un sondage
qui nous donne 10 % aux Européennes contre 2 pour le Front de
Gauche, on va tout péter, c'est la gloire !
Philippe :
du coup, à la fin du congrès, on t'as fait une de ces bringues, et
après...
Alain
: … et après le trou noir !
Soudain, venant
d'un placard, on entend une voix au débit rapide :
La
voix : ...il y a encore
des relents de tentations électoralistes social-réformistes au sein
du parti. Nous avons proposé en toute honnêteté révolutionnaire
de modestes amendements à la motion Plonx de la tendance P22 pour le
4ème Congrès. Or si les amendements 478 et 479 n'étaient pas
soumis à mandat impératif car non vertébré à la centralité
prolétarienne...
Les trois
camarades se regardent, inquiets.
Olivier
: pas de panique !
Philippe tu vas voir ce que c'est, pendant ce temps moi je vais faire
un tour sur internet pour nous rafraichir la mémoire.
Philippe :
ok !
L'un et l'autre partent de leur côté
en abandonnant leurs leviers. Bien entendu les mâchoires du piège à
loup se referme sur la jambe d'Alain, qui hurle.
Philippe ouvre le placard d'où
provient le discours ininterrompu . Un
nain portant une chapka soviétique est en train de relire une
motion sur un ordinateur portable. Il s'interrompt et se retourne
vers Philippe.
Le nain : salut
les papas ! Enfin réveillés ?
Philippe
referme la porte, paniqué.
Alain : t'en
fais une tête !
Philippe :
je me demande si on aurait pas des enfants non désirés.
Alain :
ça les enfants c'est des soucis... moi tu vois en ce moment c'est un
piège à loup mon souci, mais je crois que tout le monde s'en branle
!
Les
deux compères se remettent à desserrer les mâchoires. Quelques
instants plus tard Olivier revient dans la pièce, peut-être un peu
pâle.
Alain et
Philippe anxieux :
alors ?
Olivier :
alors je crois qu'on a bien chargé la mule... depuis quatre ans. Je vous résume : les deux tiers des militants se sont barrés;
les européennes, branlée; les régionales, branlée; les
législatives, branlée...
Philippe :
et les présidentielles ? T'as fait combien ?
Olivier :
euh... comment te dire Philippe ? Tiens regarde plutôt cette vidéo,
t'es complétement défoncé dans une émission de Ruquier, je
crois que tu pourras deviner la suite...
Philippe :
et
à part ça ?
Olivier :
sans doute toujours ivres on est allé foutre le bordel à
Henin-Beaumont,
on a aussi ramené une nana voilée et on a dit des horreurs à
Mélenchon et au Front de Gauche...
Philippe :
plus jamais je fais des excès.
Olivier :
c'est ce qu'on dit. N'empêche, on devrait pas s'interroger ? On
continue dans ce délire ou pas ?
La suite ne dépend pas de nous...
6 commentaires:
http://www.dailymotion.com/video/x13qhcq_jean-luc-melenchon-a-bourdin-direct-27-08-13_news
Drôle mais si triste
l'abus d'alcool c'est toujours triste, mais c'est une excuse un peu facile
Ben oui, un peu drôle mais tellement triste !
Ne rigolez pas trop car ce sera bientôt au tour du FDG de se prendre des raclées électorales... La solidarité avec les miséreux, quoi.
Et qu'est ce qui te fais dire ca ma couille?
Enregistrer un commentaire