Plekszy-Gladz
: ça doit vous plaire les Femen à vous les
anarcho-droitiers, non ?
Guillaume : bof... pourquoi ça
nous plairait ?
Plekszy-Gladz
: ben niveau communication politique c'est réussi, non ? En plus on
voit leurs nibards ! Vous êtes pour ?
Guillaume : du calme jeune
padawan ! Que ce soit réussi au niveau communication peut-être, au
niveau politique c'est moins sûr.
Plekszy-Gladz
: m'enfin, sortir des sentiers battus, provoquer le bourgeois,
innover en terme de communication, c'est les expériences que vous
cherchez à référencer. Montrer ses nichons c'est innovant non ?
Guillaume : pas tant que ça.
Des happening à poil c'est pas nouveau.
Plekszy-Gladz
: mais avoue qu'elles sont courageuses, ce sont des amazones du
féminisme. Fallait avoir du cran pour montrer ses nénés devant les
nervis de Civitas.
Guillaume : tu as retenu
qu'elles avaient les poitrines dénudées, ça j'ai bien compris.
Sinon tu peux m'en dire plus sur leur positions politiques ?
Plekszy-Gladz
: ben... c'est des féministes...euh...qui sont contre les
fachos... euh elles revendiquent...elles revendiquent plus de droits
pour les femmes...un truc dans ce genre...les combats habituels des
gonzesses quoi...
Guillaume : il attrape son
auditeur par l'oreille c'est
bien ce que je pensais, tu t'es pas cassé le cul à étudier le
sujet, tu t'es contenté de reluquer, comme beaucoup. Tu vas me
recopier la suite de cet article cent fois.
Plekszy-Gladz :
aïe aïe aïe putain tu fais mal, arrête ! aïe aïe !
Que les militantes
Femen aient su se faire voir, personnes ne le niera, puisqu'on les
voit partout. Qu'elles arrivent à communiquer leurs messages c'est
moins sûr. Notons en effet la profondeur politique de leur nouveau
slogan : ''Françaises déshabillez-vous !'' où l'on sent bien toute
la synthèse d'une fine analyse de la situation des droits des femmes
en France.
Sur la perplexité
que l'on peut ressentir quant au manque de fond des Femen, on ne le
dira pas aussi bien que Mona
Chollet, dans un article du Diplo. Même les
journalistes de Rue89 se demandent où les filles aux colliers à
fleurs veulent en venir : '' en juin 2011 elles ont manifesté en
soutien aux sinistrés japonnais; le 11 avril 2011 elles étaient
présentes pour la Journée internationale de libération des camps
de concentration nazis; le 27 octobre 2011 elles manifestaient pour
demander la fermeture du zoo de Kiev, ce dimanche encore elles
publient sur leur site des photos intitulées « les Femen
contre la neige ».
Le journal du NPA,
TEAN, a fait un billet
critique sur ce mouvement la semaine dernière, ce qui a
déclenché une baston de gauchistes comme on les aime sur sa page
Facebook (et on a reconnu certains profils).
De toute façon un
mouvement qui plait à Caroline Fourest c'est forcément suspect.
Après leur avoir
demandé de se rhabiller, le mensuel Causette a interviewé
huit de ses activistes. Là encore nous sommes surpris par leurs
propos. Certaines de leurs réponses auraient pu se trouver dans la
bouche de militants décervelés de l'UMP : « Inna est notre
leader, c'est assumé. Et puis, on l'aime bien son côté
autoritaire » (cf Inna Chevchenko, importatrice du
mouvement de l'Ukraine à la France)
Plus loin à propos
du manifeste des Femen, une autre militante botte en touche : « ce
qui fédère tout le monde, c'est le mode d'action. Femen, c'est
avant tout un féminisme de rue […] après nos actions les plus
violentes, comme celle de Civitas, on accueille des vagues de
quarante filles ».
Les jeunes
françaises qui souhaitent rejoindre les Femen s'expriment ainsi
d'après Inna Chevchenko : « Les mouvements féministes qui
existent déjà en France, ce ne sont pas des mouvements faits pour
les jeunes femmes, mais pour des femmes intellectuelles... ».
Nous touchons ici
un point important qui va nous permettre de développer un nouveau
concept, pas uniquement propre aux Femen : celui du ''militant qui
cherchent à occuper ses samedis après-midi'' (c'est le nom du
concept).
« Les
réunions ça ne m'intéresse pas,dit-il ou dit-elle, appelez-moi
quand vous ferez une action ». Pour ce type de personne, il
faut que ça bouge, que ça aille vite et que ça fasse du bruit. Ils
ou elles sont d'accord sur les grandes lignes du mouvement mais
discuter autour d'une table, réfléchir, c'est pas pour eux... et
pourquoi pas lire des livres aussi ?
Alors c'est vrai
que dans nos milieux d'archéo-trotystes, on trouve plus souvent qu'à
notre tour des réunions et des débats chiants comme la mort qui
découragent le béotien. Disons qu'il y a un juste milieu à trouver
entre le cours magistral de quatre heures et l'organisation
d'activités purement récréatives.
Se réunir,
débattre, se former est pourtant nécessaire. Ne serait-ce que pour
être sûr que tous partagent vraiment la philosophie de
l'orga et ne pas se retrouver avec des revirements à 180 degrés à
l'apparition d'un nouvel élément politique. Pour prendre un autre
exemple que les Femen, imaginons un collectif faisant une occupation
d'un McDonald. Pour quelles raisons s'engagent les membres du groupe
? Contre la malbouffe ? Contre les atteintes au code du travail ? Ou
contre l'Empire américano-sioniste ? Si le fond politique n'est pas
clair, s'il n'y a pas eu de réunions et de débats, ou si les
organisateurs acceptent des individus qui n'ont pas participé à ces
réunions de fond, il risque d'y avoir des surprises futures qui
discréditeront l'ensemble du travail accompli.
Nous avons
peut-être fait perdre des adhésions au NPA du temps où nous nous y
étions de fiers jeunes leaders charismatiques, mais nous avons
toujours refusé -poliment- que quelqu'un avec qui nous n'avions pas
discuté avant, vienne dans une action publique à nos côtés même
si ''- je vous soutiens à fond, mais j'ai pas le temps pour les
réunions – tu as pas le temps pour les réunions mais pour
les actions tu en trouveras ? Ça évite de devoir expliquer des
déclarations du type '' la société ukrainienne a été
incapable d'éradiquer la mentalité arabe envers les femmes'',
ainsi qu'a pu le dire une fondatrice des Femen, Anna Hustol.
Rappelons un des
rôles fondamentaux d'une organisation politique selon nous : « en
sortir meilleur qu'on y est entré ». On construit son
raisonnement, on échange des informations, on acquière des savoirs,
on ne fait pas que remplir un album souvenir.
Refaire le monde en
vase clos ne fait pas avancer le schmilbilk, tout le monde ou presque
en convient. Mais agir pour agir, faire de l'activisme politique
comme on ferait de la randonnée ou de la poterie, pour occuper ses
week-end ne construira rien de stable.
Espérons que
certaines militantes des Femen aient du recul pour construire une
pensée féministe anticapitaliste (puisque c'est dans leur
manifeste) conséquente, argumentée et solide. Les autres partiront
vers de nouvelles aventures une fois la mode des poitrines nues
passée.
Total Recall plus fort que les Femen |
4 commentaires:
Ya un truc tout con a faire je crois, c'est de replacer le mouvement femen dans son contexte:
La Russie/Ukraine actuel. (d'ailleurs comme d'habitude les médias en général se réveillent bien tard, j'ai vu il y a minimum 3ans de ca Tracks sur Arte qui en parlait, de facon plutot neutre, du soutient, de la critique etc)
Comme pour pas mal de choses, vouloir importer un truc d'un pays aussi différent ou l'importer tel quel en france, mh...
Quand a votre principe de d'abord discuter avec un nouveau avant de participer a tel ou tel truc, c'est bien le minimum et pas que pour éviter de tomber sur un futur boulet mais tout simplement a cause des relations humaines qui veulent qu'on fasse connaissance...
Après, faire de l'activisme léger, quand on peut mais en se démerdant pour avoir en même temps de la discutions (ca franchement c'est pas compliquer...)
On fait notre petit action machin puis on discute sur le chemin, on range le matos si on en a ou on va boire un coup etc
De quoi mêler les deux choses de facon fun chiante et en pouvant faire participer même ceux qui n'ont pas le temps ou veulent pas faire "que ca".
Ps: pour la photo ca sent le silicone!
On ne peut pas les trouver apolitisées mais elles sont assurément plus rock'n'roll que marxistes. Et c'est pas plus mal.
Salut,
Pour abonder dans votre sens, un reportage sur France inter ce 5 avril où une ex-femen explique qu'elle est sortie du mouvement à cause de l'appel à manifester devant la mosquée de Paris en brûlant des drapeaux salafistes. Et ne voyait pas du tout le sens de l'action. La Leadeur (leadeuse???) explique que ce sont des novices qui ne comprennent pas tout. Ah c'est sûr que vu comme ça, c'est plus simple ! Il y a des curés (ées) aux nibards à l'air aussi.
Scott Macbitch
http://www.theatlantic.com/infocus/2013/04/femen-stages-a-topless-jihad/100487/
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