On passe notre temps à cogner sur les
travers du militant gauchiste que l'on ne supporte pas. Toutes ces
tares et conservatismes qui font fuir le nouvel arrivant. A-t-on
besoin de les répéter ? Oui rappelons en quelques unes, la
pédagogie passe par la répétition, encore et encore :
En vrac, ce putain de folklore sans
lequel curé rouge se sent tout nu, drapeau rouge, badges, chants
liturgiques; ces putains de réunions ultra-codifiées, que l'on soit
quatre ou quarante; ce besoin de faire des citations; ce besoin de
faire des trucs chiants pour prouver qu'on est un vrai militant; ces
perpétuels procès en sorcellerie contre tous ceux qui ont dévié
ne serait-ce que d'un pas de la pureté idéologique copyright 1917,
etc, etc...
Mais...
Mais alors pourquoi militons-nous
encore, si de tels phénomènes nous fatiguent ? Parce que nous
croisons aussi des militants extraordinaires. Avant que notre joyeuse
dérision des curés rouges ne se transforme en aigreur, faisons une
pause le temps d'un billet pour déclarer notre admiration pour ces
milliers de héros souvent anonymes. Étant des nazis de la
grammaire, nous évoquerons nos exemples au masculin, mais bien
entendu, à part les ultras de la déconstruction des genres, tout le
monde comprendra que les personnages cités sont aussi bien des
hommes que des femmes.
Commençons par un mal-aimé des
auto-proclamés ''militants révolutionnaires'' : le prof. Le prof
qui n'enseigne pas, mais qui communique sa passion, que ce soit des
maths, des lettres, de la biologie. Ses élèves savent vaguement
qu'il est syndiqué à cause de ses absences lors des journées de
grèves. Mais lui est tellement de gauche qu'il ne prend pas la peine
de faire la moindre allusion à ses opinions politiques. Il sait
qu'un jeune bien instruit, cultivé et critique sera à même de
rejoindre plus tard le bon côté de la barricade. On en a tous
croisé au moins un ou une dans notre scolarité.
Continuons avec le militant associatif.
Soit il est de gauche soit il ignore qu'il est de gauche. Une bande
de jeune qui remontent un comité des fêtes dans un village, c'est
de gauche. Recréer du lien et de la solidarité c'est de gauche,
merde ! Et c'est énormément de boulot. Salut aussi aux associatifs
du planning familial, des comités de soutien aux sans-papiers,
personne ne les a obligés à faire ce qu'ils font. Ils le font parce
qu'ils ont des valeurs. Car avoir des valeurs a encore un sens pour
des milliers de personnes.
Salut aussi au vieux militant ouvrier
autodidacte, le maître Yoda de nombreux jeunes militants. On a
l'impression qu'il a tout connu, il a plein de choses à raconter,
mais il ne radote pas. Il n'a jamais brigué de mandat, et quand il a
été élu quelque part, c'est les copains qui l'ont poussé. On l'a
toujours connu puis on s'est aperçu un jour que cela faisait quelque
temps qu'il s'était mis en retrait, laissant discrètement les
commandes aux militants plus jeunes sans pour autant abandonner qui
que ce soit.
Et enfin, le syndicaliste. LE héros
des temps modernes. Être syndicaliste dans de nombreuses boîtes
aujourd'hui, c'est être un mélange d'abbé Pierre et de James Bond.
Le syndicaliste sacrifie une partie de sa carrière pour défendre
celle des autres. Il doit ruser, éviter les pièges tendus par ses
chefs et ses patrons ou se battre quand le conflit devient
inévitable. Et quand il y a bagarre, c'est vers lui que se
regroupent les collègues de boulot. Gégé Filoche cite un militant
syndical suédois s'exclamant à propos des syndicats français :
« mais comment faites-vous ?Avec 80% de syndiqués nous
n'arrivons jamais à avoir des grèves aussi massives que vous, avec
8% de syndiqués...? »C'est plus du Ken Loach, c'est du
Bravehart.
Merci à eux et
merci à tant d'autres, qui se foutent d'être gauchistes ou
droitiers. Ils nous ont donné l'envie de leur ressembler, ils nous
ont remotivés dans les moments de découragement, en un mot ils nous
ont transmis le feu sacré.
6 commentaires:
Il y a un point commun entre tous vos "militants bien"
Ils montrent l'exemple et agisse par leurs actes plutôt que de vouloir en permanence imposer des comportements aux autres et les juger.
«Une bande de jeune qui remontent un comité des fêtes dans un village, c'est de gauche.»
Sur le principe ya pas photo.
Dans les faits par contre ca peut très vite varié...
Le reste on ne peut etre que globalement d'accord. (on va pas commencer a chipoter tfacon, ca ferait mauvais genre vu le sujet :D)
"Ils montrent l'exemple et agisse par leurs actes plutôt que de vouloir en permanence imposer des comportements aux autres et les juger."
si ceux qui cherchent à imposer des comportement sont les curés rouges auxquels tu penses, on est d'accord, c'est bien ça qui nous séduit dans les portraits que l'on a dressé.
Si c'est à nous que tu penses, pourquoi pas ? le danger nous guette et la tentation de faire les moralistes peut nous grignoter doucement sans qu'on s'en aperçoive.
D'où de prochaines modifications dans ce blog et ce courant.
Patiente jusqu'à la fin de l'été pour en savoir plus.
La création d'une branche armée du Courant anarcho-droitier ? ;)
Plutôt la création d'une compagnie aérienne ...
(ce sera le seul indice)
Salut,
juste une précision afin de dire que ce que vous appelez des militants de "gauche" c'est en fait des militants de classe .La "gauche" ça veut pas dire grand chose et ce n'est en tout cas pas le vrai lien entre toute ces figures de militantisme "social" que vous décrivez .
Après que votre gauche propose de soutenir ce militantisme là plutôt que la philosophie d'ultra gauche ou la course aux places d'élus comme "débouché politique" bidon c'est bien ... mais ça n'en fait pas un militantisme de "gauche"
Je suis pas du tout de votre bord politique (vous me semblez surestimer le militantisme de parti et je vous situe comme partisan de la stratégie social démocrate traditionnelle ... ce qui n'est pas une insulte mais un terme historique couvrant des pratiques anticapitalistes sincéres) mais j'aime vous lire car votre approche des problèmes du militantisme de classe me parle . Par exemple votre article plus haut sur la sociabilité dans les partis, ressemble à ce qui me plait de développer dans le militantisme de classe (surtout syndical en fait, mais aussi de quartier ) car c'est ce qui fait que globalement nos organisations sont maigrelettes, instables, composé de trop de fous furieux asociaux ...
A plus tard peut être ,
Mimo
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