Quelle semaine, chers camarades, quelle
semaine ! L'hystérie militante semble avoir vaincu un nouveau
sommet de l'irrationalité et de la médiocrité dépolitisée,
macronistes et abstentionnistes se faisant la courte-échelle pour y
parvenir ensemble.
De notre côté, on a l'impression
d'avoir été réveillé d'un coup de seau d'eau glacée, suivi d'un
coup de pied dans les roubignoles. On attrape donc le premier objet
contondant à notre portée et on tape sur le premier pignouf qui
passe.
Aussi avant d'en venir à l'actualité,
rappelons en deux mots qui nous sommes et comment nous travaillons.
Militants de gauche, nous pratiquons l'auto-critique des pratiques
militantes de gauche. Nous dénonçons le folklore, les postures, les
positions sectaires qui parasitent une activité militante saine en
lien avec la réalité. Pour ce faire nous utilisons l'humour :
on est drôle quand on est inspiré, narquois le reste du temps.
Nous n'inventons rien de ce que l'on
dénonce. Nous observons la vie militante dans nos villes
respectives, nous suivons des amis-facebook curés rouges ou noirs,
nous parcourons des forums de la gauche radicale. Notre démarche
n'est cependant pas scientifique, nous ne prétendrons pas le
contraire, nous ne quantifions pas le nombre de conneries sectaires
que l'on voit ou entend, nous sommes dans le témoignage.
Ce qui nous agaçait lors de notre
époque au NPA était le snobisme militant, l'excès de théorie, le
marxisme verbeux déconnecté du quotidien. En évoluant vers le
Front de Gauche mais surtout vers la France Insoumise c'est l'inverse
qui nous inquiète : le manque de culture politique, l'absence
de recul historique, le confusionnisme politique, un
anti-PS/anti-Hollande émotionnel complètement dépolitisé … les
partages de publication sur notre page Facebook témoignent de cette
évolution de nos préoccupations.
Ce qui nous amène à ce deuxième tour
whatthefuckesque où les curés rouges et certains militants de la
France Insoumise (que nous appellerons provisoirement les
« puceaux de la FI », en attendant de trouver un terme
plus précis) se retrouvent. Nous prétendons que le choix de ne pas
appeler à voter contre Le Pen n'est pas politique mais une posture.
Soit on ne vote pas en calculant que Le
Pen ne passera pas, ce qui est hypocrite et égoïste. Le militant
pourra ainsi continuer à faire la leçon en étalant sa virginité
électorale: posture.
Soit on ne vote pas en considérant que
l'extrême-droite et l'ultralibéralisme sont équivalent. C'est à
la fois une erreur historique et une faute politique qui contribuent
à banaliser l'extrême-droite. « Nous contre le reste du
monde »: posture.
Soit on a conscience qu'on prend le
risque de faire passer l'extrême-droite. On prend donc le risque de
sacrifier ses organisations qui auront beaucoup de mal à justifier
leur position passive d'entre-deux tours. On prend également le
risque de sacrifier les populations les plus vulnérables à un
pouvoir d'extrême-droite. C'est le sens d'une de nos publications.
Beaucoup de camarades ont gueulé contre celle-ci, se sentant
insultés, mais nous n'avons reçu aucune réponse politique qui
pourrait démentir ce que nous affirmons, aucune ! Preuve que
cette posture est gênante, même pour ceux qui la revendique.
On ne parlera pas ici des débiles
profonds qui espèrent une victoire du FN en pensant que cela
entraînera une révolution sociale, on leur réserve un article rien
que pour eux.
Et nous on fait quoi dimanche ?
Qu'y a-t-il de plus anarcho-droitier que de prendre un banquier pour
taper sur une facho ? A la différence de militants qui semblent
avoir intégré la défaite à chacune de leur démarche, nous
pensons pouvoir avoir un impact sur le résultat (les électeurs de
gauche, hein, pas le courant anarcho-droitier). Nous avons encore
conscience qu'un mot d'ordre politique dépend d'une conjoncture et
est éphémère.
Et puis, entre nous, ce n'est qu'un
vote ! Depuis quand les révolutionnaires, les insoumis, les
rebelles, fétichisent le système électoral bourgeois ? Nous,
on est tellement anars qu'on va voter Macron !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire