Une terrasse de café en
centre-ville. Léandre, petitanarchistecassecouillepourvieux, repose
sa tasse de cappuccino vide et recommence à téter sa cigarette
électronique. Trois ou quatre personnes sont attablées en sa
compagnie. Comme Léandre leur coupe systématiquement la parole, de
guerre lasse, celles-ci le laissent discourir, hochant la tête de
temps à autre, afin de lui laisser croire qu'elles l'écoutent.
Léandre : … Nan c'est
vrai que cette histoire de policier découpé à la tronçonneuse
peut choquer la frange de population dépolitisée et lobotomisée
par TF1 mais n'oublions pas qu'au delà de l'individu se cache une
institution sécuritaire dévouée à réprimer toutes les révoltes
populaires.
La violence est le résultat du chômage et de la disparition des
services publics, donc ce n'est pas en donnant plus de moyens à
la police comme le réclament les policiers grévistes, qui sont de
toute évidence manipulés par l'extrême-droite, que cela résoudra
les problèmes.
Il s'interrompt quelques secondes
pour retweeter un article de Révolution
Permanente sur son smartphone.
Léandre
reprenant : ça m'énerve ces flics qui manifestent
cagoulés et qui sont même pas réprimés alors que nous, la
dernière fois, on s'est pris plein de gaz qui pique les yeux...
Une des
convives, perdant patience s'exclame : Mais tu
proposes quoi toi pour lutter contre l'insécurité ? Aussitôt
elle regrette sa question. Elle cherche à détourner son regard mais
il est déjà trop tard, notre aristocrate de gauche embraye.
Léandre :
Il faut plus de social et moins de pénal ! Il faut faire de la
pé-da-go-gie. Nous avons besoin de plus d'éducateurs,
d'enseignants. « Quand vous ouvrez une école, vous fermez une
prison » disait Victor Hugo ou Lénine, je sais plus... au lieu
de ça, l’État continue sa mutation fasciste avec l'état
d'urgence et ses politiques sécuritaires. La preuve : moi-même
j'ai perdu trois point sur mon permis, tout ça parce que j'avais
dépassé la limite de vitesse de seulement …
Soudain
une camionnette freine brusquement devant la terrasse, deux hommes en
noir en jaillissent, ceinturent Léandre et le jettent à l’intérieur
du véhicule. Ils remontent aussitôt et le camion redémarre en
trombe. Tout s'est passé en quelques secondes. Les amis du
casse-couille marxiste sont tout d'abord estomaqués, puis ils
poussent des soupirs de soulagement, s'allument des cigarettes et
commandent des pressions. Pendant ce temps, dans la camionnette :
Léandre :
Enculés de fascistes,
relâchez-moi tout de suite, je ne parlerai jamais... Oups !
J'ai dit une insulte homophobe, pardon je retire !
Le premier homme
en noir : Pardonnez-nous
cette démarche un peu brusque, je suis l'agent G et voici l'agent R,
''camarade'' Léandre, nous avons besoin de vous !
Léandre :
Qui ça nous ?
L'agent R :
La France, ''camarade'', et la sécurité intérieure !
Léandre :
Vous êtes du gouvernement ? Et qu'est-ce je... quoi où ?
L'agent G :
On est pressés donc on va vous briffer rapidement. En ce moment
même, un groupe de terroristes armés jusqu'aux dents, les
Trépanneurs du Prophète, retiennent en otage cent-trente personnes
à l'autre bout de la ville. Vous devez intervenir !
Léandre :
Vous avez dû me confondre avec quelqu'un d'autre, moi je suis
vacataire en Arts Plastiques au collège des Mimosas...
L'agent R : C'est bien vous
qu'il nous faut. Entre les sous-effectifs dans la police, les arrêts
maladies et les agents grévistes, on a plus personne à mettre sur
l'affaire. Le Président a donc décidé de tester vos méthodes à
vous, l'extrême-gauche, on a lu vos commentaires sur les réseaux
sociaux, vous êtes un spécialiste !
Léandre : QUOI ! Mais
quelles méthodes ? J'ai arrêté le judo en cinquième parce
que je faisait de l'asthme !
L'agent G : La pé-da-go-gie
Léandre ! Puisque le tout sécuritaire ne marche pas, vous
allez nous faire une démonstration de pédagogie. Voici votre
paquetage : on vous a mis des crayons de couleurs, un cahier à
spirales, des bouquins de Françoise Dolto et l'anthologie des poèmes
surréalistes. Tachez de savoir d'où ils viennent, le Président est
prêt à rouvrir un ou deux bureaux de poste dans leurs quartiers.
L'agent R : On est sur
place ! Faut y aller maintenant GO GO GO ! L'agent G
projette Léandre hors du véhicule.
Léandre,
s'avançant les mains en l'air vers un bâtiment barricadé :
Euh camarade djihadiste... sous ton prolétaire il y a un uniforme...
non merde c'est l'inverse... sous ta cagoule il y a un prol... La
suite est masquée par des détonations d'armes automatiques...
…..........................................................
Nous pourrions
êtres découragés devant l'incapacité de notre camp politique à
penser les questions de sécurité au-delà du sempiternel sermon
soixante-huitard « gnagnagna la pédagogie parce que CRS=SS ».
Il ne serait même pas question d'espérer que des militants de
gauche se mettent à la place de fonctionnaires de police, mais ne
serait-ce qu'imaginer la mentalité d'une population réclamant un
peu de sécurité dans ses quartiers, sur ses routes, ceci semble
au-dessus des capacités d'un révolutionnaire... Et puis nous avons
trouvé l'article suivant, c'est intelligent, c'est réfléchi, c'est
une pensée construite autour de ce que pourrait être une sécurité
de gauche, comme quoi il ne faut jamais désespérer :
Acab or not acab ? |
2 commentaires:
Franchement ridicule. Si vous basez vos réflexions politiques sur de telles caricatures, on comprend mieux qu'elles vous mènent dans ce genre de merde.
ntm mdr tu va aller au goulag et puis c'est tout 15:37
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