Cet
article partait avec des intentions sérieuses. Il devait s’intituler
« De l’outrance »
et traiter des excès de langages de Mélenchon et du populisme de
gauche. On avait même lu un article de Roger Martelli en
entier pour préparer
ce texte. Les trois premiers paragraphes ci-dessous allaient dans ce
sens. Et puis, que s’est-il passé ? Nous nous sommes laissés déborder
par notre imagination puérile...
Voyez
comme nous avons pris le temps avant de réagir à l’actualité
mélenchonnienne. Tourner sept fois ses pouces avant de taper sur son
clavier. Si tous les trolls s’astreignaient à cette discipline,
Internet serait un salon cosy peuplé d’érudits courtois.
Les
coups de gueule du chef de la France Insoumise plaisent à certains
et en heurtent d’autres, en gros elles clivent. Et comme à chaque
fois, le fan-club mélenchionnien cherche à l’imiter et l’on
tombe alors dans
la caricature de la caricature.
Notre
conviction est que les gens vont se lasser de ces personnages
gueulards et outranciers, comme ils se sont lassés des technocrates
lénifiants. L’avenir reviendra peut-être, et c’est notre
souhait, aux vieux sages rassurants, du type Jeremy Corbyn ou Bernie
Sanders. Encore qu’en France des vieux sages à la Bernie Sanders
on en voit pas beaucoup depuis la disparition de Daniel Bensaid.
A
moins que celui-ci n’ait développé des pouvoirs psychiques qui
lui permettent de réapparaître en fantôme comme les Jedis dans Star
Wars.
Ou
alors, oh wait …
Ou
alors, afin de contenter tout le monde, il
faudrait que tous nos stéréotypes
d’hommes et femmes politiques de notre bord fassent équipe. On
appellerait ça la AntiK-Team, l’équipe Anticapitaliste. Il y
aurait :
Le
vieux sergent bourru : toujours de mauvaise humeur, il ne
sait communiquer qu’en râlant. Il tient même des propos parfois
limite sur les élites ou les immigrés mais on l’aime bien quand
même. C’est notre Sergent Hartman ou Tom Highway à nous.
Le
badass : il décapsule avec les dents une bouteille de Kwak,
qu’il engloutit cul-sec avant d’aller retourner tout seul une
sous-préfecture. Il n’a peur de rien, il vaut mieux l’avoir avec
soi que contre soi.
Le
beau gosse : personne d’autre que lui ne sait porter une
casquette de postier avec autant de swag. Il ne veut s’unir avec
personne mais c’est parce qu’il cache une terrible blessure
sentimentale secrète. Ça le rend encore plus craquant. Les filles
sont sous le charme, leurs mères aussi.
Le
side-kick rigolo : il ne peut pas être le héros à lui
tout seul mais il sait se rendre indispensable. C’est le meilleur
copain du Beau Gosse, c’est aussi son faire-valoir. Toujours la
blagounette au coin de la bouche pour détendre une atmosphère, on
se souvient de son « il n’y a pas d’immunité ouvrière!»
.
Le
geek cool : comme un geek, il a son look propre à lui, des
t-shirts militants ou des maillots de foot. A côté de ça, il bosse
ses dossiers à fond. Il écrit et publie son propre journal, il
investit les réseaux sociaux. C’est un bourreau de travail mais
qui a su rester sympa.
La
psycho-rigide : elle est spécialiste en combats rapprochés
rhétoriques. Elle dédit toute sa vie à la lutte. On ne lui connaît
aucune faille ni aucune passion. Le side-kick rigolo est amoureux
d’elle mais se prend régulièrement des gros râteaux, ça en
devient un runing gag.
La
dernière survivante : elle a survécu à tous
ses amis qui ont été éliminés par les curés rouges slashers.
Elle n’a plus peur de rien et saura conseiller son équipe pour
éviter les pièges de la division et du sectarisme. Vous voyez le
lieutenant Ripley ? Eh ben pareil mais en mieux...
Mamie
Gâteau : c’est la pause tendresse qui permet à la
AntiK-Team de souffler un peu entre deux aventures. Elle est pleine
de bon sens et trouve que « le monde ne tourne plus rond ».
Elle dit aussi d’un ton très doux : « quand on voit les
excès du CAC 40 on se dit que les gens sont devenus fous ».
C’est Suzanne Flon dans Les enfants du Marais, on l’aime
bien.
L’apprenti-champion :
il est encore jeune et timide. Il n'ose pas encore gueuler très
fort pendant les perquisitions au siège de son mouvement mais il a
de la passion et beaucoup de potentiel. Il commencera par oublier de
se raser, puis sa chemise sera froissée, bientôt il se mettra à
fumer nerveusement des Gauloises sans filtre. Enfin, il tiendra tête
au Sergent Bourru. Bref il va s’aguerrir au fil des aventures.
La
guerrière amazone : elle balance des coups de boule
polémiques ou des coups de sabre politiques. C’est le pendant
féminin du Badass. La légende raconte qu’elle a des couilles…
plusieurs paires arrachées à ses ennemis qu’elle porterait en
pendentif sous son chemisier. Le personnage de Michonne dans Walking
Dead est directement inspiré d’elle.
L’intello
sexy : « la plume est plus forte que l’épée »,
telle pourrait être sa maxime. Ses combats, elle les mène dans les
colonnes de Regards ou Politis.
Souvent rabrouée par le
Sergent Bourru, il lui en faut cependant
plus pour être
impressionnée.
Le
clown triste : toujours pessimiste, il ne cesse de gémir
que « l’équipe n’y arrivera jamais j’vous aurai
prévenu ». Il se plaint aussi que personne ne l’écoute.
C’est lui qui va mourir en premier.
On
peut enfin terminer par les vieux loups de mer : ils
ont une grande connaissance de l’histoire du mouvement ouvrier mais
ils sucrent un peu les fraises. Les deux passent leur temps à
s’engueuler. Tandis que le premier s’emmêle
les pinceaux avec tweeter, le second se croie encore en 1968. Plus
personne ne les écoute. Ce
sont les Statler et Waldorf de
l’Anti-K Team.
Après
plein d’aventures, on verrait la Cinquième République s’écrouler
dans des geysers de flammes. Nos héros marcheraient au ralenti face
camera sur la chanson
de Back in Black
d’AC/DC.
1 commentaire:
Un monument !
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