En 2011, on était affligé par ces
militants qui étouffaient toute initiative par leur catéchisme et
leur folklore révolutionnaire. Aujourd'hui c'est l'inverse qui
pourrait nous atterrer, signe peut-être qu'on vieillit. Désormais
étaler sa dépolitisation est vue comme un signe de vertu, de pureté
politique. Il n'y a plus d'ennemis, c'est trop sectaire, il n'y a que
des adversaires dont on pourrait apprendre des choses. Et ceux qui
penseraient encore en terme de lignes politiques, de camps, voir même
-horreur - en terme d'organisations structurées, sont des vieux
cons. Et les vieux cons en ressentent une douleur à l'entrejambe qui
ne peux pas déjà être la prostate.
La tarte à la crème du
« moi-je-parle-avec-tout-le-monde-parce-que-y-a-de-bonnes-idées-partout »
a trouvé une nouvelle illustration avec cette Radio Insoumise qui
invite cette vielle baudruche d'Asselineau.
Ce genre d'épisodes est une des
raisons du retour du Courant Anarcho-droitier. La suite de ce billet
est une synthèse des discussions entreprises sur différents réseaux
sociaux au sujet de Radio Insoumise.
Traiter les nouveaux de
« dépolitisés » c'est pas très très respectueux.
Quand on parle de dépolitisation on
parle de cette idée reçue qu'il y aurait une égalité entre les
idées et que l'on pourrait alors interagir de la même façon
quelque soit l’interlocuteur qu'on a en face . Dans notre vieux
modèle politique à nous, il y a des familles politiques qui ont une
origine idéologique commune, il y a des camps qui ont les mêmes
objectifs mais avec des stratégies différentes. On discute ensemble
le plus souvent possible, voir on agit ensemble quand c'est possible.
Et puis il y a les ennemis politiques, ils te boufferont si tu ne les
bouffes pas avant. Ce n'est pas être sectaire que de dire cela,
c'est une question de survie politique. Refuser de voir qu'il y a du
conflit en politique c'est ça être dépolitisé.
Mais Asselineau il veut sortir de
l'Europe, ça nous fait une position commune.
Sortir de l'Europe
? Pourquoi faire ? Asselineau veut abolir l'exploitation capitaliste
? Il va accueillir des réfugiers ? combattre les ligues
d'extrêmes-droites ?
Mais on va le débunker. Il fera
moins son malin après.
Honnêtement, un
pépère qui prétend que l'Union Européenne est un projet des nazis
réactivé par la CIA, y a besoin de deux heures pour le débunker ?
Mais si on convainc ses électeurs,
ça fera peut-être la différence aux prochaines élections.
Au moment où il y
a 50% du corps électoral qui s'abstient, on va chercher 0,92%
d'électeurs. Autant commencer à draguer les raéliens.
Si on a plus le droit de discuter
avec tous ceux qui nous ressemblent pas, on avancera jamais.
Tu peux évidement
(et même tu dois quand t'es militant) débattre avec ton pote, ton
cousin raciste, ou un passant lors d'une distribution de tract avec
lesquels, bien sûr, tu vas discuter, écouter ses arguments et
ensuite exposer tes positions politiques de la façon plus
respectueuse possible (en somme tu dragues). C'est tout à fait
différent d'inviter sur ton terrain le représentant d'un courant
d'idées ennemies des tiennes (et "ennemie" n'est pas un
gros mot sectaire, c'est un état de fait concret, voir ci-dessous) pour lui permettre
de développer son raisonnement, voir tenter de trouver des points de
convergence. C'est alors un affaiblissement de tes positions.
Prenons un cas concret.
On a pas fait que des blogs depuis
2012. On a aussi fait de la radio, sur une chaîne locale. On parle
politique en buvant des bières. On invite les syndicalistes, les
militants politiques et associatifs du coin qui viennent nous parler de leur boulot. On raconte des conneries, on passe de la
musique cool. La question s'est posée au sein de l'équipe
d'animateurs : « et si on invitait des militants de droite
ou des fachos pour débattre avec eux à l'antenne ? » Cela
voulait dire d'abord que sur cinquante minutes tous les quinze jours
dont nous disposions nous devions céder une part de ce rare capital
temps à un ennemi politique. Ensuite on courait deux risques. Soit,
avec le ton de l'émission, on pouvait tomber sur un malin qui se la
joue aussi décontracté que nous et on finissait par rigoler
ensemble en se chambrant gentiment en buvant des canons, on
installait alors une connivence qui nous aurait décrédibilisé;
soit on tombait sur un méchant qui connaissait à fond ses dossiers
et qu'on aurait pas su contrecarrer et on passait pour des charlots,
là encore perte de crédibilité. Donc on ne fait pas entrer
d'ennemis politiques sur nos terrains.
Parler d'ennemis c'est vraiment
agressif, moi j'ai que des adversaires (à part le FN)
Un adversaire c'est quelqu'un avec qui
on fait la course, l'un des deux gagne et on se serre la main après.
Un ennemi c'est quelqu'un dont le projet (politique) vise à
détruire nos vies. On pas mal d'ennemis politiques.
Et puis eux, c'est pas la radio de
la FI, c'est la radio "libre et indépendante" née du
discord insoumis.
C'est vrai. La
radio officielle s'appelle Les jours heureux. On
attend donc leur avis, eux et les instances de la France Insoumise,
avec gourmandise.
coïncidence? certainement pas... |
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