par Guillaume
La vague de dénonciation
des violences sexistes continue son chemin et c'est tant mieux.
Certains hommes ont désormais des coulées de sueurs froides entre
les omoplates. Jadis persuadés qu'ils étaient séduisant, très
drôle ou légitime, ils se demandent maintenant si on va toujours
croire que leurs blagues salaces réitérées « étaient de
l'humour » ou leur mains aux fesses étaient de « la
séduction. »
Ces violences et le
sentiment d'impunité qui les accompagnaient jusqu'à présent,
touchent tous les secteurs de la société, tous les milieux
socio-culturels et tous les bords politiques. Oui, tous les bords
politiques y compris la gauche radicale, y compris nos groupes
militants. Faites un tour sur le trumblr « Salut
camarade sexiste », dont nous empruntons le titre pour ce
billet, pour juger du boulot qui reste à faire (même si je trouve
certains exemples assez capilo-tractés, mais qui suis-je, moi, homme
blanc hétérosexuel, pour juger ?)
Cette lumière portée sur
ce fléau sexiste, les différentes affaires qui éclatent au sein
des MJS et de l'Unef, à des époques où moi et mes potes gauchistes
les attaquions sur tous les fronts mais pas celui-là, tout ceci nous
pousse à faire notre examen de conscience, nous, hommes blancs
hétérosexuels, en tant qu'individus et aussi en tant que militants.
Ai-je été lourd ? Ai-je eu un jour un comportement déplacé ?
Ai-je fais des abus de pouvoir dans le cadre de mes responsabilités
politiques ou syndicales ?
Je vous avoue que je
cherche et que je ne trouve pas d'éléments correspondant aux
dénonciations que j'entends dans les médias et lit dans les réseaux
sociaux. Rien de croustillant à vous servir. Pas de confession
honteuse. Peut-être ai-je un filtre hétéro-normé qui m'empêche
de déceler des attitudes critiquables ?
Il me revient cependant
une anecdote vécue au début de mon engagement dans le syndicalisme
étudiant. A mes yeux, elle est plus synonyme de désinvoltures et
d'idioties immatures que de violence sexiste, jugez-vous même,
faites un effort bande de branleurs et branleuses (vous voyez que
l'écriture inclusive n'est pas indispensable, fin de la parenthèse).
Le groupe
d'ultra-gauchistes auquel j'adhérais alors était composé de deux
tiers d'éléments masculins. On nous présente un jour une étudiante
qui souhaite rejoindre notre section syndicale. Elle commence à se
politiser et voudrait agir. Elle viendra le lendemain en réunion
pour se faire une opinion. Pour préserver son anonymat, nous
l’appellerons ici... « Bomba Latina ». Les camarades
présents louchent, déglutissent puis bégaient quelques
salutations. Durant la journée suivante, le mot circule entre
militants qu'une beauté interdite par les conventions de Genève
sera présente à la réunion du soir.
Alors qu'une réunion
syndicale classique réunissait six ou sept pimpins, c'est une
quinzaine de crevards qui viennent ce soir-là mettre à jour leurs
cotisations.
La réunion fut un
désastre.
Tous les mecs tentèrent
d'attirer l'attention de Bomba Latina. Qui en vantant son engagement,
qui en surenchérissant son radicalisme, comme si c'était une preuve
de virilité, qui en blaguant, tous en se coupant la parole, se
chambrant, en dévalorisant joyeusement les autres prétendants. Le
secrétaire, incapable de faire avancer la réunion, s'arrachait les
cheveux. Les autres filles présentes, dans l'impossibilité de
placer un mot, faisaient des moues consternées. Ce fut une querelle
de coqs dopés aux hormones. Nous fûmes ridicules.
Bomba Latina ne revint
jamais à d'autres réunions. Nous étions tous conscients de notre
responsabilité mais même notre auto-critique ne fût pas à la
hauteur. Quand on se remémorait cette réunion, on se tapait du
coude en ricanant : « Rhôoo ! Qu'est-ce qu'on
était cons » [rires gras]
Bien des années plus tard
seulement, cette pathétique réunion nous avait inspiré le
point 11 des 10 anti-commandements.
Je me demande si Bomba
Latina a fini par s'engager quelque part, si elle a trouvé un groupe
où elle se sent à l'aise pour militer.
Faudrait que je la
recherche sur Facebook...
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