mercredi 31 décembre 2014

Les vidéos militantes 2

Un billet avait déjà était consacré à ce moyen de communication il y a de cela un an. Sachez d'ores et déjà qu'il y en aura deux autres, écrits et postés dans un futur indéterminé.

On ne parlera pas ici des conférences et autres débats filmés, ça on en a plein : du Lordon, du Franck Lepage, du Friot, des rédacteurs du Monde Diplo, du Chouard (non pas Chouard je déconne) etc... Les conférences on sait faire. Ce qui manque, c'est ce chainon entre le vide sédatif de Norman fait des vidéos et le plein universitaire des auteurs cités plus haut. Ce qu'il nous faut à nous gauchistes, c'est ce format de vidéo scénarisée, que l'on présentait dans le billet précédent, d'une à vingt minutes, qu'on ouvre d'un clic de souris parce qu'on a pas envie d'entreprendre quelque chose de plus exigeant intellectuellement mais qui nous donnera envie d'aller plus loin dans la critique sociale.

Il s'agit de répertorier ce qui existe comme éléments à gauche, disponible sur les réseaux sociaux. Face aux hordes de vidéos d'extrême-droites mais surtout aux raz de marée des vidéos dépolitisées et abêtissantes qui n'en sont pas moins néfastes, y a-t-il une réponse intelligente et attrayante à gauche ?

Mooouuais serait une réponse orale adaptée à cette interrogation. De courageux et intrépides youtubeurs résistent encore et toujours au matraquage infra-politique. Faut juste réussir à les trouver. On peut se dire que c'est comme les coins à champignons, on sait que ça existe mais quand on est pas initié on trouvera jamais. Sauf que contrairement aux champignons, partager ses connaissances sur les vidéos militantes de gauche ne nous dépossède pas. Fin de la métaphore mycologique.

En clair, si l'info n'est pas virale, peu de chance de tomber sur une série politique, sympa et engagée à gauche. Il s'agirait pour ceux et celles motivés à se lancer dans cette aventure, de s'interroger sur le référencement, il y a un gros boulot à faire là-dessus.

Toujours est-il que voici une brève liste de ce que l'on m'a conseillé et que je conseille à mon tour :

Commençons par Monsieur LaVeritay. Un canapé, un plan fixe et une durée suffisamment courte pour que ce format ne deviennent pas lassant. Putain c'est pas compliqué, pourquoi n'y a t-il pas deux mille Monsieur LaVeritay ? LaVeritay présente un point d'actu politique ou sociale entre trois et cinq minutes, c'est l'outil idéal à utiliser dans le fil d'une discussion sur Facebook. Simple et efficace.



Nous avons ensuite le Stagirite. Là où LaVeritay réagit opportunément, le Stagirite commence à creuser un peu. Il a travaillé son personnage, son texte et son décor.



Citons les copains de Désinvox, une bande de potes du centre de la France qui se sont sortis les doigts du fondement pour produire des vidéos spécialisées dans le démontage du discours du Front National. L'architecture de l'émission s'affine à chaque épisode, c'est encourageant, grâce leur soit rendue.



Il est un peu tôt pour dire que la web-série suivante est ma préférée car il n'y a qu'un épisode mais c'est celle qui promet le plus. Je veux parler de la Tronche en Biais. Vled et Acermendax nous y parle d'esprit critique, de scepticisme et de zététique. C'est intelligent, c'est agréable à suivre et c'est pas du boulot bâclé, bien au contraire. La Tronche en Biais s'est doté d'un putain de générique et dispose d'un très bon caméraman (d'après un pote caméraman à moi). Moins de deux milles vues au moment de la rédaction de ce billet, c'est complément injuste, faites de la pub pour cette vidéo !



Enfin un vieux de la vieille et on rejoint du travail professionnel. Usul a délaissé les chroniques de jeux vidéos qui étaient pourtant déjà d'une grande qualité et d'une grande érudition. Il dresse des portraits de Mes Chers Contemporains. Besancenot, BHL, Chouard et Lordon sont présentés et finement critiqués par un ancien compagnon de route de la LCR. C'est pointu, c'est critique et il y énormément d'info à la minute.



Les vidéos que l'on vient de mentionner sont des initiatives individuelles. Imaginez le potentiel si une organisation politique investissait sérieusement dans ce média, en faisant confiance à ses militants motivés, en y mettant quelques moyens financiers (en rognant un peu sur le budget tracts/affiches/journaux pas lus) et en faisant fonctionner ses réseaux. Si vous n'arrivez pas à le concevoir, regardez ce qui se fait de l'autre côté des Pyrénées. Podemos a investi dans la communication télévisuelle et ça marche. L'émission la Tuerka est une satire des journaux télé, présentée par un duo comique efficace: le sérieux à cravate et le petit gros rigolo. Après 150 programmes, elle dépasse ses rivales d'extrême-droite. Outre un ton ironique, jeune et impertinent, l'émission doit son succès à une coordination efficace entre différents réseaux : la Turka est hébergée sur le site d'un quotidien de gauche, les comptes Facebook (800 000 visiteurs) et Twiter (400 000 followers) de Podemos se chargent de la diffusion virale.


La qualité est là, il ne manque plus que la quantité. Si on regarde le nombre d'émissions produites, on s'aperçoit que ce sont toutes des initiatives récentes. On peut donc espérer pour 2015 un effet d'émulation. Je sais d'ailleurs de sources sûres que d'autres équipes se préparent. Restons ainsi sur cette note positive pour cette fin d'année.

Ça va chier !