mardi 29 novembre 2011

Devenez ami avec Jacob Vardy


Jacob Vardy est un profil Facebook. Son auteur se présente comme militant anarchiste et vit à Sydney. Peu importe ce qu'il peut être d'autre, Jacob Vardy est un moine copiste du web. Il a décidé de recueillir toute la propagande visuelle de gauche à travers le monde. Ses publications sont donc principalement soit des affiches, soit des photos, soit des montages porteurs d'un message militant de chez nous les gauchos.

Car vous l'avez sans doute remarqué, petits malins, nous misons pas mal sur la communication visuelle. Un petit dessin réussi vaut souvent mieux qu'un long discours, surtout si c'est un trotskiste universitaire qui le lit. Une image doit être porteuse d'un message unique, bref et clair, accompagnée d'une illustration, un point c'est tout. Pas de développement, pas de longues explications. Le message doit non seulement être compris en deux ou trois secondes maximum mais aussi recevoir l'adhésion du lecteur dans ce même délai. On utilisera donc les émotions pour y parvenir : la compassion, la révolte ou l'humour.

Certaines illustrations ne délivrent pas directement une revendication politique. Elles délivrent une tonalité. Cette tonalité a la même fonction que les autres, recueillir l'adhésion du lecteur, avec les mêmes outils émotionnels. Cette tonalité a pour but de signaler la connivence entre l'émetteur et le récepteur du message : ils sont du même camp car ils ressentent la même émotion, ils réagissent de la même façon.

L'extrême-gauche a du boulot en retard dans ce domaine. Souvent les messages sont soit codifiés avec des canons qui sont obsolètes et nous sommes alors dans le folklore, soit les messages sont noyés dans un torrent de démonstrations ''pédagogiques'' qui en découragent beaucoup. Que l'encyclopédie du message visuel politique que construit Jacob Vardy puisse donner des idées à certains.

Chacun y trouvera quelque chose à son goût car tous les styles sont représentés : de l'iconographie soviétique qui ravira nos amis curés rouges jusqu'aux illustrations gothiques qui raviront... ceux que ça ravira. Nous-mêmes y avons trouvé notre bonheur, et les jours où nous manqueront d'inspiration, il ne serait pas impossible qu'on lui pique quelques images, mais toujours en citant notre source parce qu'on n'est pas des bâtards non plus.

Jacob Vardy n'a encore que deux mille six cent amis, il vous accueillera avec plaisir.





dimanche 27 novembre 2011

« Jeeeuuuh ne suis paaaaaaaaas zun héros !


par Dominique Marc

La réédition des œuvres complètes d'Isaac Babel, romancier révolutionnaire russe du début du siècle est l'occasion de rééduquer les camarades prêtres rouges à grands coups de sabre.

Si la révolution n'est pas un dîner de gala, ce n'est pas non plus une sacrée tranche de rigolade. Isaac Babel a suivi les cosaques du front de Pologne en 1920. Il en a tiré une fresque fauve de la guerre civile. Dans La Cavalerie Rouge, les héros de la révolution aiment bien piller, rigoler, violer et tuer gratuitement. Une fois le premier village de la campagne pris, la colonne s'apprête à brûler les juifs locaux. Mais l'ordre de Trotski tombe : on juge les juifs avant de les brûler. Trotski il peut pas être juif : il est chef. Et le chef, on l'écoute. La compagnie a pour toute connaissance du matérialisme historique un discours de Lénine repris par la Pravda.
Comme Trotski ou Victor Serge, Babel a moyennement été toléré par Staline : banni par le régime il ne reviendra en grâce qu'après la mort du gros moustachu (pas Francis Cabrel, l'autre). Manque de chance, il a été exécuté entre temps.
L'écrivain est un vrai héros du prolétariat : un mec normal qui a une vie chelou. Après des études de commerce il s'intéresse à la littérature, travaille pour la tcheka puis devient journaliste. A peine diplômé, Gorki lui conseille de courir le monde : à 22 ans, c'est plus rigolo que de lire des livres. Il s'engage rapidement dans l'Armée rouge où il côtoie des bourrins qui l'aiment pas trop parce qu'il lit des livres.
Si l'auteur des Récits d'Odessa est un modèle c'est par son parcours accidenté et impatient, son écriture ironique, implacable et lucide. Celui d'un homme pas trop con qui, pris dans la crasse de l'histoire, témoigne de sa bassesse et de sa trivialité. Babel est un héros parce qu'il ne renie rien : loin de l'abstraction révolutionnaire il garde une foi désabusée en les hommes, un amour de ceux qui, bouffés par la banale cruauté de la guerre civile ont arraché la mort du vieux monde.
Son œuvre mérite d'être lue à l'heure où notre organisation cherche à recruter des « profils révolutionnaires ». Avec Babel on apprend que la lutte des classes n'a rien de la pureté théorique qu'on lui prête.

jeudi 24 novembre 2011

Lexique II


Dans le souci de rendre le Fight Club accessible au plus grand nombre, et notamment à tous ceux qui ne sont pas issus des milieux militants traditionnels, nous publions un nouveau lexique pour expliquer quelques termes revenant souvent dans nos articles ou dans les commentaires, et qui peuvent sembler obscures à beaucoup. S'il y a d'autres mots que vous ne comprenez pas, les enfants, n'ayez pas peur de demander, nous sommes là pour ça.

Majo : troncature pour designer la majorité des militants du NPA ( 60%) qui a voté fin juin pour la candidature de Philippe Poutou à l'élection présidentielle et pour stopper les discussions avec les autres organisations à gauche du PS. Un certain nombre d’entre ses membres est issu de groupuscules gauchistes ayant intégré le NPA au moment de sa fondation, mais pas que.
Syn : Ta gueule, on a raison

Mino : troncature pour designer la minorité des militants du NPA (environ 40 %) qui a refusé de voter pour la candidature Poutou et qui souhaitait poursuivre les discussions avec les autres partis de gauche. La mino s'est transformée récemment en tendance publique sous le nom de Gauche Anticapitaliste. On verra ce que ça donnera et on ne s'interdira pas de les pourrir si besoin est, parce qu’on est comme ça, nous.
Syn : militant avec une vie sociale ; fan club des anarcho-droitiers...

Philippe Poutou : personne humainement très sympathique, nous l'avons croisé. Candidat aux élections présidentielles pour le NPA sous réserve d'avoir les cinq cents signatures requises. D'abord crédité de 0,5%, les instituts de sondages le place désormais à 0%. Ceci dit, les camarades creusent encore patiemment. Serons-nous la première organisation à avoir un score négatif ?
Syn : non, je veux pas aller sur le plateau télé, y sont méchants ; laissez-moi partir

P4 : acronyme de “position numéro 4” lors du congrès du NPA de janvier 2011. Ont des positions politiques disons... très tranchées. En gros Marx, Lénine et puis c'est tout. Le mot “compromis” n'existe pas dans leur vocabulaire. Le concept de communication leur est également inconnu. Les P4 sont à la Majo ce que les végétaliens sont aux végétariens : même famille mais en encore plus tristes et encore plus chiants. Enfin le terme de P4 peut furieusement faire penser à la terminologie utilisée jadis pour désigner les réformés du service militaire pour raison psychiatrique. S'il ne faut pas confondre, faut avouer que cela leur va quand même très bien.
Syn : Plus bolchévik que moi tu meurs ; je te ferais quand même remarquer qu’on ne trouve pas une fois le nom de Mélenchon dans toute l’œuvre de Trotsky.


mercredi 23 novembre 2011

" Golgota Picnic"

Article parfaitement pertinent, lisez-le jusqu'à la fin :


http://www.article11.info/?Golgota-Picnic-Civitas#pagination_page


merci pour cette analyse que l'on ne peut que partager.

jeudi 17 novembre 2011

Comment reconnaître des Anders Breivik d'extrême-gauche ?



Et comment les noyer ?

Rappelons pour les lecteurs qui ont passé l'été sur Mars ou sur les routes de France cherchant des signatures de maires pour leurs candidates et candidats présidentiels préférés, qu'Anders Behring Breivik est ce Norvégien à la figure de gendre idéal qui a tué soixante-dix-sept personnes dans un meeting de jeunes sociaux-démocrates. Il vient de reconnaître son appartenance à l'extrême-droite lors d'auditions au tribunal d'Oslo.

Jouons, pour une fois, non pas aux droitiers, mais à l'apolitique moyen qui cherche à dire quelque chose de politique : ''Vous savez ma'me Michu, les extrêmes, droite ou gauche, ça se rejoint…''. Ça y est : on l'a dit, on est content de notre connerie. Une fois nos gloussements d'ado attardés passés, réfléchissons cinq minutes et interrogeons-nous. Des débiles, on a aussi chez nous à l'extrême-gauche, le problème n’est pas là (enfin si). Mais nos débiles à nous sont-ils aussi perturbés que leurs débiles à eux, et sont-ils capables de passer à l'acte ?

On peut citer l’affaire Maupin-Rey, fin 1994, où un jeune couple tua deux policiers et un chauffeur de taxi. D'après la propagande retrouvée chez eux, ils ont été classés comme proches de la mouvance autonome (que nous appellerons les ''totos'' dans de prochains articles). Il est d'ailleurs assez surprenant que les médias et les commentaires des forums n'aient pas plus repris ce parallèle au moment du massacre d’Utøya, comme quoi, une actualité en chasse une autre et les éditorialistes ont la mémoire courte…

Il est incontestable que des pétés du casque, notre camp politique en regorge aussi. Comment donc reconnaître les premiers signes qui feraient de ces joyeux fêlés de potentiels Anders Breivik de gauche ?

D'abord, il y a ceux qui n'ont que des ennemis dans la vie. C'est pas bien compliqué: du FN au PS, c'est des fachos, entre le PS et eux, c'est des sociaux-traîtres, et à leur propre gauche, c'est des sectaires. Le schéma social-traîtres/sectaires peut se reproduire jusque dans la vision qu'ils ont de leur propre parti, voire de leur propre tendance. Quand il commence à atteindre leur propre personnalité, c'est qu'on a un schizophrène.

Il y a ensuite ceux qui vivent dans leur petit monde personnel, peuplé de réalités alternatives du genre "Nous sommes dans une situation pré-révolutionnaire en Europe, très similaire à celle de 1917"; ou alors "Nous vivons en France sous un régime totalitaire"; ou, enfin, "Sarkozy, c'est comme Hitler".

Il y a, enfin, la fascination pour la figure du héros-guerrier. Le merchandising d'extrême-gauche est riche en posters, t-shirts, badges et autres tapis de souris figurant des guérilleros sud-américains, des partisans bolchéviques avec fusil à baïonnette, des Black Panthers avec de gros fusils à pompe, des Palestiniens en keffieh et kalachnikov, des FTP à mitraillette Stern, des soldats Viet-Minh, etc. Certains militants ou sympathisants sont encore plus fascinés que les autres par le culte de la lutte armée: dans leur course effrénée à la radicalité et leur peur panique de pouvoir être vus comme quelqu'un qui fait des compromis avec le "système", ils n'adulent que ceux qui ont "tout donné", y compris leurs vies, pour "la cause". Les trois quarts du temps, ils se contentent de séances masturbatoires intellectuelles à disserter sur la nécessité impérieuse de se préparer à la confrontation armée, mais certains des plus touchés peuvent très bien décider de "préparer" la guerre civile tous seuls dans leur cave. De là à péter un plomb et à aller dézinguer le premier "ennemi de classe" venu, il peut n'y avoir qu'un pas.

Nous avons bel et bien de potentiels petits Anders Breivik à l'extrême-gauche. Mais d'après les éléments dont nous disposons après une enquête minutieuse (et conduite au péril de nos vies), il semblerait bien qu'ils soient sensiblement moins dangereux tout de même. Ayant souvent déjà du mal à organiser convenablement un apéro, ils auraient sans doute quelque mal à planifier minutieusement une opération aussi diablement efficace que celle du taré norvégien. Si on ajoute à ça le fait que leur arsenal s'apparente en général plus à la carabine que Pépé utilisait pour aller chasser la palombe qu'au FAMAS, on est en droit de penser que les organisateurs des Universités d'Été des Jeunes Pop' peuvent encore dormir tranquille. Mais quand même. Ils existent.

dimanche 13 novembre 2011

Les intellectuels de classe


par Dominique Marc

Le problème au NPA c'est qu'on a plein d'intellos : ils sont tout mous et tout trotskistes alors que, comme on dit à la section, les intellos ça pourrait être bien parce qu'ils savent pleins de trucs qu'on sait pas et qu'ils sont forts à la bagarre de la tête.
Afin d'éviter la déchéance orgiaque qui guette les glorieux penseurs critiques du capitalisme post-industriel il était nécessaire d'écrire une brochure accessible à tous dès le bac+5 pour recadrer un peu ces feignasses de hippies qui se prennent pour des oufs parce qu'ils ont le best of des Clash à la maison.

Les intellectuels de classe globalement ils font chier : ils trichent à Risk, ils nous mettent des disquettes parce qu'on est des ouvriers, ils sont moches mais ils sortent avec les jolies filles parce qu'ils ont lu des livres et qu'ils sont marrants, ils voyagent gratos pour faire des conférences et ils arrivent à écouter des morceaux de jazz en entier.

Malheureusement pour eux, globalement ils servent à rien : la preuve, la nouvelle majorité du NPA. On ne comprend pas vraiment ce qu'ils racontent, ils nous embrouillent et « c'est toujours plus compliqué que ça ». Muni de mes amis de la garde prétorienne du prolétariat, nous leurs avons cordialement intimé de rendre leurs conclusions quand aux questions centrales qui occupent la classe ouvrière mobilisée aujourd’hui. Nous vous livrons en exclusivité les fruits d'un siècle et demi de pensées anticapitalistes :

      1. Il y a des gentils.
      2. Il y a des méchants
      3. Il faut être gentil avec les gentils, et méchant avec les méchants
      4. Le socialisme c'est les gentils
      5. Le fascisme c'est les méchants
      6. Dieu on sait pas trop
      7. Les filles c'est bien
      8. Quand on sait pas trop ce que c'est, c'est « une construction sociale. »
      9. Faut pas faire de comité à la Toussaint ou à Pâques ou en été parce que les profs ils sont à l'île d'Oléron ou au Mexique.
      10. Il faut résister aux attaques dans un vaste mouvement interpro qui rassemble tous les exploités qui pose la question de l'autogestion via des comités interpros.
      11. Il faut être unitaire pour faire des parapluies démocratiques.
      12. On a pas le rapport de force




vendredi 11 novembre 2011

Il n'y a pas de querelles de pouvoir au sein du NPA


par Catherine (alias Roger Lapin, car c'était elle) 

Différents articles parus dans la presse ces dernières semaines font état de conflits qui agiteraient notre direction politique, suites à des désaccords tactiques. Nous avons encore une fois la preuve que la presse bourgeoise, dévouée à la cause des possédants et des nantis, cherche à déstabiliser notre camp, consciente du danger que nous représentons pour l'ordre établi.
Car notre parti se porte bien, merci!

Les quelques tensions observées avant les vacances au cours du processus de consultation des militants et des militantes sont aujourd'hui apaisées, chacun ayant repris le cours de ses activités militantes à son propre rythme pour mettre en œuvre sa propre orientation. La grande liberté d'expression qui règne au sein de notre parti, le sens de l'écoute, du partage, de compréhension mutuelle qui prévaut entre camarades, sont venus à bout de ce passage difficile où certains, accusés à tord d'avoir retourné leur veste pour rester dans le cercle du pouvoir, ne faisait que préserver l'unité et la pérennité de ce que nous avons construit pour eux.

De même, ceux qui s'en sont vu écarté peuvent se consacrer pleinement au militantisme de terrain, certains que la nouvelle direction a les rênes bien en main et une vision claire de l'avenir du NPA.
Nous sommes un des seuls partis réellement démocratiques dans ce pays, épargné par les manœuvres politiciennes, la langue de bois, la manipulation des militant-e-s et des masses, la course au pouvoir, la chasse aux postes de permanentats et les dangers d'une caste dirigeante autiste et isolée. Nous devons conserver ces principes qui sont pour nous les garants de la longévité du NPA et de l'attrait sans cesse renouvelé que nous exerçons sur les classes laborieuses.

Notre intégrité politique est aujourd'hui connue et reconnue par la classe ouvrière qui se moque de voter pour un Olivier Besancenot ou un Philippe Poutou. Nous avons échappé à ce phénomène de personnalisation. Ce qui fait la différence c'est notre capacité à propager nos idées en donnant l'exemple de notre propre fonctionnement qui laisse toute sa place à la différence, la diversité, l'initiative locale ou régionale, en toute conscience de la réalité de la société dans laquelle nous évoluons. Nous avons su nous adapter à l'évolution de la classe ouvrière qui reste notre électorat le plus fidèle en dépit des sirènes dangereuses du Front National ou des promesses bucoliques d'Europe-Écologie.

Continuons tous ensemble à creuser notre sillon, les graines de la révolte sont sur le point de germer!


mercredi 9 novembre 2011

Allez voir ailleurs, pour une fois !


Aujourd'hui on laisse la parole à Daniel Schneidermann et à Acrimed, qui sont tous deux revenus sur la prestation de Philippe Poutou chez Ruquier il y a quelques jours.
L'article de Daniel Schneidermann est paru dans Libération. Bref, percutant et tellement aigre par rapport à ce que l'on pourrait attendre de quelqu'un prétendant parler aux noms des exploités.
L'article d'Acrimed est plus universitaire, comme on peut l'attendre de cet observatoire des médias, mais pose les bonnes questions : fallait-il y aller ? Faut-il rentrer dans le jeu médiatique ? Et avec qui ? On ne peut que vous conseiller de consulter de temps à autre ce site. Il y a parfois des accents de curés rouges chez eux, lorsqu'aucun acteur politique ne trouve grâce à leurs yeux à partir du moment où il se compromet dans les médias. C'était la même rengaine dans les pages du Plan B. Mais ce n'est pas parce que l'un ou l'autre ait pu tirer sur le NPA, Besancenot ou Poutou qu'il faut reproduire ce travers à leur encontre. Leurs analyses du système médiatique sont très précieuses pour les militants cherchant à contester le système.



et lisez attentivement, il pourrait bien y avoir interro la prochaine fois.

dimanche 6 novembre 2011

Peut-on faire de l'humour avec la cause palestinienne ?


Par notre envoyé spécial en Palestine.

Oui. Plus un système est absurde plus l'humour est vivace. Plus une répression est forte contre des individus ou une population, plus l'humour devient un système de soupape indispensable pour résister aux pressions quotidiennes. Les palestiniens, comme d'autres peuples opprimés certainement, utilisent la déconnade soit pour atténuer leur souffrances soit pour résister politiquement - et pacifiquement - à l'agresseur israélien. Petit état des lieux :

L'autodérision : il préférable de rire de soi-même avant qu'un autre ne le fasse à votre place. On choisit un archétype qui nous est proche et il prend pour tout le monde. En France nous avons les belges, les palestiniens ont les hébronites (les habitants de la ville d'Hébron à l'accent long et lent). Exemple : un hébronite est allé apprendre à fabriquer des roquettes aux États-Unis avant de revenir dans sa ville natale avec l'envie de frapper Tel Aviv. Quand cet ingénieur en herbe envoie sa roquette, elle s'effondre 300 mètres plus loin dans une gerbe d'explosion. Il s'exclame alors: «Waou, si c'est comme ça ici, qu'est-ce que ce doit être à Tel Aviv!»

Se moquer des élites et de l'actualité : la série télévisée satirique Watan ala-Watar (''un pays sur la corde raide'') a rassemblée pendant deux ans des milliers de téléspectateurs. Parodiant un journal télévisé d'une dizaine de minutes, Imad Farjin, scénariste et acteur principal, et ses deux comparses passaient à la moulinette les acteurs de la vie politique palestinienne, critiquant ouvertement la corruption, le népotisme et traitant de front des sujets comme les divisions entre palestiniens, les relations avec Israël et le port du voile. «Pour moi, le plus important est de tourner la politique en dérision. Nous sommes sous occupation, le Fatah et le Hamas sont divisés alors qu'ils devraient n'être qu'un. Pour régler nos problèmes, il faut commencer par en rire», explique Imad Farajin. Qu'une telle émission passe sur les ondes palestiniennes était un signe de bonne santé démocratique de la société. Hélas, l'émission a été suspendue en août 2011 suite à des plaintes des syndicats de médecins et de policiers (accusés de corruption par l'émission).

Rire par le cinéma : on peut se souvenir d'Intervention Divine du réalisateur et acteur palestinien Elia Suleiman, prix du jury à Cannes en 2002, et souvent comparé à Jacques Tati ou Buster Keaton. Plus récemment est sorti sur les écrans Le Cochon de Gaza. Si le réalisateur est français, de nombreux acteurs et actrices sont palestiniens et israéliens. Dans les deux films, la situation du proche-orient est traité de façon burlesque pour mieux en dénoncer l'aspect kafkaïen. A chaque fois c'est drôle et ça fonctionne.

Lutter par l'humour contre l'occupation : en Palestine aussi on sait désobéir par le rire ( voir notre billet du 25 octobre 2011). Ainsi Mohammed Faqih est un comédien et imitateur. Il s'est rendu compte que son talent d'humoriste permettait souvent de désamorcer des situations tendues. Il intervient auprès des check-point et il n'est pas rare que les soldats israéliens, se tenant les côtes de rire, le laissent passer lui et ses compagnons malgré l'absence de visas... à condition qu'il promette de revenir par le même chemin.
Dans le village de Bil'in, coupé en deux par le mur d'apartheid, des activistes palestiniens se sont déguisés en Na'vis, les extraterrestres bleus du film de James Cameron Avatar pour montrer que c'étaient bien eux les indigènes résistant à l'impérialisme. On a jamais autant parlé de ce village palestinien que lors de cette action en février 2010.

Toujours auprès de Bil'in (6000 habitants) s'étend une colonie israélienne de 48 000 personnes qui squatte des terres agricoles du village. D'autres facétieux activistes se sont introduit dans la colonie, ont construit une mini-maison durant la nuit et ont donc colonisé la colonie. Comme les terres étaient encore légalement aux palestiniens, ce fut tout un bordel juridique pour les expulser.

L'humour de bourrin : je n'ai pas retrouvé les sources de cette histoire, mais on m'a raconté que des archéologues israéliens faisaient des études sur les ruines d'un temple au sud-Liban. Leur objectif était de prouver que ce temple était hébreu donc que les territoires alentours étaient israéliens (l'archéologie israélienne est très politique). Des résistants arabes ont su ces intentions et ont fait sauter à l'explosif les ruines polémiques clôturant ainsi le débat. Est-ce de l'humour ? C'est bourrin mais moi je trouve ça drôle.

Enfin pour terminer, je vous conseille le documentaire de la française Vanessa Rousselot Blague à part, un voyage en Palestine sorti en 2010. Je n'en connais que des extraits mais il a l'air particulièrement intéressant. Celui ou celle qui peut me dire où me le procurer, légalement ou pas, je l'embrasse sur la partie de son corps de son choix.

Ainsi, les palestiniens, malgré un quotidien difficilement supportable et d'un horizon incertain, n'ont pas perdu le sens de l'humour. Il leur sert d'outil catharsis permettant d'évacuer pendant quelques instants savoureux colère, souffrance et frustration. C'est un moyen de résistance non-violente face aux agressions sionistes. C'est enfin un moyen de communiquer avec le reste du monde. C'est un message qui nous est adressé à nous tous : tant que les palestiniens gardent le sourire moqueur c'est qu'ils gardent confiance dans la vie et dans la lutte.




vendredi 4 novembre 2011

Lexique


Le précédent billet emploie nombre de termes issus du vocabulaire spécialisé d'extrême-gauche. Comme nous pensons aux non-initiés qui se seraient perdus sur ce blog, nous joignons un petit lexique des mots qui nous semblent mériter des éclaircissements.

Benssa ou Bensa : diminutif affectif mais non moins marqué de respect pour Daniel Bensaïd. Philosophe, fondateur (entre autre) de la LCR avec Alain Krivine (et d'autres), Benssa nous a quitté en 2010. Si vous n'avez pas encore lu ne serait-ce qu'un article de Benssa, c'est que vous êtes encore bêtes. Un mini culte de la personnalité à son égard pourrait bien être en train de naître parmi certains militants. Ceci demanderait une enquête plus approfondie que nous ferons... quand on aura envie.

JCR : sigle pour jeunesse communiste révolutionnaire. Ancienne organisation de jeunesse de la LCR. La JCR avait réussi l'exploit de cumuler tous les avatars du délégué de classe, du cousin qui fait la gueule dans les repas de famille parce qu'il ne peut pas faire du skate board et du curé rouge.

Lambert : nom commun formé à partir du nom propre Lambert, un lambert, des lamberts. Sert à désigner les partisans du courant trotskiste lambertiste du nom de Pierre Lambert, leur chef. Une référence à ce groupe a déjà été faite sur ce blog ici. Il s'agit du Parti Ouvrier Internationaliste ex Parti des Travailleur ex Autre chose encore. Pour caricaturer en trente seconde, les lamberts sont un peu les francs-maçons du trotskisme. Si vous en rencontrez un et que vous entamez la discussion avec lui, dites vous que vous venez de perdre deux heures de votre journée.

Myriam Martin : porte-parole du NPA. Pressentie un temps pour succéder à Olivier Besancenot à l'élection présidentielle avant que la nouvelle majo ne s'aperçoive qu'elle est une prof fonctionnaire, donc à la limite de la haute bourgeoisie. Notre camarade Dominique Marc étant nouveau dans nos rangs, il ignore que la règle chez les anarcho-droitiers veut que l'on ne dise jamais ''Myriam Martin'' mais toujours ''la ravissante Myriam Martin''. Nous lui pardonnons pour cette fois, mais pour cette fois seulement.


Témoignage de sympathie et service d'ordre


Par Dominique Marc, encore un nouveau venu, merci à toi, prend une chaise et assied-toi par là, il reste un peu de place...


Les anarcho-droitiers ou la joie d'une souffle juvénile et viril sur une organisation décrépie et acide. La suave ironie de votre blog n'a d'égale que la fraîcheur inégalée de vos invectives : c'est en rougissant de plaisir que je me laisse aller, l'écran habilement masqué d'onglets-prétextes, au secret d'un détour numérique, à la lecture honteuse de vos billets, pamphlets et humeurs. Rares sont les jours où je ne songe à rejoindre votre épopée : combien de nuits troublées et nerveuses où mes muscles tendus vous ont réclamées ?

Hélas, je porte ma croix : celle de la garde prétorienne du prolétariat, de la glorieuse colonne de protection de l'organisation. Beau gosse ténébreux au regard franc et lointain, les muscles enduits d'huile d'olive, je suis au SO. Astreint au plus strict silence, corps sans nom et sans visage, enfermé dans le mutisme de la pure obéissance je risque ma vie, celle de mes amis, de ma descendance, de mes étudiants et de mes collègues en vous écrivant.

Pourtant, il faudra bien qu'un un jour quelqu'un ose décrire avec toute la rigueur et l'honnêteté du littérateur formé à l'épreuve du matérialisme historique le quotidien de nos braves défenseurs. Et ce, fusse au péril de mon destin et de celui de l'organisation.

Dans la mesure où je suis journaliste dans le civil, je vous propose une auto-interview, formule la plus à même de rendre compte avec exactitude de notre labeur :

« Mine de rien vous avez participé à bon nombre d'actions dans le monde entier, que faites-vous donc de cette expérience ?
Je m'efforce de changer le monde, de semer un peu de bonheur et d'optimisme, de faire savoir ce que je sais sur les moyens de protéger la planète que nous sommes en train de dévaster à un rythme accéléré et le prolétariat qui est un peu gros et faible en ce moment.

Faîtes-nous part de quelques conseils un peu inédits pour votre première interview ?
Avant tout le SO est une question de style : quelle que soit la situation, le degré de tension ou le rapport de force, dégagez vos épaules, regardez au loin, faites descendre votre voix de deux ou trois octaves et plissez les yeux en usant de la technique bien connue des « petits yeux rieurs ». L'enjeu : se sentir à mi-chemin entre le mec qui traine sa gueule de bois dans un rade dégueulasse de Gare de l'Est et Jason Bourne. Des fois ça marche avec les filles.

Pensez-vous que le SO doit être féminisé et doit rompre avec ses postures virilistes ?
C'est en effet une question centrale : c'est une des problématiques sur lesquelles nous faisons un effort politique volontariste. Nous avons prévu un séminaire transversal avec la commission femmes, la commission de formation, le GTE et la commission médias pour enclencher un processus de déconstruction des normes sociales hétéronormées. 
 
Pensez-vous pouvoir sauver Michel Houellebecq de la dépression ?
C'est une des pistes sur lesquelles nous faisons un effort politique volontariste : nous avons prévu un séminaire transversal avec la commission littérature, la commission de formation, le GTE et la commission médias pour enclencher un processus de déconstruction des normes psychologiques hétéronormées.

De quelles moqueries êtes-vous l'objet à cause de votre domaine d'intervention politique ?
Ah ah ! Excellente question ! Nous sommes un groupe politique qui intervient sur mandat de notre organisation, tout est structuré pour éviter toute dérive militariste ou autoritaire du service. Nous ne sommes pas une instance hors-sol : rien ne prête donc aux moqueries. Nous sommes parfaitement intégrés à l'organisation. En outre, nous faisons un effort politique volontariste et cohérent pour féminiser le SO. D'ailleurs, il n'a jamais été autant féminisé (dans le processus).

Quelles sont les peurs qui vous terrifient ?
La peur est une construction sociale : nous sommes un groupe politique qui intervient sur mandat de notre organisation, tout est structuré pour éviter toute dérive militariste ou autoritaire du service. Nous ne sommes pas une instance hors-sol. En outre, nous faisons un effort politique volontariste et cohérent pour féminiser le SO. D'ailleurs, il n'a jamais été autant féminisé (dans le processus).Nous avons également peur de Michel Houellebecq.

Pour entrer au SO, quelle est la journée-type ?
Il faut rompre avec les clichés : notre réalité est celle de la classe ouvrière. Une heure d'exercice le matin en se levant, un soupçon de matérialisme historique, un repas de fruits, une bonne sieste, un après-midi d'antifascisme, un deuxième repas de crudités davantage variées, quelques grands verres d'eau, quelques sourires, de belles pensées dialectiques, des rencontres secrètes avec deux ou trois personnes de son groupe de service, une douche (éventuellement froide), une nuit à combattre des nazis (ou des lamberts *, ou des JCR *, ou des gens de la nouvelle majo, ou qui ont eu des mots déplacés envers Myriam Martin *). Attention, n'oubliez pas de prendre des détours, de monter dans la dernière rame du métro ou de changer la plaque d'immatriculation de votre véhicule avant de rentrer chez vous.

Définissez en 5 mots commençant par "C" les qualités d'un membre du SO :
Cool, calme, courageux, bogosse, ténébreux et marrant. (Les muscles enduits d'huile.)

La plus belle action que vous ayez mené lors de votre mandat ?
J'ai sorti Michel Houellebecq de la dépression.

L'anecdote la plus saugrenue qui vous est arrivée lors de votre mandat ?
Un soir, après une réunion de comité arrosée, labourée de débats houleux, pris d'un accès de fièvre anticapitaliste, nous avons élu une fille au SO. AH AH ! LOL !

Enfin, quelles sont vos missions principales en tant que membre du service d'ordre ?
Nous sommes un groupe politique qui intervient sur mandat de notre organisation, tout est structuré pour éviter toute dérive militariste ou autoritaire du service. Globalement, nous protégeons l'ancienne majorité (ex-P1 A) de la nouvelle en attendant qu'elle reprenne la majorité. Dans ce cadre, strictement contrôlé politiquement, nous adoptons une attitude défensive, qui nous mène régulièrement à taper les JCR, la P4, ou n'importe qui de la nouvelle majo, sauf Krivine parce qu'il est vieux et qu'il était pote avec Benssa*. ».

mercredi 2 novembre 2011

Nos papy et nos mammy valent plus que notre parti


par Roger Lapin ( La Garenne Colombe ), bienvenue à bord

Si nous sommes tous d'accord pour promouvoir la préservation du vivant, il reste des divergences entre nous sur la prise en compte de la souffrance animale. Ce sujet épineux n'en fini pas de nous diviser, rendant difficile toute prise de décision concernant nos anciens militants, qui, s'ils rendent encore bien des services, n'en ont pas moins droit à un repos mérité. 

Mais nous refusons d'ouvrir les yeux et de prendre en compte les souffrances qu'ils endurent face à l’afflux de militants et militantes inexpérimentés, hétérogènes et incontrôlés que le NPA a connu ces deux dernières années, suite à un appel mal rédigé qui a semé la confusion dans le milieu gauchiste. 

Ces nouveaux militants sont bien souvent ignorants et irrévérencieux, inconscients de l'apport inestimable que constitue l'expérience de leurs aînés. De plus, ils ou elles emploient un vocabulaire inadapté, des formules simplifiées et compréhensibles, des références non référencées dans le guide orange du trotskyste 3ème année (réédition de 1968). Certains s'adonnent même à des pratiques inconnues comme l'écologie ou prennent la parole de façon intempestives.

Face à cette invasion surprenante et non désirée, nos aînés ont du reprendre du service pour rétablir l'ordre et l'harmonie, mais au prix de souffrances abominables puisqu'ils ont du transgresser deux des 10 commandements du militants d'extrême-gauche, à savoir le non renouvellement des mandats et la retraite à 60 ans.

Ils sont fort heureusement aidé dans cette tâche par une part non négligeable de notre secteur jeune, qui anticipe de façon admirable les soubresauts de notre société sans se laisser distraire par des éléments anecdotiques et anachroniques, nous confirmant s'il en était besoin qu'ils sont bien en phase avec l'époque de nos anciens.

La continuité historique de notre mouvement est à ce prix, nous devons collectivement être vigilants et ne pas tomber dans le piège du modernisme, ne pas se jeter dans une orientation qui prendrait prématurément en compte les enjeux du moment, sans même vérifier s'ils sont véritablement de notre temps.

Soyons reconnaissants à nos ainés de nous maintenir dans le droit chemin, mais tentons d'abréger leur souffrance, soit en rentrant dans le sillon profond et rectiligne qu'ils nous ont tracé, soit en les laissant finir tranquillement leur route entre eux, dans la paix et la sérénité retrouvée.