jeudi 4 mai 2017

Communiqué du Courant Anarcho-droitier

Quelle semaine, chers camarades, quelle semaine ! L'hystérie militante semble avoir vaincu un nouveau sommet de l'irrationalité et de la médiocrité dépolitisée, macronistes et abstentionnistes se faisant la courte-échelle pour y parvenir ensemble.

De notre côté, on a l'impression d'avoir été réveillé d'un coup de seau d'eau glacée, suivi d'un coup de pied dans les roubignoles. On attrape donc le premier objet contondant à notre portée et on tape sur le premier pignouf qui passe.

Aussi avant d'en venir à l'actualité, rappelons en deux mots qui nous sommes et comment nous travaillons. Militants de gauche, nous pratiquons l'auto-critique des pratiques militantes de gauche. Nous dénonçons le folklore, les postures, les positions sectaires qui parasitent une activité militante saine en lien avec la réalité. Pour ce faire nous utilisons l'humour : on est drôle quand on est inspiré, narquois le reste du temps.

Nous n'inventons rien de ce que l'on dénonce. Nous observons la vie militante dans nos villes respectives, nous suivons des amis-facebook curés rouges ou noirs, nous parcourons des forums de la gauche radicale. Notre démarche n'est cependant pas scientifique, nous ne prétendrons pas le contraire, nous ne quantifions pas le nombre de conneries sectaires que l'on voit ou entend, nous sommes dans le témoignage.

Ce qui nous agaçait lors de notre époque au NPA était le snobisme militant, l'excès de théorie, le marxisme verbeux déconnecté du quotidien. En évoluant vers le Front de Gauche mais surtout vers la France Insoumise c'est l'inverse qui nous inquiète : le manque de culture politique, l'absence de recul historique, le confusionnisme politique, un anti-PS/anti-Hollande émotionnel complètement dépolitisé … les partages de publication sur notre page Facebook témoignent de cette évolution de nos préoccupations.

Ce qui nous amène à ce deuxième tour whatthefuckesque où les curés rouges et certains militants de la France Insoumise (que nous appellerons provisoirement les  « puceaux de la FI », en attendant de trouver un terme plus précis) se retrouvent. Nous prétendons que le choix de ne pas appeler à voter contre Le Pen n'est pas politique mais une posture.

Soit on ne vote pas en calculant que Le Pen ne passera pas, ce qui est hypocrite et égoïste. Le militant pourra ainsi continuer à faire la leçon en étalant sa virginité électorale: posture.

Soit on ne vote pas en considérant que l'extrême-droite et l'ultralibéralisme sont équivalent. C'est à la fois une erreur historique et une faute politique qui contribuent à banaliser l'extrême-droite. « Nous contre le reste du monde »: posture.

Soit on a conscience qu'on prend le risque de faire passer l'extrême-droite. On prend donc le risque de sacrifier ses organisations qui auront beaucoup de mal à justifier leur position passive d'entre-deux tours. On prend également le risque de sacrifier les populations les plus vulnérables à un pouvoir d'extrême-droite. C'est le sens d'une de nos publications. Beaucoup de camarades ont gueulé contre celle-ci, se sentant insultés, mais nous n'avons reçu aucune réponse politique qui pourrait démentir ce que nous affirmons, aucune ! Preuve que cette posture est gênante, même pour ceux qui la revendique.

On ne parlera pas ici des débiles profonds qui espèrent une victoire du FN en pensant que cela entraînera une révolution sociale, on leur réserve un article rien que pour eux.

Et nous on fait quoi dimanche ? 

Qu'y a-t-il de plus anarcho-droitier que de prendre un banquier pour taper sur une facho ? A la différence de militants qui semblent avoir intégré la défaite à chacune de leur démarche, nous pensons pouvoir avoir un impact sur le résultat (les électeurs de gauche, hein, pas le courant anarcho-droitier). Nous avons encore conscience qu'un mot d'ordre politique dépend d'une conjoncture et est éphémère.

Et puis, entre nous, ce n'est qu'un vote ! Depuis quand les révolutionnaires, les insoumis, les rebelles, fétichisent le système électoral bourgeois ? Nous, on est tellement anars qu'on va voter Macron !