lundi 29 octobre 2012

Êtes-vous prêt pour la lutte armée révolutionnaire ?

Quiz Glauque
 
Certains de nos lecteurs ont semblé n’être pas entièrement convaincus par l’article traitant de la lutte armée et des tristes fantasmes qu’elle provoque chez certains ados attardés. Toujours désireux de contribuer tant à l’édification qu’au divertissement de notre lectorat, nous vous proposons un petit quizz tout mignon. Il vous suffit de vous munir d’un stylo et d’une feuille de papier, de répondre par « oui » ou par « non » à chaque proposition, avant de vous reporter à la fin du texte pour découvrir votre résultat.


Vous êtes prêts ? Allons-y :

  1. Vous avez un moral solide
  2. Vous avez une bonne condition physique, vous êtes endurant.
  3. Vous renoncez au luxe et au superficiel : plus d'alcool, plus de joints, plus de tabac régulièrement
  4. Vous renoncez à votre vie sentimentale et sexuelle, pas le temps.
  5. Vous acceptez de dormir à des endroits différents chaque nuit.
  6. Vous devez résister à la torture.
  7. Dans le viseur de votre fusil à lunette vous reconnaissez le fils d'amis de famille... vous devez tirer.
  8. Dans la pénombre des silhouettes s'avancent sur le pont que vous gardez. On dirait des civils, pourtant les ordres sont formels, personne se passe sans crier le mot de passe. Vous devez ouvrir le feu.
  9. Vous avez capturé un agent ennemi, il connait le plan du champ de mines que votre troupe doit traverser. Il refuse de parler. Vous devez le torturer (commencez par lui arracher les ongles)
  10. Vous avez l'opportunité de prendre une ville mal défendue. Seulement l'ennemi a juré de faire des représailles sur des quartiers de la ville où habitent vos parents. Il faut prendre cette ville.
  11. Contrairement aux ordres, un de vos camarades a quitté le maquis sans autorisation. A son retour, il avoue avoir craqué et être aller voir sa mère. Et si c'était une taupe ? Les consignes sont claires il faut l'éliminer.
  12. Dans les rangs de votre unité on vous signale deux rigolos qui font un blog d'humour qui discrédite votre combat. La révolution n'est pas un concours de bonnes vannes. Une balle perdue pour chacun d'eux lors du prochain accrochage réglerait la question ?
  13. Une partie des hommes de votre unité se livrent à des pillages et des viols. Ils sont trop nombreux pour les démettre et puis ce sont de bons combattants. Vous fermez les yeux.
  14. Vous remarquez de nombreux civils sans activités. Après tout c'est pour leur liberté que vous luttez, vous êtes le bon camp, ils pourraient aider. Vous les enrôlez de force.
  15. Vous avez été capturé par l'ennemi. Ils vont vous torturer. Soudain une enveloppe tombe du soupirail de la cave où vous êtes enfermé. A l'intérieur se trouve une lame de rasoir. Vous devez vous l'enfoncer sur la carotide, c'est le seul moyen que vos camarades ont trouvé pour que vous ne parliez pas.

Résultats :

Si vous avez répondu « oui » à une ou plusieurs proposition à partir du numéro 7, vous êtes un (ou une) malade mental(e), avec des pulsions de violence très malsaines et probablement dangereuses pour votre entourage immédiat. Nous vous conseillons vivement de consulter un professionnel, assez rapidement.
N.B : Si vous avez répondu oui à la question 12, croyant naïvement qu'il s'agissait des anarcho-droitiers, vous avez fait erreur. Quelqu'un vous a manipulé pour des raisons obscures et peu glorieuses, et vous avez assassiné deux innocents. C’est malin.

lundi 22 octobre 2012

Comment dire... ?

Nous avons ricané sur la naïveté de certains militants régionalistes qui cherchent à identifier leur occupation du week-end à des vrais combats d'émancipation nationale. Ce n'est rien à côté de ce que nous venons de trouver :

http://www.fromdusktildawn.org.uk/

Comment expliquer ? Comment réagir le jour où nous rencontrons des personnes qui expriment des... trucs pareils ?




Associer le ''droit'' des animaux aux combats pour la dignité humaine ne sauve pas les zanimaux mais rabaisse les luttes pour les droits de l'homme au rang anecdotique de la cause animale. Ce qui explique l'engagement de groupes faisant peu de cas de la condition humaine comme les sectes ou des groupes d'extrêmes-droites dans ces ''combats''.

Nous signalons donc une excellente série de bande dessinée Amerikkka * qui sous le prétexte narratif d'enquêtes policières, illustre les différentes mouvances d'extrême-droite aux États-Unis. Dans le cinquième volume, Les commandos de Philadelphie, on suit l'enquête de l'Anti Klan Network parmi des commandos de libération animale, où l'on comprend qu'associer de l'élevage en batterie à Auschwitz est une première étape sur la route du négationnisme.

Trop bêtes, trop naïfs ou trop fourbes, ces gens là sont dangereux.

Mais qu'on ne nous prenne pas pour des brutes sans cœur, insensibles à la souffrance animale. Il n'est pas inutile de se mobiliser pour des traitements moins cruels auprès des animaux. Pas tant pour ces petites bêtes là, mais surtout pour l'image que nous nous renvoyons à nous même. Et puis un animal moins stressé donne une viande beaucoup plus tendre.

Qu'un putain de vegan vienne nous démontrer qu'il y a quelque chose de meilleur qu'un Lapin chasseur :

Pour 6 personnes : 1 lapin d'1,5kg découpé en morceaux – 2 échalotes – 2 oignons -100g de lardons – 150g de cèpes – 150g de girolles – 40cl de vin blanc sec – 20g de beurre – 20g de farine – 1 bouquet garni – persil – sel – poivre.

Dans une cocotte, faites revenir les lardons à sec. Otez les lardons et faites dorer les morceaux de lapin. Ajoutez les oignons et les échalotes finement hachés pendant 1 mn. Incorporez à nouveau les lardons, le vin, 20 cl d'eau, le bouquet garni, le sel et le poivre. Portez à ébullition, couvrez et laissez mijoter 30 mn à feu doux.

Coupez les champignons en lamelles. Mettez-les dans la cocotte et prolongez la cuisson 15 mn.
Retirez le lapin puis incorporez peu à peu le beurre et la farine mélangés. Portez de nouveau à ébullition en remuant. Nappez le lapin de sa sauce, décorez avec un peu de persil parce qu'on est pas des gougnafiers et servez-le.

Accompagnez si vous le souhaitez de pommes de terre sautées ou de tagliatelles. Dégustez en pensant à nous.



* MARTIN Roger, OTERO Nicolas, Amerikka, édition Emmanuel Proust
site http://www.epeditions.fr/collection/1

jeudi 18 octobre 2012

Lexique IV

Ça faisait longtemps qu'on avait pas fait de lexique. A la création du Fight Club nous voulions faire un objet ''tout public'', même si désormais on reconnaît beaucoup de militants ou de personnes baignant dans le milieu politique de gauche parmi nos lecteurs. Nous poursuivons néanmoins notre travail de vulgarisation politique avec ces nouvelles définitions issues du billet précédent. Et puis ça aussi c'est rigolo à faire. Les autres lexiques sont consultables ici, et là.

Décroissant : n.c partisan de la décroissance. Doctrine prônant l'abandon de la croissance économique comme indicateur de progrès. Bonne idée de départ, à laquelle les anticapitalistes ne sont pas complètement hostiles, mais ce mouvement est parasité par des ''curés verts'' sérieusement gratinés. Ceux du genre qui toussent avant qu'on ait allumé sa cloque, ou ceux qui vous regardent comme si vous étiez un waffen SS parce que vous avez une voiture. Le courant anarcho-droitier cherche des spécimens pour une étude plus approfondie. Contacter la rédaction.

FSE : sigle pour Fédération Syndicale Étudiante. Syndicat étudiant fondé en 2003, classé à l'extrême-gauche. Illustration de la fable de La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. A lire sa fiche Wikipédia on a l'impression que la FSE couvre une vingtaine d'universités françaises. La réalité est moins avantageuse. Présent sur une dizaine de campus, ce sont de petits groupes militants qui compensent leurs faibles effectifs par un activisme important. La FSE va se réunir incessamment sous peu avec SUD Étudiant depuis 2006. Cette année là, la FSE était prête à intégrer SUD Étudiant à condition que celui-ci quitte Solidaire (#mégalol#). Après une brève réflexion de 6 ans, finalement tout bien réfléchi, les noces ont eu lieu il y a un mois. Nous nous autorisons à critiquer ce syndicat - par ailleurs pertinent sur beaucoup d'analyses – car nous en avons été membre et même membre fondateur.

Indépendantistes occitans : ce n'est pas un fantasme issu de notre imagination malade, ils existent réellement. Restant modestes dans leurs revendications, ils ne réclament que la moitié sud de la France. Un ou deux billets du Fight Club mériteraient de leur être consacrés. Pour certains, toutes personnes ne parlant pas occitan est ''un colon français qui devrait retourner dans son pays'' (au nord de la Loire, ndlr). Pour eux Bagnères de Bigorre/Gaza =même combat. La caricature politique a-t-elle encore lieu d'exister quand on a connu les indépendantistes occitans ? La question mérite d'être débattue. Néanmoins nous les félicitons pour leurs chartesgraphiques dont beaucoup de militants devraient s'inspirer.

MJS : sigle pour Mouvement des Jeunes Socialistes. Organisation de jeunesse du Parti ''Socialiste'', rassemble des apprentis bureaucrates et des naïfs se voulant de gauche. A pour fonction principale de s'aligner au premier rang dans les meetings des candidats PS en agitant des petits drapeaux. Pleurent à grosses larmes quand les candidats de droites remportent une élection, s'étourdissent la tête au Champomy quand c'est le candidat de gauche qui gagne.

Stal : troncature pour ''stalinien'', partisan de méthodes autoritaires au sein du mouvement ouvrier. Sont désormais des grand-pères Simpson revisitant l'histoire de l'URSS, ou des JC en recherche de virilité tellement ils ont pas de muscles.

Soc-dem. : double troncature pour ''social-démocrate''. Injure très puissante dans les milieux d'extrême-gauche. Si vous êtes en face d'un gauchiste de 130 kilos, insultez plutôt la vertu de sa maman, ça passera mieux. syn. : traître, droitier, mou du genou.

dimanche 14 octobre 2012

Réponse à OP et à tous ceux et celles dans le même cas

Cher camarade,

Ton sympathique courrier reflète quelques angoisses, angoisses bien compréhensibles en ces temps incertains de crises économiques et politiques . Nous allons donc dédramatiser quelque peu certains de tes propos et constats.

D'abord, il n'y a rien d'extraordinaire à ce que la ravissante Myriam Martin te rappelle Anne-Sophie, Myriam Martin nous rappelle à tous notre première amour de jeunesse. Il en est ainsi des muses qui suggèrent grâce à leur pouvoir surhumain à la fois cette fraicheur des premiers élans et ce bien être rassurant d'une protection maternelle. Passons.

Ensuite même dans les moments les plus sombres, tout espoir n'est jamais perdu. Regarde les ex JCR. N'ont-ils pas encore un peu de sens de l'humour : vouloir restructurer l'UNEF ? Ne nous dit pas, cher OP, que tu n'as pas saisi le piquant de cette grosse blague. Restructurer un panier de crabe, dont nous avons déjà parlé ici, est-ce bien sérieux? Et pourquoi pas bolchéviser les MJS* tant qu'on y est ? Allons, allons...

Enfin, dis-toi que tu aurais pu tomber bien plus bas. Des moments de doute, d'égarements et de stand-by sexuels en ont transformé certains en neuneus conspirationnistes. Et puis comme tu sembles, comme nous, attacher de l'importance à l'apparence vestimentaire, imagine que tu sois devenu un décroissant*, et être obligé de t'habiller avec des fringues uniquement fabriquées dans les Vosges ou en Picardie. Ou encore devenir indépendantiste occitan* et te promener avec un béret basque sur la tête, parfaitement mesdames et messieurs : UN BERET BASQUE ! La synthèse de la loose politique et vestimentaire.

Oublions vite ces visions d'horreurs et revenons à nos curés rouges. Tu nous as fait part de quelques éléments de ta biographie, en voilà quelques-uns des nôtres. Avant la création du fantastique courant anarcho-droitier, lors des congrès locaux du NPA de 2011, l'un de nous passe de la majo P1 à la P3. A peine deux heures après les votes, des copains d'autres villes lui téléphonent pour le tancer – sur le ton de l'humour et dans une franche camaraderie – de ''droitier''. Que ce soit dit en plaisantant ou sérieusement, le terme droitier en politique renvoie au champ lexical du ''moins pure/ moins authentique/ moins radical...'' et on entend le mot ''droite'', ce qui est vexant pour des gens de gauche. Nous sommes persuadés que cette manipulation sémantique en a dissuadé quelques uns de soutenir les mentions dites ''droitières''. Ce sont ni plus ni moins que des tentatives de culpabilisations qui ne devraient pas avoir leur place dans un débat politique serein et honnête.

Droitiers ? Et bien soit, et vous n'avez encore rien vu. Récupérer l'invective de son adversaire pour en faire un étendard et ainsi désamorcer l'attaque s'appelle faire de l'antiparastase.

Or qui sont les ringards ? Ceux qui prennent des risques en militant avec des soc-dem* et des vieux stal* ou ceux qui se cachent derrière leur orthodoxie pour dissimuler leur frousse et leur manque d'imagination ? Les curés rouges ont raisons. Leurs démonstrations sur la nature de telle ou telle organisation ''droitières'' sont souvent exactes. Mais leur ligne politique n'est viable qu'en laboratoire, sous des bulles aseptisées. Dehors il y a la vraie vie avec ses compromis et son infinité de corps étrangers qui perturbent les raisonnements théoriques. Les théories du curé rouge survivent rarement à l'air libre car justement trop pures. Nous, nous voulons avancer.

Nous, nous sommes l'extrême-gauche sale et corrompue. Nous ignorons si nous arriverons à quelque chose mais nous expérimentons. Et c'est ce manque d'expérimentation qui nous a fait fuir le NPA. C'est la publicité mensongère autour du ''N'' plus que de savoir si Mélenchon est gentil ou méchant.

Voici une autre anecdote. Puisque le syndicalisme étudiant a été évoqué, nous nous rappelons que nous avons été syndicalistes dans une petite université de province. Nous étions à la FSE* c'est à dire chez les curés rouges du syndicalisme étudiant. Et c'était une guerre sans fin contre les apprentis bureaucrates de l'UNEF. Tout les coups étaient permis et ont été utilisés (sauf l'assassinat mais c'est parce qu'on visait mal). Cette ''guerre'' concernait une trentaine d'étudiants sur un campus de dix milles : Clochemerle en somme. Aucun ne prenait le dessus sur l'autre. Et puis un jour, nous avons eu l'idée de leur proposer des intersyndicales. Et c'est en faisant un travail unitaire, tout ce qu'il y a de plus honnête, que nous avons démoli cette section syndicale moisie : en les confrontant à leurs contradictions, en les poussant à nous suivre fraternellement dans une contestation radicale des réformes universitaires de l'époque. Ils n'ont pas tenu le coup. Tant que nous jouions aux bolchéviques incorruptibles, ils se drapaient dans leurs ''responsabilités'', quand nous leur avons tendu la main, ils n'avaient plus rien pour se dissimuler.

Nous pouvons l'avouer, nous n'avons aucune sympathie pour le PCF. S'il existe des militants et des militantes extraordinaires et même des élus dévoués et honnêtes, cet appareil politique est un boulet pour la gauche sociale et rassemble encore beaucoup trop de vieux staliniens cramés et de gâteux qui sont communistes par tradition et non par conviction. Ne le répète par trop fort mais nous souhaitons la mort du PCF. Une mort médicalement assistée avec une transition vers quelque chose, mais la mort. Confrontons le à ses contradictions mais ne lui laissons pas l'opportunité de nous traiter de sectaires. C'est fraternellement que nous le pousserons dans ses retranchements.

Réussira/réussira pas, nous expérimentons. Nous avançons à tâtons mais nous avançons.Et puis c'est aussi rigolo de taquiner du soc-dem et du stal.

Enfin, sans développer, que nos camarades retiennent une chose : on ne peut prêcher l'émancipation sans l'appliquer pour soi-même. Militer en se flagellant, ce n'est pas notre genre.

Voilà ce que l'on pouvait te répondre. Pour prix de notre consultation, nous te piquons le terme d'archéo-trotskyste.



* voir lexique du 18 octobre

mercredi 10 octobre 2012

Un vrai courrier d'un vrai lecteur

Bienvenue à toi cher OP, ton courrier dévoile un caractère anarcho-droitier qui ne demande qu'à s'affirmer dans un courant sympa et à s'aiguiser les crocs, au milieu d'un cartel de partis par exemple. Ne te laisse pas dominer par ton désarroi, la cellule psychologique du courant anarcho-droitier étudie ton cas (très fréquent ces derniers temps) et nous te répondrons bientôt. En attendant mange du chocolat, bois des bières et entraine toi à danser sur les tubes de Boney M 

Chers anarcho-droitiers,

Je vous écris de la part de mon ami Dominique Marc –un ami jeune et large d’épaules- car je traverse une mauvaise passe, et que j’aurais besoin de vos précieux conseils. Je voulais aussi vous faire part de mon expérience, au cas où d’autres jeunes dans la tourmente se retrouveraient dans ma situation. 

A treize ans j’étais un jeune garçon normal. Comme tous les autres j’écoutais du hip-hop dégueulasse et je portais des survêtements de racaille griffés Sergio Tacchini pour aller au collège. Je rêvais secrètement d’emballer Anne-Sophie à la boum de fin d’année, mais mes parents venaient toujours me chercher beaucoup trop tôt. J’avais le sentiment que personne ne me comprenait vraiment, alors je trouvais refuge dans la masturbation compulsive, les jeux vidéo et la consommation de sucreries. J’ai compris qu’on était de gauche en voyant la gueule de mes vieux le 21 avril, quand LePen est passé au second tour. 

A seize ans, ça commençait à s’arranger. Je m’habillais toujours comme un sac, mais le style « baboss » m’allait déjà mieux. Si mes vêtements beaucoup trop grands et mes cheveux beaucoup trop longs traduisaient encore un certain malaise, la découverte de la Mano Negra et du sous-commandant Marcos formaient un corpus idéologique assez cohérent pour me jeter dans la rue contre la loi Fillon, puis contre le CPE. En plus de ces velléités révolutionnaires naissantes, j’emballais sensiblement plus de meufs pendant les périodes de blocage du bahut, et je finissais même par connaître le « grand A » -ce qui ajoutait à l’attrait du côté « classes en lutte, lutte de classes » un romantisme inespéré au retour des beaux jours-.

A dix-huit ans, je suis allé à un meeting d’Olivier Besancenot. Ce fut une révélation. Après mes premières expériences politiques au Parti Communiste, et des colonies vacances décevantes à Cuba (où j’avais essuyé râteau sur râteau car je ne savais pas danser) je décidais illico de couper mes dreadlocks pour reprendre le flambeau de l’anticapitalisme révolutionnaire. Mes boutons disparurent peu à peu. Les grèves étudiantes qui secouaient la petite ville de province où je glandais à la fac je faisais mes classes offraient un formidable terrain de jeu pour se la mettre avec les flics / les étudiants en droit / les personnes âgées et draguer à la sortie des AG, entre deux fiestas chez les copains de la CNT (ceux avec un chat). La vie était simple, je pus être enfin moi-même : c’est-à-dire imiter mes amis redskins, mais avec plus de retenue.

Et puis je suis monté à Paris, toujours pour les études. Et là ce fut le drame : tout a été démoli. J’ai fait la connaissance des Jeunesses Communistes Révolutionnaires, qui condensaient le pire de ce que j’avais pu traverser auparavant. Ils s’habillaient mal, ils avaient encore plein de boutons (alors que la plupart avaient au moins 28 ans en L2) et commençaient toutes leurs interventions par « Lénine a dit… » d’une voix éraillée qui semblait ne jamais vouloir muer. Alors que d’habitude, j’avais plutôt la tchatche et que pour tous mes potes, j’étais quelqu’un qui se bougeait le cul sans trop leur prendre la tête, ils me faisaient sentir que je n’étais qu’un « aventuriste inconséquent aux tendances décompos ». Une merde. Imaginez l’angoisse. En dehors du NPA, rien ne semblait trouver grâce à leurs yeux. Même militer à Sud avec les branleurs de l’AL leur paraissait la dernière des hérésies. 

Je vous écris aujourd’hui parce que je suis triste, qu’on m’a volé mon parti. Sa jeunesse, dont « le dynamisme des luttes s'avère souvent précieux pour entraîner celle des travailleurs » (sic.) se complaît dans la laideur et l’ennui. Ils passent leur temps libre à « structurer l’UNEF » et à persécuter la P4 car ils ne supportent pas d’avoir des gens plus à gauche et plus vieux qu’eux au sein du secteur jeunes. Je crois qu’ils sont à la gauche révolutionnaire ce que Patrick Juvet est au rock’n’roll. Pourtant j’ai lu Bensaïd, j’ai fait la campagne Poutou et tout… Je ne sais pas trop quoi faire, car vu que je ne peux plus me fader ces archéo-trotskystes en herbe, je me dis que ça va être tendu de me coltiner des soc’déms et des stals au Front de Gauche, malgré la merveilleuse Myriam Martin qui me rappelle vaguement Anne-Sophie.

Avant de raccrocher définitivement mon cuir et d’entamer une psychanalyse, je voulais savoir si vous aviez des conseils à me donner pour m’en sortir. Vous êtes un peu mon dernier espoir : que faire ?

Fraternellement, 
 
OP

mercredi 3 octobre 2012

Brisons les fantasmes de luttes armées

On entend ici où là, lors de soirées entre gauchistes, souvent jeunes mais pas toujours, certains propos qui confèrent au fantasme :
 
- de toute façon, nous dit petit-anarchiste-casse-couilles-pour-vieux, pour faire la révolution il faudra forcément prendre les armes... (tout en parlant il s'échine à ouvrir une bière avec son briquet, il maitrise encore mal la technique mais cela fait tellement plus virile. 

- tout à fait, répond Jean-Paul son interlocuteur, mon cousin qui est militant révolutionnaire au NPA (entendez à la P4) disait pas plus tard qu'au dernier congrès que pour appliquer le programme de son parti ce serait la guerre civile.

-Ils me font bien rire, intervient Gros Bebert ex punk devenu Redskin depuis ses débuts de calvitie, tous ces soi-disant révolutionnaires qui militent pour les élections. Le jour où le peuple arrêtera d'être con et prendra les armes moi je serai au premier rang ! (Gros Bebert oublie de préciser que jusqu'à présent il n'a jamais distribué un tract, ne s'est jamais syndiqué et qu'il préfère s'investir dans son groupe de street-punk néo-métal mélodique) 

-Peuple armé, peuple respecté ! Gora ETA ! conclut petit-anarchiste-casse-couilles-pour-vieux super fier d'avoir enfin réussi à ouvrir sa bière (il glisse néanmoins sa main droite dans sa poche pour dissimuler l'entaille qu'il s'est faite en dérapant sur la capsule)

Dans ce genre de soirée, on croise également toujours une ou deux personnes dont le grand-père a été résistant, a risqué sa vie, voire a tué beaucoup de nazis.

Que l'on soit clair : il n'y aura pas en France de situation du type maquis ou guerre de guérillas (de GPP, nous aussi on a lu Mao). Cela n'arrivera plus, c'est une autre époque. De plus ce serait une absurdité militaire : qu'est-ce qu'on irait foutre à se regrouper dans les montagnes où les forêts, dans des endroits où même le wifi ne passe pas, où il faut creuser un trou à chaque fois que l'on veut faire caca ?


Cette absurdité a malheureusement déjà été commise. En Amérique du Sud, la révolution cubaine dont l'histoire a été mythifié une fois Castro au pouvoir, a inspiré des milliers de jeunes exaltés. Ceux-ci sont partis se planquer dans les montagnes ou dans la jungle en dépit de toute logique. Beaucoup sont morts,soit tués par des commandos mieux entrainés qu'eux, soit n'ayant pas survécu aux conditions de vie drastiques. Alain Labrousse dans son ouvrage sur les Tupamaros s'arrête le temps d'un chapitre sur certaines de ces aberrations. Ainsi le mouvement révolutionnaire d'Uruguay des années 70, bien implanté dans les villes décide un jour de faire comme les cubains. Puisque les maquis ont été efficace à Cuba, les Tupamaros vont le reproduire chez eux. Sauf qu'en Uruguay il n'y a ni forêt ni montagne conséquente, c'est la pampa. Donc les apprentis guérilléros vont passer des mois à construire... des tunnels, pour se dissimuler aux hélicoptères de l'armée. Fiasco total.

Alain Krivine revient aussi sur cette période et cette fascination funeste pour la lutte armée. Dans cet excellent bouquin que l'on vous recommande chaudement, Ça te passera avec l'age, tonton Alain se souvient :

D'une tout autre portée a été la décision du IX e congrès mondial de la IV ème Internationale de soutenir la lutte armée en Amérique latine, à la demande des camarades des sections impliquées qui ne voulaient pas se couper des mouvements de guérilla qui se développaient dans plusieurs pays. En Argentine, par exemple, l'EPR regroupait plusieurs milliers de combattants. C'était l'époque où résonnait encore le message du Che : ''créer un, deux, trois Viêtnam''. L'orientation était discutable. Une forte minorité, composée des sections américaine, australienne et de quelques groupes européens, y était hostile. Aujourd'hui, l'expérience aidant on ne ferait surement pas voter un congrès mondial sur un tel sujet. Jeune délégué, j'étais un peu désemparé de devoir endosser une telle responsabilité. On en connaît le résultat indirect – les dictatures militaires latino-américaines, aidées par les ''conseillers'' américains n'avaient évidement pas attendu les décisions de la IV ème Internationale pour déclencher une effroyable répression : des centaines de camarades assassinés, disparus, torturés, emprisonnés.

Sans aller prendre le maquis, la lutte armée est aujourd'hui un non-sens politique. Faire la guerre, chers petits amis, cela signifie faire des morts. Et nous ne sommes plus dans un jeux vidéo FPS, où l'avatar ressuscite à la fin de la partie, où l'on retrouve une santé complète en capturant une bouteille avec une croix rouge dessus.

Examinons les conflits de l'ère contemporaine :

Au Vietnam, un million de combattants du Nord et quatre millions de civils ont été tués, auxquels il faut rajouter 255 000 soldats et 430 000 civils du Sud, et 58 177 soldats américains.

La première guerre en Tchétchénie aurait causé entre 80 et 100 000 morts dont 5 000 soldats russes, la seconde guerre aurait vue la mort de 4 280 soldats russes et 13000 combattants tchétchènes (estimation basse).

En janvier 2012, Iraq Body Count, qui fonde son analyse sur des données publiées dans les médias, estime que 105 052 à 114 731 civils irakiens sont morts dans les violences, constituées essentiellement d'attentats, et au moins 250 000 civils irakiens auraient été blessés, auxquels il faut ajouter 4 484 morts et 32 226 blessés dans les rangs américains (4 803 morts pour l'ensemble des troupes de la coalition et plus de 36 000 blessés).

Arrêtons-nous un instant sur les guerres en Yougoslavie, pays d'Europe qui aurait pu ressembler à la Suisse ou à la France. On estime entre 200 000 et 300 000 morts le bilan humain des différents théâtres d'opérations sur une population de 23,3 millions d'habitants en 1990. En faisant une équation niveau collège pour ramener ces chiffres au niveau de la population française, une guerre comparable équivaudrait à 515 000 à 772 000 morts.

Les débiles qui se disent prêt à faire la guerre sont donc d'accord pour sacrifier 500 000 personnes au minimum. Belle perspective politique et belle conception du respect de la vie humaine, c'est ça être progressiste pour eux ?

Mais de tels scénarios sont improbables répétons le. Pour se faire une idée de ce que pourrait être un conflit social violent, observons ce qui se passe en Grèce.

Et si jamais, au grand jamais, nous basculions dans un univers parallèle, où les étapes de transitions entre notre démocratie parlementaire cagneuse et un système autoritaire meurtrier étaient franchies en quelques années, où un mouvement social déboucherait sur un conflit armé en France, on ne ferait pas une armée avec des gens qui s'astiquent la nouille en rêvant d'en découdre et qui, soit dit en passant, sont incapables pour la plupart, de faire un 100m sans être essoufflé.

Une telle armée serait organisée autour de gens sérieux et compétents, à savoir des policiers et des militaires (eh oui !) qui seraient de notre côté. Ce qui devrait faire réfléchir les lecteurs de Charlie Hebdo et autres anti-flics. Et si les forces de l'ordre pouvaient être un public-cible des discours de l'extrême-gauche? Ceci est un autre sujet.

Quand aux protagonistes du début de cet article, ils seraient consignés à l'intendance... à moins qu'ils ne soient passés entre temps dans le camps adverse, ça s'est déjà vu.