dimanche 13 mai 2018

Va ranger ta chambre p'tit con !

Et c'est valable pour toi aussi branleuse !

Les facs sont évacuées par les flics les unes après les autres. La phase suivante, pour les présidents d'université est de montrer aux médias dans quel état déplorable les étudiants et les étudiantes ont laissé les lieux afin de décrédibiliser leur lutte. En découvrant le souk que ça peut être à Tolbiac ou au Mirail, on peut dire que la manœuvre leur est souvent facilité.

Alors oui, les dégâts chiffrés sont très certainement exagérés par les présidences soucieuses de se poser en victime ; alors oui, les CRS ont certainement pas mis les patins avant d'entrer dans les amphis ; alors oui le départ précipité des étudiants ne leur a pas permis de terminer le ménage ; mais quand même... c'est-quoi-ce-putain-de-boxon dans les facs ?

On ne voit jamais d'usine occupée transformée en déchetterie par leurs propres ouvriers en lutte, peut-être parce que ceux-ci ont terminé leur crise d'adolescence. Pour leur défense, les étudiants expliquent qu'ils ont « bien redécorés les murs de peintures de textes et d'illustrations »... Alors, les grugrus regardez bien les images ci-dessous : à gauche voici un mur redécoré, et ça a de la gueule en effet ; à droite voici un mur salopé. Prenez tout le temps qu'il vous faudra pour bien saisir les nuances. 


Pourquoi donc donner des arguments au camp d'en face ? On sait pertinemment que la moindre canette abandonnée, le moindre graffiti sera exploité pour dévaloriser la lutte des étudiants et occulter leurs revendications au profit d'une condamnation larmoyante des « dégradations ». Qu'est-ce que c'est que cette définition d'une fac ouverte où on peut chier sur les murs ? Où des branleurs qui vivent chez papa-maman trouvent enfin un lieu pour s'arsouiller la gueule ?

Ça parle charge mentale et déconstruction des genres et c'est pas foutu de passer la serpillière ? On nous rétorquera que c'est la liberté de chacun, que le désordre c'est la vie, qu'on est pas dans une caserne, etc... bullshit ! Le problème est similaire aux blacks blocs. Ceux-ci s'incrustent dans une manif pour imposer leurs méthodes de lutte et en excluent de fait ceux qui ne veulent pas les assumer, notamment les familles. Quelques phacochères s'incrustent dans les facs, imposent leurs mode de vie et en excluent les étudiants et étudiantes qui n'ont pas envie de vivre dans la crasse et avoir à gérer des poivrots. Alors qu'il serait aussi simple pour les premiers d'aller péter des vitrines à l'opposé des manifs, et pour les seconds d'aller squatter un entrepôt ou des bureaux vides.

Quels sont nos conseils ?

Il se trouve que l'auteur de ces lignes a participé jadis à l'occupation d'une fac de province, lors de la glorieuse lutte contre le CPE en 2006. Après une semaine de picoles, de dégradations et de vols, l'assemblée générale étudiante vota l'interdiction pure et simple de toute consommation d'alcools et de drogues à l’intérieur de l'université. Même la loi Evin sur le tabac devait être respectée, on fumait à l’extérieur des bâtiments. Punks à chiens, clodos et personnes instables psychologiquement n'étaient pas acceptés. Certains ont chouiné que la fac devait être ouverte à tous et que c'est plus sympa de discuter avec une bière et un p'tit pétard. Si le règlement les démotivait, c'est que ce n'était pas les militants les plus intéressants (et les plus motivés).

Eh ben vous savez quoi ? On ne passait pas pour des guignols même auprès de nos adversaires, et la fac fut une de celles occupées le plus longtemps (six semaines d'affilé). Ne pas avoir de gens bourrés à gérer tous les soirs, c'est vachement reposant et ça laisse du temps pour faire du ménage. Et le ménage aide à l'introspection, essayez vous verrez. Une heure de ménage vous procurera une dose d'endorphine similaire à une activité sportive, vous offrant une sensation de bien-être voir même d'euphorie. Ceci vous mettra dans d'excellentes conditions pour élaborer plans de mobilisations, discours et argumentaires en faveur de vos luttes.

Ainsi une fac occupée et ouverte n'est pas nécessairement synonyme de vie bordélique. Un étudiant choqué par les dégradations n'est pas nécessairement un affreux réactionnaire. Aussi, on prend soin de son lieu de travail et on l'entretien durant tout le temps où on en a la responsabilité, c'est à dire durant les occupations. Il n'est pas interdit bien sûr de faire la fête et de se déchirer la tête si on en a envie, mais dans ce cas, on rentre chez soi pour le faire, et on revient une fois qu'on a décuité et qu'on a pris une douche. Chacun doit se sentir à l'aise et se reconnaître dans la mobilisation. L'objectif, en manif comme en occupation, n'est-il pas de rassembler le plus de monde possible et de ne pas offrir de failles à nos adversaires ? Ainsi se gagne la bataille de l'opinion.

Alors au boulot et n'oubliez pas les chiottes.


samedi 5 mai 2018

Le système capitaliste profondément ébranlé après la destruction de la vitrine du McDo de Paris Austerlitz.

Vent de panique dans les milieux d'affaires du monde entier. La redoutable attaque des Blacks Blocks contre l'un des symboles de l'exploitation capitaliste et de la mal-bouffe a fait l'effet d'une bombe thermonucléaire. Bourgeoisies et gouvernements semblent tétanisés par cette vague révolutionnaire.

Le Palais de l’Élysée a des allures de Versailles au lendemain de la fuite de Varennes. Le président Macron a en effet préféré mettre le plus de distance possible entre lui et les forces rebelles, telle est la seule explication plausible à sa présence en Australie. « Si ça suffit pas, il nous reste notre base en Terre Adélie » nous confiait en ricanant nerveusement une source anonyme.

Même inquiétude parmi le grand patronat. M B..... chef d'entreprise et membre du Medef tentait d'oublier dans l'alcool l'écroulement de son monde. « Un concessionnaire Renault attaqué, vous imaginez ?! » s'indignait-il en descendant une nouvelle coupe de champagne. « Ça commence comme ça et ça finit avec les chars vénézuéliens qui remontent les Champs Élysées, bou là là j'ai peur !»

Comment les Blacks Blocks vivent-ils leur vie de combattants de la Liberté ? Nous avons retrouvé deux de ces valeureux guérilleros des temps modernes en train de reprendre des forces attablés dans un KFC. Léandre et Gros Bébert faisaient partie de la première vague d'assaut, celle qui neutralisa un guichet automatique boulevard Saint-Marcel.

« Faut faire vachement gaffe au début – nous explique Gros Bébert – comme la vitre est encore solide, les pavés risquent de rebondir dessus et on peut se les prendre dans la gueule, plus d'un bleu-bite s'est fait avoir comme ça, c'est chaud ! »

« Faut pas partir non plus la fleur au fusil – conseille Léandre- la guérilla urbaine ça demande une préparation physique et un minimum d'équipement. Combien de camarades ont dû abandonner le champs de bataille parce qu'ils avaient oublié leur ventoline ! »

L'un comme l'autre récuse tout effet de mode.

« Ça fait très longtemps que je suis engagé dans les luttes radicales, nous raconte Léandre. Déjà au lycée je gravais sur les tables des A cerclés et des gros zizis. Je m'étais d'ailleurs fait coller par Madame Chombier, la CPE. J'avais dû décoller tous les chewing-gums sous les chaises. C'est là que j'ai pris conscience de la violence de la répression des institutions bourgeoises. Plus tard j'ai longuement étudié la fiche Wikipédia sur la Guerre Populaire Permanente de Mao, j'ai politisé ma colère... »

« Moi j'ai commencé à me battre dans les tribunes entre supporters de foot, se souvient pour sa part Gros Bébert. Cette adrénaline qu'est-ce que c'était bon ! Et puis, allez savoir, j'ai dû vieillir. Finalement les coups de tonfa, maniés par des professionnels, ça fait mal mais c'est moins dangereux qu'une barre de fer ou un tesson de bouteille manié par un type bourré. »

Tous deux réfutent également l'idée de parasiter les mouvements sociaux.

« On est sur deux stratégies différentes, il faut se garder de tout jugement de valeur. Les syndicats c'est juste des gros mous qui cassent les luttes explique Léandre mais nous on est solidaires des autres... là... les routiers. On voulait pas masquer leurs revendications, on voulait juste que les médias parlent de nous en priorité »

« Après faut pas nous emmerder précise Gros Bébert, y a un mec de la CGT qui m'a traité de facho violent, ça m'a trop vexé, j'lui ai collé une tarte. Plus tard, vu que j'y voyais pas grand chose avec mes lunettes de ski, c'était plus facile de viser les syndicalistes avec leurs chasubles rouges ou fluo... c'est vrai que je me suis fait plaisir...


Ces récits sont captivants mais seront bientôt de l'histoire ancienne. Encore quelques abris-bus à détruire et le modèle de domination capitaliste sera irrémédiablement mis à terre.

black block