dimanche 30 décembre 2012

Pas ce soir, les communistes ont débarqué

Suite et fin de notre petite série sur la déconnexion du discours de certains militants de gauche vis à vis du réel. Ce que nous caricaturons est tellement improbable selon certains lecteurs qu'ils nous ont fait des crises de nerfs dans les commentaires. Espérons qu'une bourriche d'huitres, du foie gras et de la bûche les auront calmés.

Pourquoi sommes-nous si méchants ?

Voici ce que l'on écrivait le 5 mars dernier :

" L'anarcho-droitisme est une méthode. C'est un peu une auto-psychanalyse de groupe avec l'humour comme thérapie. Il s'agit de se moquer de soi-même, de son organisation, afin de désamorcer les mécanismes de rupture avec la réalité. Il faut éviter de se construire un personnage d'aristocrate militant, les fameux ''défenseurs du peuple'' ou les ''avant-gardes du prolétariat''. Et pour déconstruire ce personnage, rien de tel qu'une bonne tranche de dérision ou mieux encore d'auto-dérision. Attention toutefois à ne pas tomber dans l'aigreur, mordez mais sans rancune."

Donc on continue, et on continuera en 2013 :

  



mardi 25 décembre 2012

Potentiel cadeau de Noël


Super montage photo, tellement on a ri, on a oublié de noter la source internet où on l'a pioché. Pardon aux auteurs, il n'est pas question pour nous de plagier le travail d'autres, qu'ils se signalent, ils auront droit à un bisou.

dimanche 23 décembre 2012

Pas ce soir, on a la migraine.

Oh surprise ! Le précédent billet évoquait des raisons de ne pas regarder la vidéo d'une conférence de plus de deux heures. Il a été aussitôt l'objet d'un déferlement de mépris de la part de ceux ou celles qui trouvent le temps, eux, de mater de telles longueurs. L'aristocrate de gauche, que l'on vous a déjà présenté, ne comprend pas que le reste de la terre ne se comporte pas comme lui. ''

Pourquoi les gens ne lisent pas le Capital alors qu'ils trouvent du temps pour regarder TF1 ?'' Question à peine caricaturale et symbolique d'une complète déconnexion avec la vie réelle. Comment Aristocrate de Gauche peut-il prétendre lutter pour une classe sociale qu'il méprise ?

Parmi les sommes de bouquins et de documentaires dont Aristocrate de Gauche s'est gavé, n'y a t-il pas une place pour un ouvrage de vulgarisation des travaux de Bourdieu concernant le capital culturel et la reproduction des élites intellectuelles ?

Ça nous rappelle une image qu'on avait montée à une époque pré-anarcho-droitière :




Du coup, les commentaires du billet précédent nous ont inspiré :




Que chacun d'entre nous se pose une question fondamentale vis-à-vis de ses camarades militants : ''est-ce que j'aimerai vivre dans un monde où cette personne aurait le pouvoir ?''

La suite dans quelques jours (car il y a une suite)

jeudi 20 décembre 2012

Pas ce soir, on a piscine.

Un lecteur du Fight Club qui ne veut que notre bien et veille à notre édification, nous a envoyé la vidéo d'une conférence d'Annie Lacroix-Riz (le lien figure dans un commentaire d'article récent, vous aurez qu'à fouiller). Alors on ne critique pas le fond, puisqu'on ne l'a pas regardé, mais nous critiquons la forme. 2H17 à regarder une mamie en plan-fixe soliloquer sur la crise de 1930, qui regarde ça ? N'existe-t-il pas des moyens moins austères pour communiquer une première approche d'un discours et pourquoi pas donner envie par la suite d'approfondir le sujet avec de tel document. Les anarcho-droitiers ont certainement le bagage intellectuel pour digérer ce pavé mais Romain vient juste de reprendre des leçons de poney et Guillaume a piscine. Quand à la noble classe ouvrière révolutionnaire, on ne peut pas parler au nom de tous mais pour certains les réponses pourraient être :

- Oui ça a l'air intéressant mais je rentre du boulot à 18h et après il faut que je m'occupe des enfants, je les couche à 21h, après c'est le seul moment où je peux souffler un peu... quand il n'y a pas du linge à ranger. Vous n'auriez pas un tract qui explique la même chose ?

- Je le regarderai plus tard... peut-être. En ce moment je ne sais pas ce que j'ai, mais dès que je rentre du chantier, je mange et je m'écroule de sommeil. Faut dire qu'on est en retard dans les délais, alors les heures sup' non déclarées on les compte plus. Vous n'auriez pas un résumé de votre machin ?

- Je vais le regarder... combien de temps ? Ouh là ! 2h17 quand même ! Le soir je ne peux pas je suis bénévole dans une asso, là on boucle le dossier pour organiser un gros concert sur la commune. Vous n'avez pas plus court ?

- Non je n'ai pas encore eu le temps de le voir, désolé mon gars. Mais il faut dire que je n'ai pas trop la tête à ça en ce moment. A la COGIP, il y a un nouveau dégraissage de personnels en vue. Déjà que je m'occupe des dossiers des deux copines qui n'arrivent pas à réintégrer leur poste après leur congés maternités, j'ai pas trop le temps. T'auras qu'à me la raconter ta vidéo... à l'occasion.

- Tu sais on bosse tout les deux toute la journée, le soir c'est le seul moment où on peut se retrouver en couple, donc on préfère se détendre.

- Bien sûr que c'est un sujet qui m'intéresse, je le regarderai dès que possible. A propos tu ne connaîtrais pas quelqu'un qui pourrait m'aider ? Je me suis fait radier de Pôle Emploi, j'y comprend rien dans leur paperasse.
Etc...

lundi 17 décembre 2012

La non-violence c'est pas un truc de hippies

Pour boucler le cycle sur les fantasmes de luttes armées, autant présenter la réponse à laquelle on adhère. Celle d'une lutte populaire non-violente.

L'action non-violente est un signe d'intelligence tactique, il s'agit de refuser d'entrer dans un jeu où l'adversaire est le plus fort et dont il a lui-même fixé les règles. Le militant pacifiste aura de plus l'avantage de la faveur de l'opinion publique.

Il est très énervant pour un provocateur de voir sa cible refuser de le suivre dans l'escalade de la violence. Il vaut mieux refuser le plus tôt possible cette escalade, car on ne sait jamais où celle-ci nous conduira. Ainsi Noam Chomsky, durant les manifestations contre la guerre au Vietnam, déconseillait aux étudiants américains de venir même simplement avec des casques. Sa raison : si les étudiants ont des casques, les policiers utiliseront des fusils; si les étudiants prennent des fusils, ils utiliseront des tanks etc…

Pour donner un exemple de la pertinence et de l'efficacité de l'action non-violente, nous pouvons rappeler un évènement lors des émeutes en banlieues de 2005. Certains jeunes cramaient tous les édifices publiques qui passaient à leur portée : écoles, bibliothèques et piscines municipales... La police était incapable (ou n'avait pas envie) de les arrêter avant leur forfait. Or un soir, un journal télévisé a montré – trop brièvement - des habitants des quartiers, principalement des papys et des mamies, organiser des veilles devant les bâtiments publiques : deux grands-mères, deux grands-pères, une table de camping et un thermos de thé. Dès que des groupes de jeunes s'approchaient, les anciens les invitaient à boire un verre et à discuter. Résultat : dans les endroits où cette initiative a été mise en place, il n'y eut aucune destruction. Là où une compagnie de CRS surarmée ne parvenait pas à maintenir l'ordre, quatre ou cinq civils et quelques verres de thé y arrivaient. Conclusion : à genoux et massive respect dans ta face !

Une lutte non-violente permet d'utiliser au maximum le potentiel d'une population. Elle offre à tous les secteurs de la société de s'engager activement dans la lutte au lieu de l'observer passivement.

C'est un garant démocratique. Il n'y a pas de coupure ni de lutte de pouvoir entre un appareil militaire et un appareil politique. Il n'y a pas d'un côté le beau partisan au torse strié de cicatrices qui risque sa vie pour la Révolution et de l'autre le civil insignifiant. L'un ne décidera pas pour l'autre.

On en voit qui n'ont pas débranché leur webcam et qui ricanent en disant « oh les autres eh ! Les anarcho-droitiers ce sont des gros hippies en fait ». Nous rejetons naturellement d'un revers de main dédaigneux ces assertions non fondées. D'abord, sans faire de jugement à l'emporte-pièce, les hippies ont les cheveux gras, ils ne se rasent pas et portent des vêtements mal ajustés, ce qui est à l'opposé de notre univers.

Ensuite, le combat non-violent est un vrai combat, un combat sérieux, ce n'est pas une guerre light ou discount. L'ennemi est bien réel et il n'y a aucune assurance que celui-ci sera lui-même non-violent. Le combat non-violent n'est pas une alternative facile. Elle exige un entrainement spécial et un degré élevé d'organisation et de discipline.

L'auteur de cet article a pu mettre en pratique cette stratégie dans un petit territoire du Moyen-Orient qui résiste encore et toujours à l'envahisseur impérialiste. Ce héros au regard si doux a également rencontré d'autres militants pacifistes occidentaux qui ne comprenaient pas que des manif ''pacifistes'' finissent en affrontements. Certains de ces militants tentaient parfois de faire la leçon aux habitants du coin. Ils n'avaient pas compris que des jeter des pierres contre un tank n'est pas un acte de violence. C'est le symbole que ce tank ne fait plus peur. Israël a beau avoir une des armées les puissantes de la planète, avec un matériel militaire dernier cri, des gamins palestiniens n'hésitent plus à lui balancer des caillasses. C'est un symbole d'échec pour Israël et un prétexte futile pour réprimer une population exacerbée.

Ainsi, la stratégie de la non-violence est de rendre visible la non-violence de l'opprimé et la violence de l'oppresseur. Gardons néanmoins à l'esprit que ces actions ne sont pas sans danger. Nous sommes de plus conscient qu'il n'existe aucune certitude qu'une campagne non-violente aboutisse à une victoire, pas plus d'ailleurs qu'une lutte armée.




mercredi 5 décembre 2012

Les autocollants politiques

Et autres stickers militants.

On vous a parlé de tracts, poursuivons dans les supports de communication avec les autocollants. Principalement utilisé par les organisations militantes radicales de gauche comme de droite, l'autocollant est l'ancêtre du texto ou du tweet, son rôle : envoyer un message court sur un petit support.

Avant d'évoquer ce message, examinons ses utilités :

L'autocollant identifie les militants en manifestation ou action. C'est le rôle de l'autocollant affichant juste le logo de l'orga que l'on se colle quelque part sur soi. On le reconnaît d'un coup d'œil. Ce type d'autocollant peut être remplacé par un badge, c'est plus ''développement durable''.

L'autocollant rassemble également les sympathisants ou des manifestants autour d'un slogan, d'une revendication ou d'un appel à voter. Il peut être signé du logo d'une orga ou pas, si c'est dans le cadre d'une campagne unitaire ou qui se veut unitaire. Ne pas signer un autocollant permet de ne pas aller à l'encontre des pudeurs des non-encartés.

L'autocollant peut être un appui financier à une action. On publie un joli autocollant en couleur et plastifié annonçant la date de l'évènement et on le vend autour soi avant et pendant l'action (un rassemblement ou une manif nationale en générale).

Enfin l'autocollant sert à ''marquer un territoire''. Des autocollants à l'arrière de panneaux de signalisation, sur des panneaux publicitaires ou des lampadaires signifient qu'il y a des militants de telle organisation dans ce quartier ou dans cette ville. Suivant l'état de fraicheur des couleurs du sticker, on peut estimer si ces militants sont actifs ou non.

La surface des autocollants se limite à quelques centimètres carrés, ce qui est sensé limiter la taille du message. Mais certains ne l'ont pas encore compris. Un autocollant doit se lire et être compris en trois secondes (en comptant large). Inutile d'essayer de mettre un discours ou l'ensemble de vos revendications, personne ne les lira.

En privilégiant des couleurs claires, les informations à mettre sur un autocollant sont :
un slogan d'une phrase et/ou une revendication;
un logo de l'organisation et son sigle;
et si on a un peu d'argent et un graphiste, une illustration : un dessin explicatif et humoristique, une mise en situation (une manif, une action, un bulletin de vote...).

Associer un logo à une campagne est une méthode de communication qui se prête bien au support autocollant (exemple le Bouclier de Vénus pour les campagnes antisexistes). Ce logo est déjà en soi un résumé. Les militants basques sont des experts dans ce domaine, voici quelques exemples :

Le premier logo représente la campagne pour le rapprochement des prisonniers basques au Pays Basque, le second représente la campagne pour leur amnistie et le troisième est le Alde hemendik (qu'ils s'en aillent) réclamant le départ des forces de polices françaises et espagnoles, comme ça vous savez tout.

Enfin ceux qui voudraient se couvrir par rapport à d'éventuels procès-verbaux peuvent rajouter en petits caractères la mention : ''à coller uniquement sur les endroits autorisés, conformément à la loi du 29 décembre 1979''.

Ci-joint quelques exemples ou contre-exemples :

Les infos essentielles peuvent être présentes et l'autocollant n'en est pas moins moche. Exemple avec le NPA Jeunes (renverser le capitalisme c'est pourtant simple, pourquoi n'y avait-on pas pensé ? Ils sont cons les gens, pourquoi ils renversent pas le capitalisme?)


Inversement, le graphisme peut être réussi et le message raté. C'est le cas de cet autocollant du PCF, époque mutation Robert Hue. '' Contre les inégalités il n'y a que l'amour''...autrement dit arrêtez la politique, rentrez chez vous et écrivez des poèmes (imaginez la gueule des vieux stals découvrant leur nouveau matériel de propagande).



Ils se sont améliorés avec celui-ci : un slogan, un appel, une illustration, un logo (le slogan en plus gros n'aurait pas été de trop).



Les autocollants de nos amis redskins de Limoges sont très esthétiques, mais ne portent aucun message politique. Ici la fonction est le marquage de territoire (et de se faire plaisir avec du folklore).



Cette série d'autocollants du NPA, quand à elle, est réussie : message clair, charte graphique qui revient en série, couleur voyante sans être ruineuse en frais d'impression puisqu'il n'y en a que deux.




Comme exemple d'autocollant austère, en voici un du Monde Libertaire. Honnêtement, qui va le lire ?



L'autocollant des Jeunes Communistes est graphiquement intéressant. Il fait partie d'une série comprenant culture, social et économie déclinée dans un tambour de machine à laver, intéressant sauf que... la seule phrase qui se voit de loin sur les autocollants, ou sur les affiches équivalentes, est ''Le FN n'a qu'un programme''. Ce qui peut prêter à confusion, vu la taille ridiculement petite du logo des JC, et qui prêta à confusion. Cela valu à l'auteur de cet article d'être coursé par des antifascistes sur un malentendu. Quinze ans plus tard c'est drôle, à l'époque, nous fûmes quelques-uns à qui la même mésaventure est arrivée, qui eurent envie de faire bouffer ces affiches à son concepteur.



Pour terminer, juste pour la nostalgie d'une organisation désormais défunte.


En conclusion, l'autocollant politique est un petit outil d'appui à la communication d'une orga. Il fait partie du matériel de base de tout militant. Moins pénible et moins long à coller qu'une affiche, il peut être une petite œuvre d'art en soi. A condition que son concepteur ait de l'imagination et quelques notions de communication.