Et autres stickers militants.
On vous a parlé
de tracts, poursuivons
dans les supports de communication avec les autocollants.
Principalement utilisé par les organisations militantes radicales de
gauche comme de droite, l'autocollant est l'ancêtre du texto ou du
tweet, son rôle : envoyer un message court sur un petit support.
Avant d'évoquer ce message, examinons ses utilités :
L'autocollant identifie les militants
en manifestation ou action. C'est le rôle de l'autocollant affichant
juste le logo de l'orga que l'on se colle quelque part sur soi. On le
reconnaît d'un coup d'œil. Ce type d'autocollant peut être
remplacé par un badge, c'est plus ''développement durable''.
L'autocollant rassemble également les
sympathisants ou des manifestants autour d'un slogan, d'une
revendication ou d'un appel à voter. Il peut être signé du logo
d'une orga ou pas, si c'est dans le cadre d'une campagne unitaire ou
qui se veut unitaire. Ne pas signer un autocollant permet de ne pas
aller à l'encontre des pudeurs des non-encartés.
L'autocollant peut être un appui
financier à une action. On publie un joli autocollant en couleur et
plastifié annonçant la date de l'évènement et on le vend autour
soi avant et pendant l'action (un rassemblement ou une manif
nationale en générale).
Enfin l'autocollant sert à ''marquer
un territoire''. Des autocollants à l'arrière de panneaux de
signalisation, sur des panneaux publicitaires ou des lampadaires
signifient qu'il y a des militants de telle organisation dans ce
quartier ou dans cette ville. Suivant l'état de fraicheur des
couleurs du sticker, on peut estimer si ces militants sont actifs ou
non.
La surface des autocollants se limite à
quelques centimètres carrés, ce qui est sensé limiter la taille du
message. Mais certains ne l'ont pas encore compris. Un autocollant
doit se lire et être compris en trois secondes (en comptant large).
Inutile d'essayer de mettre un discours ou l'ensemble de vos
revendications, personne ne les lira.
En privilégiant des couleurs claires,
les informations à mettre sur un autocollant sont :
un slogan d'une phrase et/ou une
revendication;
un logo de l'organisation et son
sigle;
et si on a un peu d'argent et un
graphiste, une illustration : un dessin explicatif
et humoristique, une mise en situation (une manif, une action, un
bulletin de vote...).
Associer un logo à une campagne est
une méthode de communication qui se prête bien au support
autocollant (exemple le Bouclier de Vénus pour les campagnes
antisexistes). Ce logo est déjà en soi un résumé. Les militants
basques sont des experts dans ce domaine, voici quelques exemples :
Le premier logo représente la campagne pour le rapprochement des prisonniers basques au Pays Basque, le second représente la campagne pour leur amnistie et le troisième est le Alde hemendik (qu'ils s'en aillent) réclamant le départ des forces de polices françaises et espagnoles, comme ça vous savez tout.
Enfin ceux qui voudraient se couvrir par
rapport à d'éventuels procès-verbaux peuvent rajouter en petits
caractères la mention : ''à coller uniquement sur les endroits
autorisés, conformément à la loi du 29 décembre 1979''.
Ci-joint quelques
exemples ou contre-exemples :
Les infos
essentielles peuvent être présentes et l'autocollant n'en est pas
moins moche. Exemple avec le NPA Jeunes (renverser le capitalisme c'est pourtant simple, pourquoi n'y avait-on pas pensé ? Ils sont cons les gens, pourquoi ils renversent pas le capitalisme?)
Inversement,
le graphisme peut être réussi et le message raté. C'est le cas de
cet autocollant du PCF, époque mutation Robert Hue. '' Contre
les inégalités il n'y a que l'amour''...autrement
dit arrêtez la politique, rentrez chez vous et écrivez des poèmes
(imaginez la gueule des vieux stals découvrant leur nouveau matériel
de propagande).
Ils se sont
améliorés avec celui-ci : un slogan, un appel, une illustration, un
logo (le slogan en plus gros n'aurait pas été de trop).
Les autocollants de
nos amis redskins de Limoges sont très esthétiques, mais ne portent
aucun message politique. Ici la fonction est le marquage de
territoire (et de se faire plaisir avec du folklore).
Cette série
d'autocollants du NPA, quand à elle, est réussie : message clair,
charte graphique qui revient en série, couleur voyante sans être
ruineuse en frais d'impression puisqu'il n'y en a que deux.
Comme exemple
d'autocollant austère, en voici un du Monde Libertaire. Honnêtement,
qui va le lire ?
L'autocollant des
Jeunes Communistes est graphiquement intéressant. Il fait partie
d'une série comprenant culture, social et économie déclinée dans
un tambour de machine à laver, intéressant sauf que... la seule
phrase qui se voit de loin sur les autocollants, ou sur les affiches
équivalentes, est ''Le FN n'a qu'un programme''. Ce qui peut prêter
à confusion, vu la taille ridiculement petite du logo des JC, et qui prêta
à confusion. Cela valu à l'auteur de cet article d'être coursé
par des antifascistes sur un malentendu. Quinze ans plus tard c'est
drôle, à l'époque, nous fûmes quelques-uns à qui la même
mésaventure est arrivée, qui eurent envie de faire bouffer ces
affiches à son concepteur.
Pour terminer,
juste pour la nostalgie d'une organisation désormais défunte.
En conclusion, l'autocollant politique est un petit outil d'appui à la communication d'une orga. Il fait partie du matériel de base de tout militant. Moins pénible et moins long à coller qu'une affiche, il peut être une petite œuvre d'art en soi. A condition que son concepteur ait de l'imagination et quelques notions de communication.