jeudi 2 novembre 2017

Pour une éducation politique aux médias et à l'information 2/2

Comment faire, foutre dieu, pour être sûr de ne pas relayer une information issue d'un site de fachos, ne pas gober une théorie du complot ou perdre son temps à polémiquer avec des contacts naïvement confusionnistes ?

Nous n'avons bien sûr pas de recette miracle mais on peut apprend à lire des informations avec une gymnastique un tant soit peu rigoureuse. Quatre critères doivent être évalués pour tout article pioché au hasard des clics internet : pertinence, actualité, fiabilité et qualité.

Pertinence : l'article présente-t-il une vraie originalité ou défonce-t-il une porte ouverte ? Où l'auteur veut-il nous amener ? Quels sont ses conclusions ? Des faits observés par un site complotiste ou d'extrême-droite n'ont-ils pas des sources à gauche ? Si oui, pourquoi alors passer par un filtre d'extrême-droite ? Il ne faut pas se limiter à certains mots-clés marqués à gauche tels « anti-impérialisme » « peuple » « anticapitalisme » « anti-libéral »... On le voit avec le mot « élite » qui est désormais dénoncé par les « élites » elles-mêmes.

Actualité : il faut repérer l'âge de l'information. Ne pas confondre la date de création ou de la mise en ligne et la date de l'information. Pour les statistiques, les études sociologiques, la date est primordiale et périme assez vite.

Fiabilité, crédibilité : Une info sans auteur n'est pas recevable, point barre. Rappelons qu'un auteur peut être une personne physique, un groupe de personnes, une organisation ou une institution. Un site relayant une fausse information sans rectifier son erreur ultérieurement est un site à bannir. L'erreur est possible pour n'importe quel média, mais elle doit être corrigée. Dans le cas contraire, il s'agit au mieux d'une désinvolture, au pire d'une tentative délibérée de désinformer. La source dévoile-t-elle une information extraordinaire non relayée par la presse institutionnelle, même pas une petite dépêche AFP ? Ça peut arriver mais c'est peu probable.

Qualité : l'article est-il une étude étayée d'exemples, de témoignages ou est-ce un coup de gueule ? L'auteur décrit-il des faits ou exprime-t-il juste son opinion ? Fait-il dans le sensationnel ? Tente-t-il de culpabiliser les lecteurs ou de les mettre dans la confidence ? Est-ce un vocabulaire descriptif ou émotionnel ? L'orthaugraffe es 1 undikateur 2 sérieu ou pas du travail 2 l'oteur.

En plus de cette discipline individuelle, s'informer est aussi une démarche collective. Nous évoquions dans la première partie de cet article la perte du rôle de média des organisations politiques mais celles-ci peuvent encore servir d'intermédiaires entre info et militants. Des commissions peuvent élaborer des revues de presse et des bibliographies qui seront diffusées aux adhérents. La validation de l'information se fait ainsi de façon collective avec des grilles de lectures conformes aux valeurs communes d'une orga.

Ne jamais omettre non plus de faire un « point actualité » (locale, nationale, internationale) lors de chaque réunion. Les adhérents n'ont pas toujours l'occasion de traiter politiquement l'actualité en dehors de ces moments. C'est là qu'on peut discuter et débattre. Cela permet de s'accorder entre militants.

Ainsi une fois avoir accepter l'idée que la politique n'est ni un hobbies ni une compétition sportive, il est possible de s'affranchir des embrouilles décuplées par l'univers d'internet. En respectant quelques règles de lectures, chacun peut être autonome dans sa recherche d'information. Les organisations politiques ou syndicales deviennent prescriptrices de sources d'informations fiables. Ce n'est bien sûr pas une science exacte. Vous êtes seuls à décider si vous vous contentez de rumeurs et de médiocrité ou si vous construisez vos connaissances sur des références de qualité qui rendront ainsi votre travail militant plus crédible et reconnu.

Inutile de nous remercier.

Ps : voici quelques ressources pas dégueu pour se former : http://www.acrimed.org/-Education-aux-medias-