mardi 26 février 2013

"En un combat douteux"

En un combat douteux est l'histoire, racontée par John Steinbeck, de deux permanents du Parti Communiste Américain, Jim et Mac partant impulser une grève chez les travailleurs saisonniers qui récoltent les fruits dans les vallées californiennes. Nous sommes dans les années 1930, l'épopée du Far West est à peine terminée, ces travailleurs saisonniers sont le sous-prolétariat américain, des Rednecks, itinérants, déclassés et inorganisés. On imagine sans peine une B.O. avec des airs de Pete Seeger et Woody Guthrie venant illustrer ce monde

Mac, militant expérimenté, forme Jim nouvel adhérent. Ils ont un plan déjà bien rodé pour organiser la grève : se faire accepter des travailleurs, repérer des leaders issus du rang puis créer une situation de conflit qui soulèvera la masse. Ils n'écartent pas – bien au contraire – des risques de dérapage. L'issue du conflit ira bien au delà de leurs craintes, ou de leurs espoirs, question sacrifice.

Comme les autres romans de Steinbeck, nous nous trouvons entre fiction et reportage. Les deux héros ont certainement eu des référents qui ont servis de modèle à l'auteur. A la première lecture, les militants gauchistes que nous sommes peuvent être séduit par l'activisme dévoué de ces deux personnages. Ils font ce qu'une majorité d'entre nous seraient incapables de faire. Ils correspondent au schéma du révolutionnaire voulu par Lénine dans son ouvrage Que faire ? Ce sont des militants professionnels, salariés par le Parti. Ils sont totalement engagés pour LA cause, ils prennent des risques, ils sont courageux. Et du courage il en fallait à cette époque pour affronter les propriétaires américains et leurs milices de cow-boys. Le Far-West finissant ressemble encore par bien des côtés au système féodal européen : il y a le seigneur local, ses mercenaires et ses serfs. Gare à ceux qui osent contester l'ordre établi, nombreux sont les syndicalistes qui ont ainsi fini au bout d'une corde. Reportez-vous à Une Histoire populaire des États-Unis d'Howard Zinn pour en savoir plus sur cette période. Jim et Mac sont tels des paladins tout en abnégation, allant de combat en combat, portant la bonne parole. Leur Graal c'est le socialisme.

Mais nous pouvons faire une deuxième lecture. Ces hommes n'ont ni famille ni amis. Ils mènent une vie de spartiates. Leur camarades meurent sous les coups de la police et ils savent que l'issue de leur activisme s'arrêtera de cette façon là pour eux aussi. Leur militantisme est un chemin de croix. De plus, les premières discussions auxquelles nous assistons à propos de l'organisation de la grève montrent un profond cynisme chez ces militants. Ils n'ont aucune compassion pour les ouvriers qu'ils envoient au casse-pipe. Ils estiment que les sacrifices qu'ils s'imposent sont acceptables pour tous, quelque soit leur situation sociale ou familiale. Les ouvriers ne comptent pas individuellement. Les révolutionnaires montrent là leur ambivalence : ils promettent le succès aux grévistes mais une défaite ne serait pas pour leur déplaire. Si la grève finissait en tragédie, elle mobiliserait les consciences ouvrières pour d'autres combats, encore et encore. Le mouvement ouvrier n'est plus un moyen pour se libérer mais sert à s'auto-alimenter.
Nous pouvons reconnaître aujourd'hui encore à travers ces portraits, des militants contemporains. On ne contestera pas qu'ils ou qu'elles donnent beaucoup pour leur convictions qui sont aussi les nôtres, mais... est-ce à cela que l'on veut ressembler ?

Le rôle de la politique n'est-elle pas de rassembler autour d'un projet des gens d'horizons différents qui se reconnaissent dans ce projet ? Qui peut bien être attiré par ces ''moines-guerriers'' sinon d'autres solitaires prêt au sacrifice ? Nous revenons ainsi à une formule déjà énoncée sur ce blog, à savoir « peut-on prêcher l'émancipation sans être émancipé soi-même » ? Les militants monomaniaques font-ils envie ?

Pour nous, anarcho-droitiers, la question ne se pose même pas. Lisez donc En un combat douteux de John Steinbeck que vous doutiez ou non de votre réponse.

mardi 19 février 2013

Lexique V

Retour sur des termes employés dans les derniers billets :


Jaune : historiquement couleur désignant les syndicats refusant la grève comme mode d'action et plus généralement la confrontation avec le patronat ou les institutions. Plusieurs versions coexistent quant à l'origine de ce qualificatif coloré. Les non-grévistes du XIXe siècle arboraient la fleur de genêt comme symbole (donc jaune) ; le jaune est également associé à la couleur pontificale, utilisée par les catholiques pour contrer la gauche rouge. On parlait aussi des jaunes pour désigner la main d’œuvre bon marché venue de Chine en Californie dans les années 1870, que le patronat utilisait pour casser les salaires et briser les syndicats. Il y eu une Fédération Nationale des Jaunes de France entre 1902 et 1912 crée par Pierre Biétry, d'extrême-droite et très antisémite, et dont la devise était « Travail Famille Patrie ». Toujours est-il que c'est un terme un peu désuet aujourd'hui qui n'est pas toujours compris des salariés. Il fait partie du jargon propre des militants. Cependant (volte-face des rédacteurs de cet article), on a pu observer lors des récentes manifestations à PSA que les braves cadres dévoués à leur entreprise qui se sont mobilisés pour empêcher les grévistes de pénétrer dans les ateliers portaient... des chasubles jaunes. Comme quoi le folklore persiste des deux côtés de la barricade.

MRAP : acronyme pour Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, organisation qui vieillit mal.

PRCF : acronyme pour Pôle de Renaissance Communiste en France, autrement dit :  « le parti communiste français c'était mieux avant, quand on pouvait péter les genoux des trotskistes sans choquer personne et que quelqu'un avait la politesse de répondre quand on téléphonait à Moscou ».

SCALP : acronyme pour Section Carrément Anti Le Pen. Si on définit cette orga comme l'extrême-gauche culturelle, est-ce qu'on va se faire pourrir la tête dans les commentaires ou pas ? On dit ça sans trop d'ironies, car le SCALP a été le fournisseur de milliers de lycéens rebelles en matériel militant vendu par correspondance : autocollants, badges, T-shirt, affiches, drapeaux... Et c'est bien d'avoir du matériel à disposition quand on est isolé. Même si, là encore, on est les deux pieds dans le folklore gauchiste des A cerclés et des T-shirts Che Guevara, mais quand on est lycéen ou lycéenne, on a encore le droit.

UNEF-ID : acronyme pour Union Nationale des Étudiants de France Indépendante et Démocratique. Pépinière pour le parti ''socialiste", vous plantez un arriviste il pousse un bureaucrate. A abandonné les termes d'indépendante et démocratique en 2001parce que ce n'était absolument plus crédible.

vendredi 15 février 2013

Aux origines (partie 3)

Résumé des épisodes précédents : Guillaume et Romain ont remonté le temps pour se rendre à un concert des Wampas. Devant l'entrée ils ont rencontré leurs homologues, douze ans plus jeunes. Tandis que Guillaume tente de raisonner son double par rapport à la boisson, Romain feuillette la presse syndicale étudiante de l'époque.

Romain : c'est vraiment nécessaire une page entière de votre guide pour dire tout le mal que vous pensez de l'autre syndicat, l'UNEF-ID ?

Romain bis glacial : oui c'est nécessaire. Les étudiants doivent être informés des magouilles de ce syndicat social-traitre.

Romain : Vous savez que 99 % des étudiants s'en foutent de vos querelles inter-syndicales ?

Romain bis : vous ne seriez pas au PS des fois, vous-deux ? Vu comment vous êtes sapés ça m'étonnerait pas.

Romain à Guillaume : retiens-moi sinon je vais lui... je vais m'en coller une.

Guillaume : doucement les minots. Et si au lieu de se déchirer en public toute l'année devant les étudiants, vous proposiez un travail unitaire à l'UNEF-ID ? Jouez aux gentils, proposez leur de se positionner clairement contre les réformes universitaires. Soit ils acceptent et cela vous renforce soit ils refusent et cela sèmera le doute chez certains de leur militants. Mais tant que vous les agresserez, ils ne viendront pas vers vous.

Les deux étudiants éclatent de rire

Guillaume bis: une intersyndicale avec les jaunes ? Et pourquoi pas avec les flics aussi ? Nous sommes le syndicat des luttes, jamais !

Romain bis : on est tombé sur deux gros tièdes. Sérieux, vous êtes à l'UDF ou quoi ? Mon camarade vient de vous dire qu'on est un syndicat de luttes. Moi je ne discute plus avec vous, vous êtes sur une position trop droitière pour qu'on se comprenne.

Guillaume bis : ''On ne fera pas la Révolution en gants blancs'' disait Lénine...

Guillaume à Romain : ils répètent en incantation ''le syndicat des luttes'', ils font des citations des ''grands anciens'', ils coupent court aux discussions en nous taxant de ''droitier'', ils portent des badges à étoiles rouges... ne me dit pas qu'ils...enfin que nous étions des …

Romain : … des curés rouges, si, on a la preuve sous les yeux !

Guillaume consterné et énervé : nom de dieu, quelle horreur ! Il se dirige vers son double Écoute moi bien bonhomme ! Vous vous êtes regardés ? Vous ressemblez à des militants gauchistes, certes, mais pas à des étudiants. Honnêtement qui va s'identifier à votre folklore ? Vous fantasmez de créer une organisation de masse, commencez par ne pas vous couper de ces masses par l'apparence et le jargon...

Guillaume bis : dis donc papy...

Guillaume : ta gueule ! Tu as des Playboy planqué dans ta chambre de cité U, ça intéresserait sans doute tes copines de la commission antipatriacat.

Guillaume bis : …

Guillaume : Vous n'essayez pas de convaincre, vous cherchez un groupe pour vous tenir chaud, c'est pas ça militer ! C'est bien dans un concert de punk que vous trouverez le plus d'auditoire !

Romain le tirant par la manche : c'est pas la peine de t'énerver, Guillaume. Au contraire, c'est plutôt encourageant. Même des curés rouges en apparence bornés peuvent évoluer. On en est la preuve... Allez viens, je te paie une bière au Cavern Club en 1963...

Comme disent les neuneus conspirationnistes, les images parlent d'elles-mêmes :


 
Pendant ce temps-là en 2001

Guillaume bis : dis Romain, je repense à ce que disait le vieux qui portait le même prénom que moi tout à l'heure. Et s'il avait pas complétement tort ?

Romain bis : mais non ! Te prend pas la tête, t'es trop bourré ! Viens plutôt m'aider à ranger les drapeaux.

Guillaume bis : faudra quand même que j'y réfléchisse... à jeun... il s'endort.


FIN

jeudi 14 février 2013

Aux origines (partie 2)

Résumé de l'épisode précédent : Marty McFly, un vieux copain de Guillaume, a prêté sa DeLorean aux deux anarcho-droitiers pour qu'ils puissent voyager un peu dans le temps. Guillaume en profite aussitôt pour retourner voir un concert dont il avait jadis raté la fin.

On retrouve nos deux héros à l'entrée du Pink Palladium le 27 mai 2001 au soir.

Romain : je le crois pas ! Ce type a le pouvoir de modifier le cour de l'Histoire et tout ce qu'il trouve à faire c'est de retourner voir un concert débile !

Guillaume : ah mais ça c'est juste un amuse-bouche. Après on part à Woodstock, après on ira voir les Clash à Rock Against Racism Carnival en 1978, et pour finir on ira au Cavern Club voir les Beatles.

Romain : mais est-ce que j'ai dit à un moment ou à un autre que j'étais d'accord pour te suivre ?

Guillaume : oh regarde ! Il y a des stands d'associations. Je vais prendre des autocollants pour mes archives.

Les deux anarcho-droitiers circulent à travers les stands, on y trouve le MRAP, Le Planning Familial, des pro-palestiniens qui soutiennent la seconde Intifada, un collectif d'alter-mondialistes qui tente de mobiliser contre le prochain G8 à Gênes...Soudain ils stoppent devant une table d'informations. Deux jeunes étudiants distribuent des tracts à côté. Le premier est barbu, le second porte les cheveux longs. Tous deux sont très mal habillés : T-Shirts du SCALP trop larges, vestes militaires, jeans délavés, lacets rouges...

Un des deux militants : bonsoir messieurs, vous voulez soutenir le syndicalisme étudiant de luttes ?

Guillaume et Romain en même temps : putain mais...c'est nous !!!

Romain : oh non ! J'avais effacé cette tête de ma mémoire.

Guillaume : pas moi, je me rappelais très bien de ta tronche de poète maudit.

Romain : et toi tu t'es vu, l'homme des cavernes ?

Guillaume s'adressant à leurs doubles : alors les jeunes ? Parlez-nous un peu de votre syndicat. Quelles sont vos activités en ce moment ?

Guillaume bis déjà passablement éméché : ben... en ce moment on relaie une campagne de pétition pour que le président colombien Pastrana il libère les prisonniers FARC.

Guillaume : mais... quel rapport avec le syndicalisme étudiant ?

Guillaume bis : ben... disons que l'Université c'est pas un monde clos... elle doit être ouverte sur le monde.

Romain bis : et puis on estime que c'est aussi le rôle d'un syndicat étudiant de lutte d'être un médiateur entre les étudiants et les luttes politiques dans la société et le monde.

Romain : C'est bien joli tout ça, mais à voir votre table d'info, ce ne serait pas un peu déséquilibré entre votre rôle de médiateur des luttes et celui de syndicat ? Outre cette pétition, je vois un tract sur la déconstruction des genres, des livrets sur le commerce équitable, des badges ''Skinhead against techno''... il est où votre matériel syndical ?

Romain bis : on a un guide étudiant. Il en tend un aux deux anarcho-droitiers.

Guillaume bis qui s'affaisse de plus en plus sur la table : si vous avez dix francs pour nous aider à le financer, n'hésitez pas. Hic !

Guillaume : toi Guillaume tu devrais arrêter de tourner au Kalimoxo*. D'ici une heure tu vas le regretter.

Guillaume bis : oh eh...doucement papy... je tiens la picole moi... et puis comment tu connais mon prénom ?

Suite et fin de cette palpitante aventure demain...

* Kalimoxo : boisson en vogue dans les bals du pays basque, composée d'un mélange de vin rouge premier prix, de coca-cola et de beaucoup de glaçons, parfaitement CA EXISTE !

mercredi 13 février 2013

Aux origines (partie 1)

Romain : alors ? Elle est où cette surprise que tu veux absolument me montrer ? Avec toi je m'attend toujours au pire.

Guillaume : patience! ''Il'' devrait être là dans quelques instants. Tu vas être sur le cul, j'aime autant te le dire. C'est la solution à tout nos problèmes. ''Il'' va arriver dans 5,4,3,2,1... maintenant !

Dans la rue, on entend soudain des crissements de pneus. Puis on sonne à la porte.

Guillaume : la ponctualité c'est facile pour ''lui''. Il ouvre, un jeune homme se tient dans l'entrée. Il porte une coupe de cheveux rétro, une chemise à carreaux et un gilet sans manche. Hello Marty my friend ! How do you do ? Did you have a nice trip ?

Marty : hi William ! Nice to see you ''vieille bwanche''. Did you put on some weight ?

Guillaume : Romain je te présente un vieux pote à moi, Marty McFly. Marty voici Romain. Take a beer in the fridge and sit down please.

Romain : je ne sais pas ce qui me surprend le plus : que Marty McFly existe pour de vrai ou que tu sois capable de parler anglais ?

Marty : there're the keys. Be careful with the third gear. You have to push it a little bit..

Il tend un jeu de clés à Guillaume

Romain : sinon qu'est-ce que...? est-ce que je peux savoir de quoi...?

Guillaume : Marty vient de nous prêter la DeLorean pour voyager dans le temps. Tu penses à ce que je pense ?

Romain : mais oui ! C'est génial ! On va pouvoir changer le cour de l'Histoire ! On peut empêcher l'assassinat de Trotsky le 21 aout 1940... ou... ou même l'assassinat de Jaurès le 31 juillet 1914 ou si on veut pas trop perturber le continuum spatio-temporel on peut retourner au congrès de fondation du NPA en janvier 2009 et on va dire à Besancenot que...

Tout en parlant, nos deux héros sortent de leur bureau et vont s'installer dans la DeLorean

Guillaume : ah non, je pensais pas du tout à ça. Remarque je dis pas que c'est pas intéressant tout tes trucs, mais il y a des priorités. Je prend le volant si tu permets, de toute façon tu n'as pas le permis.

Romain : ah ? Et on va où alors pour commencer ?

Guillaume : le 27 mai 2001. En route ! Marty m'a dit 88 miles à l'heure, ça fait du 142 km/h, heureusement qu'il n'y a pas de radars dans la rue.

Guillaume fait chauffer le moteur, accélère en maintenant le frein à main levé. Les pneus crissent, le moteur gronde.

Romain crispé sur son siège : qu'est-ce qu'elle a d'importante cette date ?

Guillaume : il y a, jeune béotien, les Wampas qui jouent au Pink Palladium, et ce soir-là j'ai raté la moitié du concert à cause de... d'un alcool certainement frelaté. J'en ai toujours gardé un profond regret, aujourd'hui je veux voir la fin.

Il baisse le frein, la voiture bondit, des éclairs jaillissent . Arrivés au bout de la rue, la DeLorean et ses deux passagers disparaissent.

(La suite demain...) 


dimanche 10 février 2013

Touche pas au grigri, salope !

Au départ, un congrès en chassant l'autre, après celui du NPA, on devait vous parler du congrès du PCF qui se tient ce week end. On serait revenu sur la culture PCF dont on a déjà parlé ici, on aurait relayé cet article du Canard Enchainé du 9 janvier 2013 évoquant le népotisme du parti, on aurait fait des calembours super drôles et on se serait moqué de la moyenne d'âge des militants parce que c'est facile.

Seulement voilà, on est tombé sur cet article de Rue 89 repris par de nombreux médias qui n'ont rien à foutre du fond politique du congrès et préfèrent s'arrêter sur l'anecdotique. Drame, horreur, panique dans les cellules du parti, la faucille et le marteau ont disparu des cartes d'adhésion, remplacés par le logo de la Gauche Européenne !

Le site de L'Humanité a beau relativiser l'évènement, les commentaires des internautes disent le contraire. Leur lecture vaut d'ailleurs le détour. Ce thème nous permet de revenir sur une des clés de voute de l'anarcho-droitisme : stop au folklore.

C'est le point 2 du descriptif du curé rouge : « Le curé rouge a parfois besoin d'un « grigri » qui le rassure : un badge à l'effigie d'un de ses héros, une petite étoile rouge, un A cerclé, un bouclier de Vénus, un sigle antifasciste... »

Le PCF avait déjà abandonné l'outillage sur ses publications externes, tracts et affiches depuis le début des années 90. Qu'on se rassure, le PRCF ou les JCML-ROCML l'ont encore (attention aux yeux si vous cliquez sur ce dernier lien, on vous aura prévenu). Du coup, c'est pratique, le sigle communiste old school permet d'identifier d'un coup d'œil les nostalgiques, les pétés du casque ou autres révisionnistes.

Alors on va nous répondre que c'est le symbole des travailleurs et que c'est important d'avoir une contre-culture commune entre militants. Sauf que quand même, la faucille et le marteau, ça a pris un sacré coup de vieux en terme de marketing politique. Ce fut aussi le symbole d'États bureaucratiques et totalitaires qui n'ont pas laissé que des bons souvenirs chez les travailleurs concernés. En termes de références politiques et historiques c'est pas le top.

Combien de temps de discussion perdus à se justifier que « oui, on est communiste mais que c'est pas pareil que l'URSS » ? Comment de temps consacré à expliquer la forme au détriment du fond ? Rappelons ici un principe fondamental de toute communication publique : « Ce qui est évident n'a pas besoin de s'énoncer ». Si vous êtes communiste, votre discours devrait suffire à vous identifier sans avoir besoin en plus de rajouter un indice visuel.

Bref, ce genre de symbole issu du passé est un moyen supplémentaire de se distinguer du prolo ordinaire. Et ''distinguer'', étymologiquement vient du latin distinguere qui signifie séparer, diviser, différencier. On établit une distance alors qu'il faut convaincre qu'on est du même bord, que nous avons des intérêts communs.

Mais, ceci dit, que resterait-il à de nombreux gauchistes si on leur enlevait tout le folklore ?



mercredi 6 février 2013

Suite au 2ème congrès du NPA, retour sur la plus grande catastrophe pour l'extrême-gauche depuis la fin de la Commune de Paris


Nous avons le plaisir d'accueillir un petit nouveau au sein de l'équipe anarcho-droitière. Membre du NPA, vous ferez sa connaissance sous son pseudo pour des raisons évidentes de sécurité. Nous le nommons dès à présent notre consultant NPA. Voici Plekszy-Gladz :

Je prend la plume numérique pour apporter ma contribution à cette grande œuvre historique que sera le Fight Club Anarcho-droitier. Contrairement aux deux pères fondateurs de ce fleuron de la pensée subversive, je n'ai pas trahi je n'ai pas fui mes responsabilités je suis encore et toujours au NPA. Pourquoi ? L'explication mériterait un article à part entière.

Toujours est-il que nous avions notre second congrès le week-end dernier. Qui dit congrès dit préparation de congrès et congrès locaux, avec étude des plates-formes et amendements. Point de numéro aux plates-formes cette fois-ci, nous avions des lettres. Il y avait donc la PW, la PX, la PY et la PZ. Traduction pour les lecteurs et lectrices du blog : La PX était la plate-forme défendue par Poutou, Krivine et Besancenot (pardon : par Philippe, Alain et Olivier), la PY correspond à l'ancienne loge P2, les P4 sont désormais les zozos de la PZ.

Quand à la PW (prononcez la ''piwi'') j'ai d'abord cru que c'étaient les anarcho-droitiers qui étaient de retour ou qu'ils avaient du moins pris possession du corps de Philippe Corcuff. Notre camarade, déçu du résultat des votes quitte le parti anticapitaliste pour la Fédération Anarchiste, si c'est pas un anarcho-droitier qui s'ignore, je ne sais pas ce que c'est. La piwi rassemble donc les f... fidèles ou les frileux, aux choix, ex-GA restés au NPA. Une vaste blague en somme.

Vous l'aurez peut-être déjà deviné, je me suis abstenu sur le vote des plates-formes. Les abstentions, à ma grande surprise, ont été très peu nombreuses (en même temps se taper 60 balles de rappel de cotisation pour pouvoir s'abstenir, faut être maso). 18 abstentions sur 1590 votants.

En effet, ceci est le nombre de votants au deuxième congrès du NPA sur un effectif de... 1962 adhérents au 27 janvier 2013. Les 2500 adhérents avancés pour la presse bourgeoise sont un arrondi fait à la truelle. Nous sommes loin des 10 000 adhésions et 460 comités de bases de la fondation. Dur dur !

D'où deuxième chiffre surprenant, le taux de participation aux votes : 81 %. Dans les autres partis les votes internes tournent généralement entre 40 et 60 % de participation, c'était le cas au NPA auparavant. Seul Lutte Ouvrière fait mieux. Les curés rouges voulaient un parti de militants purs et durs, c'est fait, sauf qu'il ne reste plus que ça (à part moi peut-être).

Résultats des courses : la PX en tête avec 51% des voix, suivie de la PY avec 32 % puis la PZ presque 9% et la PW 7 %. Des copains du CPN nous disaient que ''oui, il y a toujours quatre plates-formes de congrès, mais les positions défendues sont très proches les unes des autres, ce qui illustre bien la nouvelle cohésion du parti.'' T'as raison mon gros, il y a 51% du parti qui défend une ligne révolutionnaire stricte et 41 % qui trouve que ce n'est ni assez révolutionnaire ni assez strict.

Il est loin le temps où Besancenot rassemblait un million cinq cent mille voix, ils sont loin les espoirs que suscitaient la création d'un parti anticapitaliste de masse qui faisait trembler le PS. La LCR n'aura même pas réussi un relookage puisque nos effectifs sont retombés au niveau de la LCR d'avant l'effet Besancenot. Son chant du cygne aura été, à mon avis, les municipales de 2008...

Mais Guillaume et Romain me font signe que le nombre de caractères qui m'étaient impartis est atteint pour ma première copie... à moins que ce soit l'heure de l'apéro.
Je reviendrai bientôt vous narrer les aventures du NPA, et j'aurai du lourd, du très très lourd.

vendredi 1 février 2013

Vive les policiers !

Et les gendarmes.

Suite de l'article Vive la Police ! 

Autre folklore tout mignon mais oh combien décrédibilisant : la pseudo-haine du flic contemporain. Que ce soit les vieux militants qui ont connu la police française époque guerre d'Algérie, où se faire péter les dents dans un commissariat ne choquait aucun honnête citoyen, cela se comprend. Mais que ce soit des minots qui n'ont jamais eu à faire aux forces de l'ordre en dehors de quelques gaz qui piquent les yeux ou d'une malheureuse petite clé de bras, ce n'est pas sérieux.

Loin de nous de nier qu'il existe des bavures, plus fréquentes en France qu'ailleurs à ce propos. Loin de nous de nier que certains flics, gendarmes et bidasses, en nombre indéterminé, s'engagent pour sauver la France de l'islamo-bolvéchisme. Mais tout ceci ne fait pas une généralité monolithique.

Les poulets sont des hommes et c'est tant mieux. C'est pour cela que certains (beaucoup ?) dérapent, c'est pour cela que d'autres pourraient nous rejoindre. Les ratonnades d'octobre 1961 ont été dévoilées et dénoncées par des policiers républicains choqués de l'attitude de leurs collègues.

Or quelle orga politique de gauche adapte un discours à destination des forces de l'ordre (nous posons vraiment la question à nos lecteurs, ce n'est pas une simple tournure rhétorique) ? C'est pourtant bien les trostkos qui se distinguaient en imprimant des tracts en allemand pendant la Seconde Boucherie Mondiale du style : '' Camarade, sous ton uniforme tu restes un prolétaire''. Alors si on l'a fait avec des soldats boches, on pourrait bien le faire pour des flics de chez nous.

D'autres n'ont pas ces réserves. Les tracts du Front National arrivent dans les boîtes aux lettres des commissariats et des gendarmeries. Ils reçoivent également les vœux de Le Pen ou du responsable FN local. Par contre les contacts avec l'extrême-gauche c'est dans les manif. Et il faut arrêter de fantasmer : le coup de la crosse en l'air, la troupe qui fraternise avec la foule, cela arrive une fois par siècle, c'est tout. C'est encore moins évident quand en plus on passe du temps à les traiter de chiens ou de CRS-SS.

Nous avons plusieurs potes qui après un bac +2 sont partis dans la police ou dans la gendarmerie, ce n'étaient pas des fachos. Juste des gars et des filles qui cherchaient un boulot stable et bien payé et qui n'avaient pas envie de passer des années à naviguer entre CDD, chômage et intérim.

''Oui mais ces types répriment le mouvement ouvrier, ce sont des mercenaires qui ont trahis leur classe sociale,'' intervient Aristo de Gauche. Alors nous, on a du mal à voir lorsque des gendarmes font souffler les conducteurs dans un éthylotest, où est la ''répression du mouvement ouvrier''. Quand aux CRS qui virent les ouvriers occupant leur usines, par exemple, ils font leur boulot comme les militants font le leur. Les vrais salauds sont les donneurs d'ordres, les pondeurs de circulaires iniques, les statisticiens de la chasse aux sans-papiers.

L’État et le patronat n'ont pas besoin de la police pour casser les mouvements sociaux, les journalistes, les chroniqueurs économiques et les syndicats traitres font ça de manière beaucoup plus efficace.

Donc encore un folklore à déconstruire dans nos rangs. Adressons-nous aux flics et aux gardiens de prisons comme on s'adresse aux autres secteurs professionnels. Après un courant anarcho-droitier, à quand une CNT Police ?