samedi 5 mars 2016

Petite recette pour de bons blocages

Vu qu'il y a, à nouveau, du conflit social à grande échelle dans l'air, (putain qu'est-ce que ça va faire du bien !) nous exhumons un article proto-anarcho-droitier, écrit en 2010 pour d'autres blogs. Ce sont là quelques modestes munitions que l'on offre à ceux qui vont se lancer dans la bagarre : pas de quartier !!!

En ces périodes de conflits sociaux, l'utilisation de méthodes de blocages mérite que l'on réfléchisse un peu à ses modalités d'application.

Étudiants, salariés, chômeurs, activistes ou gauchistes, nous avons un paradoxe à surmonter : c'est nous les gentils et pourtant nous mettons en place des actions qui gênent la population, pouvant susciter l'incompréhension voir pire : nous faire passer pour des méchants.

Revenons sur le rôle d'un blocage. Bloquer une route, une voie ferrée, la sortie d'une raffinerie permet de se faire remarquer et de ralentir ou stopper l'économie. Il s'agit de porter des coups à l'État et au patronat. Bloquer un lycée ou une fac permet de se faire remarquer et de libérer du temps pour pouvoir s'impliquer dans le mouvement de contestation sans qu'aucun élève ou étudiant ne soit pénalisé. Les cours étant suspendus, chacun peut alors choisir librement, sans pression, de rejoindre la mobilisation ou d'attendre son dénouement. Bloquer un lieu de travail réunit les deux motifs évoqués à l'instant.

La sympathie à l'égard d'un mouvement est un capital qui s'entretient. Plus celui-ci sera élevé, plus les militants seront motivés pour poursuivre l'action, plus l'adversaire sera obligé de se justifier.

Or toute personne normalement constituée qui se voit empêcher de circuler ou de mener à bien ses activités se sent agressée, un peu, moyennement, beaucoup, c'est selon, mais c'est humain. Voici donc quelques règles pour que les blocages se déroulent le mieux possible et atteignent leurs objectifs :

  • sourire et avoir une attitude polie et agréable ( puisqu'on vous dis que c'est nous les gentils !);
  • donner quelque chose : un tract, un café, des friandises. Le don facilite une attitude d'écoute chez celui qui reçoit;
  • expliquer pourquoi on bloque, cela semble évident, mais ça ne l'est pas. Tout notre microcosme militant le sait, mais pas toujours toute la population;
  • expliquer à quoi sert le blocage, dire clairement que ce ne sont pas les usagers qui sont visés par cette action;
  • être conscient et faire prendre conscience à tous les bloqueurs que l'usager n'est pas l'ennemi, même celui qui va râler;
  • l'usager râleur risque parfois de servir de défouloir aux bloqueurs. Il devient l'incarnation physique de l'adversaire invisible que l'on combat depuis des semaines. C'est pourtant contre-productif de s'en prendre à lui. Nous allons utiliser une règle de marketing pour nous expliquer : une personne satisfaite d'une prestation en parle à trois autres personnes, une personne insatisfaite en parle à douze. De plus, les témoins de la scène, restés neutres, peuvent être choqués par la prise à partie d'un autre usager;
Il est alors important d'utiliser des techniques de désamorçage des conflits (il y a plein de bouquins là-dessus) :

  • sourire et avoir une attitude polie et agréable (on l'a déjà dis ? Ah bon, ben on le redit)
  • donner d'abord raison en partie au râleur (ou à la râleuse) : '' je suis d'accord avec vous, cela gène, mais nous sommes obligés de le faire …'' ou '' je comprend ce que vous dites, mais …''. Si vous semblez d'accord avec votre interlocuteur, avec un ton de voix modéré, celui-ci a moins de raisons de surenchérir ou de hausser la voix;
  • minimiser la gène : '' cela ne va pas durer longtemps, ne vous inquiétez pas...''
  • ne laisser jamais un camarade isolé pris à partie. Le rejoindre pour l'entourer. L'effet du nombre calme souvent les esprits bien échauffés;
  • utiliser l'humour;
  • on peut même utiliser la fibre patriotique :'' Comment ça vous êtes prise en otage madame ? Un peu de décence voyons! Pensez à nos compatriotes qui sont [étaient], eux, vraiment pris en otage en Afghanistan. Ils aimeraient être à votre place. Vous me choquez, je ne vous parle plus...''

On oublie certainement beaucoup d'autres ''trucs''. Un blocage permet enfin de faire prendre conscience aux usagers des problèmes politiques et sociaux qui se posent. Il les obligent à se positionner.

Bon bien sûr, si on tombe sur des vraiment gros cons [pro-réformes, pro-Medef], on peut et même on doit devenir méchants, parce qu'on a jamais dis non plus qu'on était des anges...

"La barricade ferme la rue mais ouvre la voie" Pau 2006