mardi 28 février 2012

Renaud, Jung, Hugo et les autres.


Il est temps de dévoiler un nouveau secret. Il s'agit d'un complot national jusqu'alors bien gardé. Mais après une longue enquête, déguisés tour à tour en producteurs de disques, en groupies, ou en tabourets de bar, après l'audition de centaines de témoins dont la mère à Titi, Gérard Lambert ou Germaine, nous sommes en mesure d'affirmer, avec des kilo de dossiers de preuves à l'appui, que le chanteur Renaud, notre chanteur Renaud, nous a quitté aux environs de 1995.

Depuis c'est un piètre sosie qui le remplace. Et celui-ci, en plus de chanter comme une casserole, fait n'importe quoi. Déjà en 2005, cet individu avait soutenu le Oui au référendum sur la constitution européenne, cette blague. Notre Renaud à nous n'aurait jamais fait ça. Imaginez comment il aurait volé dans les plumes de ces tristes technocrates. La preuve :''Société tu m'auras pas'' qu'il chantait. Et pensez-vous que le chanteur de ''500 connards sur la ligne de départ'' aurait offert un 4x4 à sa compagne ? Bien sûr que non.

Le vrai Renaud n'est pas mort, bien entendu, mais il serait sur une île près de la Jamaïque avec Elvis et Bob.

Alors certains lecteurs grincheux diront : ''oui mais Renaud même avant 1995 ça jamais été çà. Il a soutenu Mitterrand j'te ferai dire et après Les Verts, bonjour le social-traître''. Nous leur répondrons d'abord d'aller se faire enculer avec de la litière usagée pour chat afin de choper la toxoplasmose, ça les rendra moins tristes. Ensuite nous allons développer le vrai objectif de cet article.

On sait pas vous, mais nous quand on fait connaissance avec quelqu'un ou quelqu'une qui a des album de Renaud chez lui, on se sent déjà un début de connivence. Avoir été bercé durant son adolescence par ''Déserteur'' ,''Mon Beauf'', ''Camarade Bourgeois'' ou ''Hexagone'' vous ouvre la perspective, pas toujours mais souvent, d'un début de culture contestataire (il n'y a pas de quoi non plus devenir un bolchévique, mais en même temps, nous, les bolcho on en a soupé, on en dit pas plus car c'est tout un art de savoir refermer une parenthèse à temps).

Écouter Renaud au collège ou au lycée, quand ses autres camarades de classe écoutent les soupes des radios privées, c'est déjà marquer des points dans le tableau du p'tit contestataire. Pour les moins de trente ans c'est aussi le signe d'une curiosité certaine, celle qui les a poussé à aller fouiller dans la discothèque de leurs parents ou de leurs grands frères et sœurs, et sans préjugés générationnels.

Ainsi les gens qui sont passés par ces démarches se reconnaissent, pour ainsi en revenir à l'idée de connivence. Les chansons de Renaud, comme d'autres, servent ainsi de balises culturelles. Et qu'importe la personne qui chante ces chansons, l'important c'est le personnage qu'il présente et celui que chacun perçoit. En terme de psychologie analytique, Carl Jung appelle ça la persona, du nom du masque de théâtre en Grèce. Replacez le dans un diner, vous aurez trop la classe.

Ce qui marche avec des chanteurs engagés, marche aussi avec des écrivains, des journalistes ou des politiques. Qu'importe le connard qui se cache derrière la persona, c'est le message et l'utilisation que l'on en fait qui compte.

Des exemples de persona, on est tombé sur deux gratinés. En ce moment, à la fin des meeting du Front de Gauche, y a Méluche qui lit des textes de Victor Hugo. Alors on aime ou on aime pas la grande gueule crypto-quelque-chose du Front de Gauche, mais ça fait son petit effet quand même. Quand à Victor Hugo, vous prendrez soin de lire l'excellent petit bouquin de Paul Laffargue La légende de Victor Hugo, puis si vous ne l'avez pas encore fait vous lirez Les Misérables. Parce que, ça aussi c'est une balise de gauche et que ça fait jamais de mal.

Nous, on l'a lu, c'est pour ça que l'on va se réécouter quelques albums de Renaud.

jeudi 9 février 2012

Audacieuse métaphore

- ALERTE ! ILS ARRIVENT !

- Putain, déjà ? On les attendait pas avant demain matin ! Les éclaireurs avaient dit qu’il leur faudrait au moins 5 ou 6 heures de plus pour arriver au gué sur le fleuve.

- Bah ouais mais ils sont là. Et ils sont bien armés, ces cons.

- Bon bah…  A vos postes… Camarade, prend la radio et appelle les renforts...  Restez calmes, on s’est entraînés pour ça, on est préparés, on a des munitions, on devrait pouvoir les contenir en attendant les copains.

(dans le lointain, une colonne d’hommes s’avance, précédée d’un char d’assaut)
 

- Camarade, aurais-tu, je te prie, l’obligeance de bien vouloir me passer le lance-roquette ? Rapport au char d’assaut là…

- Non.

- … euh… pardon ?

- Non, je te passerai pas le lance-roquette.

- Dis, je veux pas paraître par trop autoritaire ni rien, mais c’est pas tellement le moment pour le débat, là. Quand le machin arrivera à portée de tir, vaudrait quand même mieux qu’on soit les premiers à faire feu.

- Ton lance-roquette, il est issu de la production impérialiste d’état, fabriquée dans une usine immonde où les ouvriers sont exploités. C’est dégueulasse, on peut pas utiliser ça.

- …

- On est une armée révolutionnaire, merde, on peut pas se permettre de collaborer à ce genre de choses. Sinon quoi ? On commence comme ça, on finit par se faire acheter par les pourritures d’en face.

- Ecoute, camarade, je veux pas te brimer dans l’expression démocratique de ton ressenti militant, mais on va sans doute tous crever si tu continues tes conneries… ALORS TU ME PASSES LE LANCE-ROQUETTE ET T’ARRETES DEUX MINUTES DE M’EMMERDER !

- Non.

- Mais putain, si on reste là comme des cons, alors que les autres fascistes avancent, on va se faire rôtir comme des lapins de garenne ! T’as quand même pas envie de crever, si ?

- Rien à foutre, je suis prêt à mourir pour mes idées. Et puis, pour être sûr qu’on se salirait pas à utiliser cette machine de mort, j’ai pas pris les roquettes, d’abord.

- Tu… tu… tu quoi ?!?...

(Le sous-officier démocratiquement élu, mandaté et révocable de l’armée révolutionnaire se passe une main lasse sur le visage et souffle très fort.)

- Écoute, camarade… On a presque gagné. Les espions sont formels, c’est leur dernière percée, ils sont presque désespérés. Ils ont même tellement de déserteurs qu’ils ont été obligés d’enrôler des gens de force dans les derniers villages qu’ils occupent… Tu veux les laisser passer tranquillement ?

- Ah bah voilà ! En plus ! Non seulement tu me propose d’utiliser une arme fabriquée avec la sueur et le sang des travailleurs, mais en plus, tu voudrais qu’on assassine des  prolétaires innocents… Ah non mais pas question. Plutôt crever.

- Mais tu VAS crever, s’ils passent, débile ! Si t’es pas éventré par un obus, tu seras pris et envoyé dans un camp de prisonniers ! Tu sais ce qu’ils leur font, aux Rouges, dans les camps de prisonniers ?

- Je me bats pour des principes, camarade. Hors de question de les laisser de côté.

- Bon. Bah on va mourir alors.

- Et puis, d’abord, j’ai lu Lénine moi. Tu crois qu’ils avaient des lance-roquette, en 1917 ? Avec des fusils à baïonnette, ils l’ont faite la révolution. Je te mets au défi, dans tous les écrits révolutionnaires de Lénine et Trotsky, de trouver la moindre allusion à un lance-roquette.

(le sous-officier le regarde, interloqué)

- Donc, tu proposes de dézinguer un char d’assaut au chassepot ?

- Bah non, on en a pas.

- Alors ?

- Alors, bah je sais pas. Mais on utilise pas ce truc.

- Je savais, je savais qu’on aurait jamais dû vous intégrer aux unités combattantes… Vous étiez bien, à éplucher des patates, vous emmerdiez personne…

- Dis-donc, un peu de respect ! Je te rappelle qu’avant la révolution, je me levais tous les matins à 6h00 pour aller differ des tracts devant les bouches de métro ! Même quand il neigeait !

- (On aurait mieux fait de t’y laisser, devant les bouches de métro).

-Qu’est-ce que tu dis, camarade ?

- Non rien. Prend la radio, ordonne la retraite…



samedi 4 février 2012

Courant Anarcho-Droitier vs CSP II, The Doom That's Coming


Quelque part en Cisjordanie :

Un jeune homme habillé élégamment quoique recouvert de poussière et l'air fatigué entre dans un bâtiment ressemblant à un bunker.

Romain : A salam aleykoum

Guillaume :Aleykoum salam, kif alek ?

Romain : Adduliha !

Guillaume referme les huit verrous de la porte blindée

Guillaume : alors comment tu le trouves, ce nouveau QG des anarcho-droitiers ?

Romain : Pas mal, pas mal... Un peu sombre, mais ça a son charme...mais, euh... t'es sûr que CSP ne nous retrouvera pas ici ?

Guillaume : mais on s'en fout de CSP ! C'était le moment de s'ouvrir à l'international de toute façon. Tu n'as quand même pas pris son dernier billet au sérieux ? C'était d'un pathétique ! (rire nerveux)

Romain : bien sûr que non ! Mais quel prétentieux! C'est pas un bodybuilder avec des failles narcissiques qui va nous dicter sa loi quand même, hein ! (rire nerveux) Tiens ? Tu t'es remis à fumer ?

Guillaume : euh oui... le stress...enfin à propos du Fight Club, c'est beaucoup de travail...rien à voir avec CSP.

Romain : moi c'est pareil, je prend des somnifères pour dormir la nuit...mais aucun rapport avec CSP. C'est juste que... je sais pas... le boulot sûrement.

Guillaume : il nous impressionne pas l'ancêtre ! Qu'est-ce que tu as apporté dans ton sac ?

Romain : eh bien figure-toi qu'il m'est venu une idée. Je regardais Terminator l'autre jour et à un moment les héros fabriquent des bouteilles incendiaires pour combattre la machine à tuer. Je me suis dis que ça pourrait nous être utile...juste au cas où !

Guillaume : tiens c'est marrant, parce que moi aussi, l'autre jour je regardais Alien et il m'est venu l'envie de bricoler ce détecteur de mouvement... juste au cas où ! Un whisky ?

Romain : Double, s'te plaît !

Les deux anarcho-droitiers tirent nerveusement sur leurs cigarettes, leurs mains tremblent. Le whisky leur redonne un semblant de témérité.

Guillaume : Non mais pour qui il se prend pépère ? Il veut qu'on le rejoigne dans sa bande ! Mais il s'est pas regardé ? C'est plutôt nous qui pourrions avoir la bonté de l'accepter ou non dans notre crew. Le courant anarcho-droitier restera indépendant ! Moi ça m'énerve les vieux qui s'accrochent et si je l'avais en face de moi je lui dirait comme ça qu'il peut aller se...

Un bip retentit

Romain : c'est pas ton détecteur de mouvement qui vient de s'activer ?

Guillaume (pâle) : Putain c'est lui ! Il t'a suivi espèce de blaireau !

Romain : t'es sûr que c'est pas plutôt un commando du Mossad qui vient pour nous torturer et nous finir à l'acide sulfurique ?

Guillaume : Putain, j'aimerais bien ! Mais non, l'appareil est calibré pour détecter la lumière qui se réfléchit sur son crâne. Pas de panique, pas de panique... le QG est entouré d'une clôture électrique et j'ai mis des hyènes pour monter la garde.

Romain : Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée ! En plus, la Palestine c'est nul, c'est chaud, c'est poussiéreux et c'est plein de colons sionistes avec des M16. On aurait dû aller se planquer en montagne, comme je t'avais dit. Il nous aurait jamais trouvé là-bas, il aime pas la campagne ! Merde, 100 mètres... 80 mètres... 60 mètres mais à quelle vitesse il court, ce con ?!

Guillaume : j'ai un visuel sur la caméra 2... il déglutit péniblement...il a pas l'air content.

Romain transpirant à grandes eaux : … qu'est-ce qu'il porte avec lui ? On dirait une caisse à outil.

La lumière s'éteint brusquement. Les anarcho-droitiers poussent des cris hystériques.

Guillaume : il est dans le bâtiment...putain il est dans le bâtiment...! T'as qu'à sortir toi, tu as fait une semaine de taekwondo...

Romain : Mais non, vas-y toi ! Je croyais que tu avais maîtrisé des soldats israéliens !

Guillaume : euh...en fait ça c'est pas exactement passé comme ça...il se prend la tête dans ses main... on est foutus...on est morts.

Romain : il est derrière la porte ! Merde, Guillaume ! J'ai une vie, moi ! Je veux pas finir en morceaux au fond du Jourdain ! J'ai que 26 ans, je suis beau, je suis célibataire, j'habite pas dans l'Aveyron ! je veux vivre ! (il prend Guillaume par les épaules en le secouant) VIVRE TU M'ENTENDS ?! On a plus qu'une solution : il faut accepter sa proposition sinon son chalumeau va pas lui servir qu'à ouvrir la porte...

Guillaume : ah non mais moi j'ai toujours été pour ! C'est toi qui « avais des réserves »...

Romain : oh l'autre eh ! C'est à cause de toi qu'on est dans cette galère ! Il se retourne vers la porte qui commence à fumer. CSP ?... ahem... on a un truc à te dire...

À suivre...