jeudi 19 juillet 2018

Il organise une crémaillère, son parti l'exclut.

Par Jean-Paul

On ne rigole pas avec les luttes au Nouveau Parti Anticapitaliste. Florian, un de ses militants depuis 2009, en a fait les frais la semaine dernière après avoir organisé une crémaillère avec ses amis. Devant une telle légèreté, le verdict est tombé, le NPA l'a aussitôt exclu de ses rangs.


Il n'en revient toujours pas. Le jeune trentenaire revoit encore cette réunion de juillet 2018 : « le copain chargé des cotisations à demandé à voir ma carte d’adhérent. Il l'a prise, l'a déchirée en petits morceaux, l'a jetée par terre et a sauté dessus à pieds-joint en poussant des petits cris hystériques. » La raison de cette accès de fureur lui sera expliquée quelques instants plus tard, en cause : sa pendaison de crémaillère, deux jours plus tôt. « J'ai pris un studio en centre-ville, reprend Florian, et pour remercier les potes qui m'ont aidé à déménager, j'ai acheté des bières et des chips. On a passé un peu de musique, on a joué au Time's up et au Loup Garou, c'était sympa quoi ? »

Mais cela n'est pas du goût de la section locale du NPA. Alerté par l’événement Facebook publié par Florian, les militants sont unanimes : « Ce type n'a plus rien à faire chez nous, s'indigne Cricri, perdre son temps à gérer toute une intendance pour un motif aussi futile pendant qu'on essaie d'organiser les luttes, c'est irresponsable ! ». Une autre militante renchérit :  « on a vu les photos qu'il a publié sur les réseaux sociaux. Tandis qu'à Gaza quatre enfants sont encore morts la semaine dernière dans les bombardements, lui il s'affiche tout sourire, dans son T-shirt Homer Simpson, avec une bière à la main, c'est indécent ! »

Philosophes, les militants du NPA tirent des conclusions de cette douloureuse expérience :  « On pensait avoir été clairs pendant la Coupe du Monde, mais y a toujours des petits malins qui font de la provocation. Va falloir modifier nos statuts pour mentionner clairement que nous n'autorisons pas tous ces débordements : pas de sourires, pas de tenues trop flashy, pas d'utilisation de smiley joie etc...

La lutte contre le capitalisme est à ce prix-là.

vendredi 13 juillet 2018

Vérification expérimentale d'une étude en test d'observation scientifico-politique.

Laboratoire du courant anarcho-droitier

lieu tenu secret

vendredi 8h14

Léandre et Gros Bébert pénètrent dans une pièce blanche bardée d'appareils électroniques. En son centre trône une cage en verre. A l'intérieur un homme somnole. Jean-Paul, en blouse blanche et charlotte sur la tête, se tient dans l'angle de la salle, compulsant des notes sur son portable. 



Jean-Paul relevant la tête : ah ! Salut Camarades ! Enfilez vos tenues et rejoignez-moi ! Vous allez m'aider pour la phase 2 de l'expérience.

Léandre : c'est quoi l'expérience ?

Gros Bébert : c'est obligé la charlotte ?

Léandre : c'était quoi la phase 1 ?

Gros Bébert : sérieux, c'est vraiment obligé la charlotte, j'suis chauve !

Jean-Paul : nous travaillons ici, vous le savez, sur les moyens de communication politique envers les masses. Quel est le meilleur message à appliquer pour que la classe ouvrière rejoigne notre lutte émancipatrice et écosocialiste ? J'ai testé sur le patient que vous voyez ici divers discours qui me semblent les plus objectivement clairs et fédérateurs. J'ai commencé par lui expliquer, avec des mots simples, la baisse tendancielle du taux de profil. Le patient semblait m'écouter car il hochait la tête poliment, puis il s'est mis à pianoter sur son smartphone : échec.

Gros Bébert : la blouse blanche est pas à ma taille, c'est pas grave, j'vais garder mon Harrington.

Jean-Paul : j'ai donc poursuis sur un ton un peu plus sportif en lui expliquant le système des tendances au NPA. Je me disais que cette saine compétition démocratique émoustillerait son intérêt. Là encore, passé trente secondes, il a ouvert L’Équipe : échec.

Léandre : on peut fumer ici ?

Jean-Paul : non ! J'ai même essayer l'humour comme le préconisaient les fondateurs de ce blog. Je lui ai fait une blague qui faisait fureur au dernier congrès de Lutte Ouvrière. J'vais vous la dire, tenez-vous bien. Il pouffe. Monsieur et Madame Gakautsky ont un fils, comment s'appelle-t-il ? Hein ? Hein ? Comment il s'appelle ?

Gros Bébert : Arlette ?

Léandre : Kevin ?

Jean-Paul : mais non ! Réné ! Parce que Réné Gakautsky ! Il éclate de rire et se tape sur les cuisses.

Léandre et Gros Bébert : …

Jean-Paul : « le renégat Kautsky », la brochure de Lénine en 1918 !

Léandre poliment : aaaah !... et le patient n'a pas ri ?

Jean-Paul : non, j'y comprend rien : échec !

Gros Bébert ironique : en effet c'est curieux !

Jean-Paul : n'est-ce pas ? C'est pour ça qu'on passe à la phase 2 ! Camarades, le patient est à vous !

Les deux compères se rapprochent de la cage en verre qu'ils tapotent doucement. Le patient se réveillent et leur fait un sourire amical.

Léandre : bon, mon p'tit père, on va pas y aller par quatre chemins, la semaine prochaine y a une manif pour les cheminots et les services publiques, tu dois en être...

Gros Bébert : attend Léandre, regarde un peu ce qu'il porte ce bouffon, un maillot de l'équipe de France de foot !!! Ah ça me dégoûte, un supporter !

Léandre : t'as pas honte d’arborer des symboles nationalistes ?

Le patient : ben moi j'aime bien le foot …

Gros Bébert : avec tout le pognon dépensé dans le foot on pourrait abolir la faim dans le monde. Tu t'en fout des enfants qui meurent ? Gros Beauf !

Léandre : putain mais mec ! La coupe du Monde en Russie ! Ça cautionne une dictature ! Poutine tue des journalistes, ça te choque pas ?! T'as rien dans le crâne ou quoi ?

Le patient : c'est juste l'occasion de passer un bon moment avec mes copains. Pour la finale, j'ai prévu de me déguiser en Astérix et mon pote, lui, il sera en …

Gros Bébert : et voilà, ça pense qu'à faire la fête, picoler et manger du Nutella pendant que Macron va supprimer la Sécu! Pays de merde ! Les français sont des veaux !

Léandre : du pain et des jeux ! C'est le pathétique cirque médiatico-hystéro-nationalo-financier (sic). La bourgeoisie a tout compris. Et vous, vous êtes tout juste bon à beugler comme des décérébrés devant la tv et des millionnaires ahuris et des pseudos matchs truqués organisés et commentés par des blaireaux mi-racistes, mi-réacs tout juste bon à nettoyer mes chiottes (sic).

Gros Bébert soudain plus amical : bon alors ? Tu viens à notre manif la semaine prochaine ?

Le patient : euh... j'vais y réfléchir. Faut que j'y aille ! Au revoir messieurs !

Il sort de la cage puis de la pièce.

Léandre : on s'est pris un vent, non ? Qu'est-ce qu'on a dit de mal ?

Jean-Paul : vous voyez ? C'est in-com-pré-hen-sible !

Gros Bébert : j'comprend pas, tous nos arguments étaient justes ! C'est les gens qui sont cons ?

Jean-Paul : courage camarades ! Poursuivons les recherches, un jour peut-être on trouvera...