mercredi 11 septembre 2013

Clap de fin

Quelque part au-dessus de la France, à bord d'un Douglas ''Dakota'' C47 aux ailes siglées de l'étoile bleue et noire des anarcho-droitiers.

Le fan-club du courant – très agité - est rassemblé dans l'appareil pour sa première et dernière réunion aéroportée. Par la magie propre à la fiction, les personnages du blog sont également là : Léandre le-petit-anachiste-casse-couille-pour-vieux, Gros Bébert l'aristocrate de gauche, Jean-Kévin le primo-militant, La Petite Demoiselle, la militante systématiquement draguée en réunion, Hodor, le responsable de tous les SO, Krystel, la militante LGBTI toulousain(e)... Comme dans les films qui se terminent bien, tous ont fini par adhérer aux principes de l'anarcho-droitisme. Même Jean-Paul, le curé rouge de Charleville-Mézières, est présent, seulement à titre d'observateur non-mandé certes, mais c'est déjà un grand pas pour lui. Seul Patrick, le neuneu conspirationniste, a refusé de monter dans l'avion, prétendant avoir démasqué les anarcho-droitiers : ce seraient des trotsko-reptiliens chargés de bombarder de la Syrie.

La voix d'une hôtesse retenti dans les hauts-parleurs :

La voix : chers camarades, bienvenue sur Anarcho-droitier Airline. Des chopes de bières se trouvent sous vos sièges, les tireuses se situent à l'avant et à l'arrière de l'appareil...

Soudain, venant de la cabine de pilotage apparaît Guillaume. Tout en s'adressant aux passagers, il s'enroule d'un Keffieh bleu, met du scotch sur ses lunettes, ajuste un casque, et enfile une combinaison.

Guillaume : chers camarades bonsoir !

Le public répond en cœur : bonsoir ! ou salut ! ou Yo ! ou Wesh Gros ! ou Weeeeh ! on note même un ou deux A poil !

Guillaume : Chers camarades, l'heure est grave !

Le public inquiet : oh ?

Guillaume : non, je déconne, j'adore commencer mes discours de cette façon.

Le public rassuré : ah !

Guillaume : camarades, si je vous ai réunis ce soir, c'est d'abord pour vous remercier d'avoir suivi le Fight Club anarcho-droitier pendant ces deux ans. Son audience est montée crescendo, c'est grâce à vous. Merci de l'avoir lu, merci de l'avoir commenté, merci de l'avoir cité et partagé, merci enfin aux plus crispés d'entre vous, vous êtes sortis du bois dans les commentaires, et vous avez prouvé que le curé rouge n'était pas qu'un fantasme de notre part.

Il fait une pause en avalant une gorgée de bière qu'une main anonyme lui tend.

Guillaume : l'auto-critique des pratiques militantes de gauche par l'auto-dérision était un créneau à prendre. Avec mes camarades anarcho-droitiers nous l'avons pris. Cela a fait du bien à beaucoup de monde, à commencer par nous. Cependant... il fait une nouvelle pause, le public retient son souffle... cependant continuer à taper sur les militants de notre camp, même s'il y en a beaucoup qui nous énervent, serait de l'acharnement. De plus, les camarades qui m'accompagnaient dans cette épopée ne sont plus. Plekszy-Gladz a ...euh... mystérieusement disparu, et Romain est tombé criblé de balles dans un billet-traquenard le mois dernier. Ainsi, après le coup d’État de Pinochet au Chili et les attentats sur les Twin Towers, le 11 septembre sera à nouveau la date d'un sombre anniversaire. J'ai en effet pris la décision d'arrêter le Fight Club dès ce soir.

A ces mots, les passagers hurlent, pleurent, bavent, se griffent le visage.

Guillaume : sachez que ça me fait de la peine à moi aussi, mais il faut aller de l'avant. Oh bien sûr je ne dis pas que de temps en temps, je ne mettrai pas un petit billet sur le blog, surtout si les curés rouges tendent le bâton pour se faire battre, et à mon avis ils vont le tendre à deux mains pendant les municipales. Mais la période Fight Club est désormais révolue.

La voix de l'hôtesse : Guillaume, objectif en vue, zone de largage dans deux minutes.

Guillaume : Ok, faut que j'me dépêche !

Il prend un sac qu'il s'accroche avec précaution sur le dos.

Guillaume : Ceci dit la lutte continue, mes louloutes. Je vais, dans un premier temps, me reconcentrer sur le militantisme local. C'est important aussi d'être sur le terrain, d'être au contact des vrais gens de la vrai vie. Je vais investir d'autres blogs et faire de la radio. Et puis... vous n'avez pas fini d'entendre parler de moi. Je reviendrai. Avec d'autres moyens de communication. Avec une nouvelle équipe. Pour faire mieux, plus fort et pour le grand public. En attendant, éclatez-vous, ne vous faites pas bouffer la tête par la politique, et dites merde à tous les curés qu'ils soient rouges, noirs, verts ou arc-en-ciel.

Une alarme retentit.

La voix de l'hôtesse : zone de largage atteinte ! Je répète, zone de largage atteinte !

Une trappe s'ouvre devant Guillaume.

Guillaume : je ne vous dis donc pas revoir, mais à bientôt !

Il saute

Guillaume en criant : KOWABUNGAAAAAA !!!!!!!

Les Toten Hosen, installés au fond de l'appareil, se mettent à jouer :



Léandre : eh ben Jean-Paul ? T'en fait une tête ! C'est la fin du blog qui te met dans cet état ?

Jean-Paul : Non, je me suis fait braquer mon ordinateur portable.

Léandre : t'es sûr ?

Jean-Paul : mais oui. Je l'avais rangé dans un sac comme celui-là. Mais dans celui-là il n'y a que de la toile.

Léandre : c'est fou ça ! On peut faire confiance à personne en politique !


dimanche 8 septembre 2013

Les vidéos militantes

On vous a parlé de tracts, d'autocollants, de radio et d'internet, il était temps, avant qu'on vous laisse tomber comme de vieilles chaussettes, de parler vidéos. La vidéo en ligne, de celles que l'on regarde à la chaine en glandant pendant la pause au bureau, ou en rentrant chez soi, ou pendant qu'on mange affalé dans son canapé devant son ordinateur portable. La vidéo en ligne, d'une à vingt minutes, qu'on ouvre d'un clic de souris parce qu'on a pas envie d'entreprendre quelque chose de plus exigeant intellectuellement. Il y a ici un potentiel énorme de communication, soyons-en certain.

Avant de développer quoi que ce soit d'autre, commencez par regarder ça, jusqu'au bout, c'est un ordre, vous êtes obligés :



et maintenant regardez ça, au moins les trente premières secondes :



Voilà... le contraste fait mal n'est-ce pas ? Et encore, êtes-vous bien sûr d'avoir vu le nombre fois où ces deux vidéos ont été regardées ? 578 587 visites pour le gros beauf anti-syndicats, 8 648 visites pour le petit prince marxiste-léniniste. Et encore, ce dernier chiffre est aussi bien inespéré qu'inexplicable, on craint que ce soit un effet Rebecca Black, car cette vidéo est loin d'être une exception à gauche. Les vidéos ''point d'actualités'' du NPA reçoivent autour de... 400 visites.

Une vidéo de Dieudonné tourne autour de 400 000 vues, une de Soral autour de 50 000.

Pleurez, criez fort, cassez des meubles, mangez du chocolat, et une fois calmés reprenez la lecture de ce billet. Prenez votre temps.

Revenons donc sur les vidéos citées plus haut. Loin de nous, tout d'abord, de se moquer de Christine Poupin ou du jeune camarade du NPA. Ce qu'ils font est bien plus courageux que de faire la fine bouche derrière un blog anonyme. S'exposer ainsi, pour sa cause, fait courir le risque de s'attirer des attaques et des critiques très violentes de la part de trolls en tout genre. Ceci dit, pour qui veut utiliser ce registre de communication, il existe des pratiques permettant d'éviter dans un premier temps certains ricanements blessants, et dans un second de susciter l'intérêt.

Faisons d'abord des comparaisons. Dieudonné est assis à une table, Soral dans un canapé. Les angles changent, les discours sont entrecoupés d'extraits vidéos, les jeux de mots et les blagues ponctuent la démonstration. Le spectateur a l'impression de faire partie d'une discussion entre potes, à la table d'un café ou dans le salon d'un appart.

Nos camarades du NPA – mais ce ne sont pas les seuls bien sûr – sont face à la caméra, et récitent leurs textes. Nous n'avons droit qu'à un plan fixe et un générique minimaliste. L'image animée n'est ici absolument pas exploitée, c'est à se demander l'utilité d'une telle vidéo par rapport à un article, si ce n'est pour les aveugles.

Ailleurs à gauche, d'autres expériences de communications vidéos sont tentées, sans jamais atteindre à notre connaissance les scores des crapules du camp d'en face. Le parti de gauche a lancé ''la télé de gauche'', portail de vidéos qui rassemble les apparitions télé des cadres du PG et des créations originales d'éducation populaire et d'agit' prop. A noter l'expérience d'une web série autour de la campagne présidentielle de Mélenchon. Les codes de la web série sont respectés : générique, previously, extraits de l'épisode suivant. Le fil des épisodes se partage entre illustration de la campagne, présentation d'un angle positif de Méluche (normal c'est pour les présidentielles) et extraits de ses discours. Nous dirons que c'est... sympa. 20 000 vues pour le premier épisode sur Dailymotion.

On peut citer aussi Fakir TV. Ce sont des entretiens filmés, intéressants mais pointus. L'entretien avec Emmanuel Todd a recueilli 9000 vues, l'enquête de François Ruffin sur Bernard Arnault 16000.

Là nous où nous devons puiser de l'inspiration, c'est dans le milieu geek.

Un des plus célèbres vidéo-bloggeur, Norman réunit entre trois et onze millions de vues suivant ses sketchs (http://normanfaitdesvideos.com/) . Cet étudiant en cinéma tisse un réseau entre Dailymotion, Youtube, son blog, Facebook, Twiter. Peu de moyen lui sont nécessaire, il tourne chez lui avec une caméra numérique (on reviendra plus tard sur le matos) et assure le montage.

Les sujets quotidiens n'empêchent pas des sujets de débats importants (teen vs milf: 212 235 vues). Faites un tour sur la plate-forme frenchnerd. Là-bas, les gars sont déjà plus professionnels, même s'ils conservent un côté bricolage attachant.

Carrément professionnel, mais dans un format on ne peut plus simple, nous trouvons l'équipe d'AlloCiné dans l'émission Merci Qui ?En deux minutes cinquante, Le Coach et Grégou présentent un film. Un mini-sketch encadre les informations données : la première partie en introduction, la second en conclusion. Les deux acteurs reproduisent un duo comique efficace et vieux comme le théâtre, le Clown Blanc (le sérieux) et l'Auguste (le naïf). Les visites pour ces vidéos tournaient autour de 30 000. Extrait : http://www.allocine.fr/videokast/video-18899335/

Retournons enfin vers un amateur, le joueur du grenier, testeur de jeux vidéos obsolètes. Son avant-dernière vidéo a été vue 1 949 234 fois. Pourtant il y n'a rien de bien compliqué : un canapé, une chemise à fleurs, une bande de potes et un copain qui s'y connait en montage. N'y a-t-il aucun gauchiste capable de réunir ces conditions ? « Mais on sait pas faire ! » nous diront plus d'un. « Eh bien vous apprenez, bande de moules ! »

Encore un secteur où nous avons donc une guerre de retard. Mais tout n'est pas perdu. Comme nous le disions en conclusion du billet sur les radios et internet, « débarrassés de nos bondieuseries folkloriques, les rockers c'est nous ! C'est nous les gauchistes qui sommes les plus classes et les plus cools. ». Rendons justice aussi au NPA qui a été capable une fois de produire le meilleur clip politique du monde de tous les temps : info, revendication, parodie, humour et audace. Il reste donc de l'espoir.



Pour terminer, nous ne sommes pas des pro de la communication vidéo, mais quelques règles semblent évidentes pour les militants pas trop constipés qui voudraient se lancer :
  • faire des vidéos plutôt brèves, entre 3 minutes et un quart d'heure
  • faire un générique facilement identifiable, avec une bande-son
  • utiliser l'humour pour faire passer ses messages, mais ne pas mélanger sérieux et dérision, plutôt alterner l'un et l'autre pour marquer ainsi des pauses
  • de la joie, de la bonne humeur, de la niaque
  • utiliser des couleurs vives, réfléchir au ''dress-code'' et au décor, cela fait partie du message à transmettre
  • ne pas faire qu'un seul plan fixe ( = suicide médiatique)
  • ne pas réciter son texte (putaintagueule!)
  • penser à indexer correctement ses vidéos pour les retrouver facilement sur le net
  • s'entrainer en faisant des stages de théâtre, ou embaucher des potes comédiens
  • faire des références grand public, geek, cinéma, série télé pour faciliter l'adhésion du spectateur
  • trouver un titre accrocheur et qui situe politiquement la vidéo (Minutes Hebdo, désolé mais nous ça nous fait penser au journal d'extrême-droite)
  • citer ses sources dans le générique de fin.
  • Pour le matériel, une caméra numérique n'est pas forcement nécessaire, des appareils photos numériques peuvent faire l'affaire, du type Canon EOS 5D mark II, 2900 € neuf, démerdez-vous pour en négocier un d'occasion.
  • Ne négligez pas le son et l'éclairage. On n'a pas de conseil de micro à vous donner, pour la lumière, un éclairage de jardin peut faire l'affaire.
  • Pour le logiciel de montage, le premier qui nous vient à l'esprit est Windows Movie Maker, fourni avec Windows, simple mais limité dans ses fonctions.On peut citer également Adobe Premiere, très complet et pas si compliqué que ça. Il est hors de pris comme tous les softs Adobe mais... il paraît que certains d'entre vous savent télécharger des films... you know what I mean, nous, on veut rien savoir...

Voilà ce qu'on pouvait dire sur les vidéos militantes. Ce texte peut aussi vous donner une idée de ce que pourrait être la suite du Fight Club Anarcho-droitier, allez savoir...




mardi 27 août 2013

Very Bad Trip Anticapitaliste

A Port-Leucate, au village-vacances des Carrats, dans un bungalow, 12h du matin.

Nous découvrons une pièce ravagée. Une poule se promène au milieu de bouteilles vides de bières, Red Bull et Vodka. Des drapeaux rouges pendent, lacérés. Un buste de Karl Marx repeint en rose est abandonné dans un fauteuil qui se consume lentement, victime de mégots mal éteints.

Un homme gît à même le sol. Il est en train de se réveiller. Tout semble tourner autour de lui. Il se redresse péniblement, fait quelques pas dans la pièce et s'écroule dans un lit, l'air hébété.

Une main surgit de derrière une table, elle s'y agrippe, puis apparaît un autre homme, les cheveux en bataille. Il tente de se relever trop rapidement, titube et retombe au milieu de gobelets en plastique et de canettes écrasées.

Le premier homme : ça va Alain ? Tu veux de l'aide ?

Alain se relève en grimaçant. Il n'est vêtu que d'un simple T-shirt, à l'effigie de Che Guevarra, et d'une paire de chaussettes.

Alain : merci Philippe, ça va aller. Il faut que j'aille aux toilettes tout de suite ! Il s'y précipite en courant.

Philippe : Qu'est-ce que j'ai mal au crâne ! Je ne me rappelle plus de rien... ça me fait penser à une scène de film... mais lequel ?

Soudain on entend un hurlement venant de la salle de bain. Alain réapparaît en sautant à cloche-pied. Il bute contre le corps d'un troisième homme recroquevillé dans un sac de couchage et s'étale à nouveau par terre.

Philippe : qu'est-ce qu'il y a ? Me dit pas qu'il y a un tigre dans la salle de bain ?

Alain hurle de douleur en se tenant la jambe. Le troisième homme sort de son couchage.

Le troisième homme : bordel Alain, contrôle toi un peu ! Et puis va mettre un pantalon !

Philippe : ah ? T'es là Olivier ? On dirait qu'Alain a vu un tigre, comme dans...

Alain : en hurlant Mais lâche nous avec ton tigre ! Puis montrant sa cheville Regardez ce que j'ai pris en allant simplement pisser.

Une mâchoire en fer enserre la cheville d'Alain.

Olivier : oh la vache ! Un piège à loup ! Il entre à son tour dans la salle de bain.

Alain : comment ce truc a pu arriver là ? Si je tenais le stalinien qui a fait ça...

Philippe : j'arrive à me rappeler de rien, j'ai la tête comme un mégaphone...

Olivier revient dans la pièce

Olivier : ça va, y a pas d'autres pièges. Par contre sur le miroir c'est écrit ''salut bande de nazes'' au rouge à lèvres et c'est signé ''Myriam''. Ça m'évoque absolument rien, on a dû se prendre une sacrée muflée hier soir !

Philippe : hier soir...hier soir ? Aucun souvenir non plus...

Olivier : j'avoue que moi non plus...pas plus que les jours précédents...

Alain : sinon pour ma jambe vous attendez quoi ? Qu'on vote une motion ?

Olivier : on attend que tu mette un pantalon ! Sans déconner Alain, la camaraderie a ses limites !

Philippe : t'as un tatouage d'Alain Bashung sur la fesse droite ? Tu ne t'en rappelle pas non plus j'imagine ?

Alain il s'enroule la taille d'un drapeau du NPA euh...non...enfin si, c'est un tatouage de Rosa Luxembourg... un pari à la con à la Sorbonne en 68...mais c'est pas le sujet !il s'énerve Auriez-vous l'amabilité chers camarades de m'aider à enlever ce putain de piège à la con !

Tout en s'activant à desserrer les mâchoires du piège à loup à l'aide de hampes de drapeaux, les trois camarades tentent de reprendre leurs esprits.

Olivier : bon, les copains, procédons avec méthode. Quels sont vos derniers souvenirs ?

Philippe : euh...voyons voir... février 2009...le congrès de fondation du NPA.

Alain : moi pareil !

Olivier : moi aussi, on a dix mille adhérents, Le Monde fait un sondage qui nous donne 10 % aux Européennes contre 2 pour le Front de Gauche, on va tout péter, c'est la gloire !

Philippe : du coup, à la fin du congrès, on t'as fait une de ces bringues, et après...

Alain : … et après le trou noir !

Soudain, venant d'un placard, on entend une voix au débit rapide :

La voix : ...il y a encore des relents de tentations électoralistes social-réformistes au sein du parti. Nous avons proposé en toute honnêteté révolutionnaire de modestes amendements à la motion Plonx de la tendance P22 pour le 4ème Congrès. Or si les amendements 478 et 479 n'étaient pas soumis à mandat impératif car non vertébré à la centralité prolétarienne...

Les trois camarades se regardent, inquiets.

Olivier : pas de panique ! Philippe tu vas voir ce que c'est, pendant ce temps moi je vais faire un tour sur internet pour nous rafraichir la mémoire.

Philippe : ok !

L'un et l'autre partent de leur côté en abandonnant leurs leviers. Bien entendu les mâchoires du piège à loup se referme sur la jambe d'Alain, qui hurle.
Philippe ouvre le placard d'où provient le discours ininterrompu . Un nain portant une chapka soviétique est en train de relire une motion sur un ordinateur portable. Il s'interrompt et se retourne vers Philippe.

Le nain : salut les papas ! Enfin réveillés ?

Philippe referme la porte, paniqué.

Alain : t'en fais une tête !

Philippe : je me demande si on aurait pas des enfants non désirés.

Alain : ça les enfants c'est des soucis... moi tu vois en ce moment c'est un piège à loup mon souci, mais je crois que tout le monde s'en branle !

Les deux compères se remettent à desserrer les mâchoires. Quelques instants plus tard Olivier revient dans la pièce, peut-être un peu pâle.

Alain et Philippe anxieux : alors ?

Olivier : alors je crois qu'on a bien chargé la mule... depuis quatre ans. Je vous résume : les deux tiers des militants se sont barrés; les européennes, branlée; les régionales, branlée; les législatives, branlée...

Philippe : et les présidentielles ? T'as fait combien ?

Olivier : euh... comment te dire Philippe ? Tiens regarde plutôt cette vidéo, t'es complétement défoncé dans une émission de Ruquier, je crois que tu pourras deviner la suite...

Philippe : et à part ça ?

Olivier : sans doute toujours ivres on est allé foutre le bordel à Henin-Beaumont, on a aussi ramené une nana voilée et on a dit des horreurs à Mélenchon et au Front de Gauche...

Philippe : plus jamais je fais des excès.

Olivier : c'est ce qu'on dit. N'empêche, on devrait pas s'interroger ? On continue dans ce délire ou pas ?

La suite ne dépend pas de nous...


jeudi 22 août 2013

Post-it 2 : militer avec des connards

Il y en a encore quelques-uns qui confondent ''organisation politique'' et ''bande de potes''. Écrire cela peut donner l'impression de défoncer une porte ouverte, sauf que cette porte a tendance à se refermer rapidement (c'est aussi vrai pour le post-it précédent).

Qu'un parti politique ou un syndicat soit un lieu de socialisation est une évidence. On s'y regroupe par affinité politique, on partage des valeurs communes, tout ceci aide à fraterniser....

Sauf que cela n'est absolument pas une obligation. On peut partager des idéaux communs et ne pas pouvoir blairer le militant ou la militante d'à côté. C'est humain, on ne peut pas plaire à tout le monde. Bien sûr c'est plus compliqué pour s'organiser sereinement mais cela reste possible. Des militants plus responsables que d'autres doivent savoir gérer les relations humaines du groupe.

L'ensemble des militants doit surtout savoir faire la distinction entre ce qui relève de l'affectif et ce qui relève du politique. A chacun de se poser la question suivante : « est-ce que je m'oppose à cette personne parce que ses positions politiques me heurtent ou parce que son caractère m'insupporte ? » En d'autres termes, les relations entre militants ne doivent pas interférer dans le fonctionnement de l'orga.

Prenons un exemple au hasard : Jean-Luc Mélenchon. On en voit sourire certain derrière leur écran, on a pourtant dit ''au hasard''. Loin de nous l'idée de considérer Méluche comme un connard, ni comme un saint homme intouchable non plus. Cependant il est extrêmement agaçant d'entendre des critiques à propos du personnage relevant seulement de l'affectif et non du politique : « non mais tu vois, Mélenchon j'le trouve trop arrogant, il m'énerve avec ses postures de tribun-troisième république, il ne m'inspire pas confiance... » ne manquera pas de nous dire le petit anarchiste casse-couille pour vieux ou le dépolitisé qui n'a pas fait l'effort de lire un résumé du programme du Front de Gauche.

On est ici dans le même registre que ceux qui appréciaient Sarkozy parce qu'il était ''dynamique''.

Des critiques sur Méluche, il y en a évidement à faire, nous en avons nous-même une pleine brouette rangée quelque part, et nous sommes prêt à en entendre, mais que cela soit politique et non affectif. On s'en fout qu'il gueule trop fort ou qu'il soit impoli avec les journalistes. Que dit-il ? Que défend-il ?

A ce moment là de l'article, les plus assidus de nos lecteurs sont déjà prêt à nous sauter dessus dans les commentaires pour nous exhiber triomphalement ce qu'ils croient être une contradiction. Cela fait deux ans que l'on se casse le cul sur ce blog à défendre des formes de communication politique innovantes, et l'on dirait maintenant que la forme ne serait pas importante ? Bien sûr que si. Seulement, on revient au postulat de départ, on ne peut pas plaire à tout. Donc quelque soit la forme utilisée, elle ne séduira pas tout le monde. Premièrement, ceci remet en question le fait d'avoir un porte-parole unique, et deuxièmement, la différence se fait alors sur le fond, sur le contenu politique.
Ce qui est valable pour un militant porte-parole national est valable pour les autres militants et militantes. Condamner l'un d'eux sur des questions affectives est un exemple de dépolitisation du discours et des pratiques politiques. Bien sûr, il est plus facile et plus agréable de militer dans une ambiance de bonne camaraderie plutôt que de côtoyer des connards et des connasses (même à gauche il y en a, si si!). Si cet inconvénient vous arrive, n'abandonnez pas votre groupe militant, faites du yoga. 

faites du Yoga

samedi 17 août 2013

Post-it 1 : militer avec des ''pas comme nous''

Fermeture des locaux début septembre. D'ici là on range les bureaux, on vide le frigo, on enterre deux trois cadavres et on joue encore un peu avec le blog.

Léandre (Petit anarchiste casse-couille pour vieux) : Non mais tu l'as vu le nouveau à la réunion ?

Jean-Paul : Le gros ''jacky'' ? On pouvait pas le rater ! Non mais tu le crois ? Il avait un tatouage de Johnny, de Johnny !

Léandre : et t'as pas vu sa caisse quand il est reparti ? Un tuning, j'te jure ! Il ricane.

Jean-Paul : la totale ! A mon avis il va se lasser vite, on ne le verra pas longtemps...et au fait ta diff' de tracts cet après-midi dans la rue commerçante, ça a donné quoi ?

Léandre : ouais pas mal, j'ai eu quelques bonnes discussions. Il y a un couple qui m'a tenu la jambe un bout de temps. Ils avaient l'air intéressé mais... qu'est-ce qu'ils étaient prétentieux !

Jean-Paul : tu leur as pas proposé de venir à la réunion ce soir ?

Léandre : Nan, je les ai tout de suite cerné. Des sacs du commerce équitable, des airs de prof, chèches et lunettes carrées, des bobos en somme, j'peux pas les blairer !

…................................................

Non ne niez pas, lecteurs et lectrices militants, si vous n'avez jamais eu ce genre de discussion, bravo pour vous, mais ne dites pas que vous n'en avez jamais entendu. Voici une plaie du milieu militant : imaginer que tous les adhérents d'une orga se ressemblent. Imaginer que tout le monde écoute les Béru, ZEP ou la Compagnie Jolie Môme.

Comme s'il n'y avait pas assez de barrières comme ça, certains s'en créent d'autres : entre supposé ''intello'' et supposé ''prolo''; entre soi-disant ''beauf ''et soi-disant ''bobo''.

Que ces créateurs de divisions imaginaires restent à lire Charlie Hebdo.

mardi 6 août 2013

Réglement de comptes - Partie 2

Résumé de l'épisode précédent : après une période d'absence, Guillaume et Romain reviennent au Fight Club Anarcho-droitier, ils y retrouvent un laisser-aller certain. Leur stagiaire, Plekszy-Gladz, se laisse vivre en écoutant du rap. Nos deux héros se disposent à l'initier au baseball quand celui-ci se dit prêt à leur révéler des dossiers internes du NPA.

Guillaume : alors ? On t'écoute.

Plekszy-Gladz : tenez par exemple ceci : le Bulletin Interne de préparation du CPN élargi des 6 et 7 juillet dernier. Le NPA va se présenter aux municipales …

Romain : quoi ? Tu veux dire que le NPA va présenter des listes aux municipales de 2014 ? Mais dis-donc Albert Londres, c'est un sacré scoop ça dis-moi !

Plekszy-Gladz : c'est pas ça, mais si tu lis les textes, regarde, c'est d'abord bourré d'aveux. Ils reconnaissent que les effectifs du NPA sont inférieurs aux effectifs de la LCR-période Besancenot, ils reconnaissent que personne ou presque n'acceptera de faire des listes communes avec eux, ils se rendent compte que leur base électorale est réduite à peau d'balle...

Guillaume : c'est plutôt triste comme info, moi ça me fout un début de cafard, qu'est-ce que tu veux qu'on fasse de ça ?

Plekszy-Gladz : la motion ''Échéances électorales 2014'' n'a été voté qu'à 56 voix contre 43.

Romain : tiens ? Quand je pense que les militants survivants du NPA qu'on a croisé nous assuraient que l'harmonie et l'unité régnaient dans l'orga depuis que les fourbes de la GA étaient partis...

Plekszy-Gladz : et le mieux c'est la décision, page 4, il pouffe, de récolter une souscription... tenez-vous bien... d'un million d'euros, hahaha !!!

Tous trois rigolent.

Guillaume : y a moyen de faire quelque chose avec ça. On pourrait bricoler un photomontage avec Mini-moi dans Austin Power réclamant un million d'euros le petit doigt près de la bouche.

Romain : ouais c'est rigolo mais t'as que ça pour sauver tes dents ? Il relève sa batte au-dessus du stagiaire.

Plekszy-Gladz : attendez! Attendez ! J'ai aussi le dossier de l'ancienne majo demandant l'exclusion du CRI en 2011...

Guillaume : c'est pas tout neuf mais vas-y tu nous intéresses.

Plekszy-Gladz : les annexes sont croustillantes, il y a un tas de courriers de militants se plaignant que les réunions sont ingérables avec les curés rouges. Ceux-ci sont toujours en train de demander d'un ton agressif aux autres de justifier leur anticapitalisme. Et quand ils n'ont pas la majo dans les comités, ça ne les empêchent pas de tirer des tracts, avec le logo du NPA, en contraction avec les tracts officiels, ce fut le cas pendant les manifs sur les retraites...

Romain : il est épais ce dossier, faut lire tout ça ? Pas envie...

Plekszy-Gladz : j'ai aussi des mails de dénonciation qui sont arrivés il y a des mois sur la boîte du Courant Anarcho-droitier. Vous lisez jamais vos mails ?

Guillaume : si...euh...pas tous les jours... mais ne change pas de conversation. Ils disent quoi ces mails ?

Plekszy-Gladz : y a cette histoire dans le Sud-Ouest du leader du groupe La Commune membre du NPA , autre bande de curés rouges, qui faisait adhérer les membres de sa famille... qui pour certains n'habitaient même pas la région...

Guillaume : c'est petit...et c'est aussi une vieille histoire, t'as rien de récent ?

Plekszy-Gladz : vous aurez tout ce qui est récent. Je viens de rajouter vos adresses mails aux listes de diffusions internes du NPA, merci qui ? Merci bibi !

Romain : c'est pas très honnête, surtout venant de quelqu'un encore adhérent. Si ça se savait on nous accuserait de s'acharner, de pas savoir tourner la page, de faire le jeu du PG, du PS ou je ne sais qui d'autre ...

Plekszy-Gladz : aucun souci, il n'y a que moi qui suis au courant. Je ne dirais jamais rien.

Guillaume : comment peut-on en être sûr ? Tu viens de trahir ton parti, pourquoi pas nous ?

Plekszy-Gladz : je serai muet comme une tombe.

Romain : comme une tombe ? J'aime bien cette expression.

Plekszy-Gladz inquiet : euh... je peux revenir au Fight Club alors ?

Guillaume : revenir ? Non... tu vas rester au Fight Club. Tu aimes le rap apparemment ? Romain ? Peux-tu aller monter le son de la chaîne je te prie ? Elle se trouve juste à côté de l'établi, profite s'en pour ramener des ''outils'', merci.

Plekszy-Gladz très inquiet : je sais que vous me faites marcher parce que vous avez déjà écrit que vous étiez pour la non-violence...

Les deux anarcho-droitiers se jettent sur lui avec leurs battes de baseball.



dimanche 4 août 2013

Réglement de comptes - Partie 1


Dans le sous-sol bien connu du Fight Club anarcho-droitier, là où tout a commencer. Il y règne un profond désordre : des piles de dossiers s'entassent contre les murs; des cannettes de bières vides jonchent le sol; des sacs de sables crevés pendent au plafond; les quelques tables encore debout sont recouvertes de cendriers débordant de mégots et de tasses de café vides et sales. Mais par dessus tout, une chaine hi-fi crache à tue-tête des morceaux de musiques rap, chose encore improbable en ce lieu il y a peu. Nos deux héros descendent calmement l'escalier.

Romain : j'la retiens ta super recrue débauchée au NPA ! Si je le ….
 
Guillaume : Chut ! Plekszy-Gladz  ? Tu es là ? 

Une tête émerge de derrière un bureau. Plekszy-Gladz sourit bêtement, ses yeux sont rouges, sa voix est pâteuse. 

Plekszy-Gladz : tiens ? Salut les copains ! Comment vous avez trop la classe ! Y a pas à dire les gants en cuir, ça vous donne tout de suite une autre prestance. Si j'osais émettre une seule petite réserve, c'est la chemise à fleur sous le Harrington, Guillaume... je sais pas comment dire... ça jure un peu. 

Romain à Guillaume : tu vois, je te l'avais dit ! Puis se retournant vers Plekszy-Gladz Même si les tenues de mon camarade mériterait une réunion à part entière, on est pas là pour parler chiffons. Laisse moi te dire une chose... 

Plekszy-Gladz : vous allez vous mettre au baseball, c'est çà ? 

Romain : pardon ? 

Plekszy-Gladz : élémentaire ! Vous avez chacun une batte que vous dissimulez dans votre dos, j'en déduit que vous voulez vous lancer dans ce sport. Vous cherchez un receveur c'est çà ? 

Nos deux héros se regardent. 

Romain glacial : t'es un futé toi, on peut rien te cacher. Exactement, on va pas tarder à faire une initiation... 

Plekszy-Gladz : j'ai hâte de voir ça ! 

Guillaume : avant ça Plekszy-Gladz, il faudrait qu'on fasse un bilan de ta participation au blog anarcho-droitier. Tu nous as posté un billet en février sur le congrès du NPA, qui était plutôt pas mal, qui nous a valu un grand nombre de visite, on t'en remercie, puis tu nous as promis de nouvelles révélations... 

Romain : ça nous a plu, du coup on t'a nommé anarcho-droitier stagiaire... 

Plekszy-Gladz : c'était vraiment cool de votre part les amis ! 

Guillaume : ouais... sauf que sur tes cartes de visites le mot ''stagiaire'' a disparu. Et depuis six mois, on a pas vu la couleur d'un article... 

Romain : par contre ça t'as pas empêché de te vanter partout que tu étais un – je cite – ''rouage essentiel du courant anarcho-droitier''. 

Guillaume : ça t'a permis de briller en société...

Romain : de te faire payer des coups à boire... 

Guillaume : et de draguer consciencieusement des minettes dont les âges se situent entre ''presque'' et ''tout juste'' majeures. 

Romain : t'es même pas foutu de ranger nos bureaux. Faudrait voir à pas nous prendre pour des truffes ! 

Guillaume : on va t'initier au baseball ! 

Guillaume et Romain lèvent leurs battes au-dessus de la tête de Plekszy-Gladz   

Plekszy-Gladz en criant : attendez, attendez ! J'ai des dossiers ! J'vous dis que j'ai des dossiers ! 

Guillaume : il s'agit pas seulement d'avoir des dossiers, il faut encore les présenter au public. Il faut rédiger, avec des jeux de mots rigolos, des bonnes blagues ou des coussins péteurs... 

Romain : … ou pas. 

Guillaume : quoi qu'il en soit, nous sommes au regret de t'annoncer que ta période d'essai est... 

Plekszy-Gladz en pleurant : NON !!! C'est vrai, j'avoue, j'ai un peu tardé à écrire...mais c'est parce que je n'ai pas ton talent de chroniqueur Guillaume. Pour toi c'est facile, tu as des dons ! Et justement je me disais que tu pourrais les écrire ces billets, la qualité y gagnerait. 

Guillaume flatté : Vraiment ? 

Romain vexé : l'écoute pas, il cherche à t'embrouiller ! 

Guillaume : et on peut les voir tes dossiers ? 

À suivre...
 
 

dimanche 28 juillet 2013

Le canapé qui parle avec tout le monde

Une rue piétonne, un jour de marché dans une ville de province

Flanders : Bonji bonjour, nous sommes l'ACSDC, l'association des citoyens sympas pour une démocratie cool. Voulez-vous discuter avec nous un instant dans un de ces confortables canapés ? Votre avis nous intéresse, qui que vous soyez !
Cliquez pour agrandir
Le passant : Bien volontiers ! J'ai d'ailleurs lu l'article vous concernant dans la presse locale et je dois vous dire que je l'ai beaucoup apprécié !

Flanders : Ah mais voilà une conversation qui commence sacri-sacrément bien ! Et qu'est-ce qui vous a plu dans cet article ? Installez-vous dans le canapé, vous êtes ici chez vous, cher ami citoyen. 

Le passant : merci. C'est la fin de l'article qui m'a séduit. Là où vous dites que vous êtes tout à fait disposés à discuter avec l'UMP et Le FN. C'est un beau signe d'ouverture.

Flanders : touti toutu tout à fait ! Même si nous sommes de gauche, nous sommes avant tout des démocrates et nous discutons avec tout le monde, il vaut mieux débattre que de rejeter. L'inverse serait montrer une image sectaire qui ferait le jeu des extrêmes ...

Le passant : alors ça tombe bien parce que je suis au Front National

Flanders : ah ?

Le FN propre : je suis même son responsable local.

Flanders : eh bien... euh...je... oui... et bien discutons de démocratie...

Un autre homme s'approche :

L'homme : Bonjour ! Ici Kent Brockman qui vous parle en direct depuis la place du marché où s'est installée une curieuse association de citoyens de gauche qui a décidé de parler avec tout le monde. Alors cher monsieur le citoyen, avec qui entamez-vous une gentille petite conversation aujourd’hui ?

Flanders : eh bien... euh... notre premier invité... par le plus grand des hasards figurez-vous...est monsieur...

Le FN propre : Monsieur Mussolini Van Houten, 31 ans, secrétaire fédéral du Front National. Je tiens d'abord à remercier chaleureusement l'ACSDC pour son invitation...

Flanders : euh non c'est vous qui êtes venu sans que...

Le FN propre : pas de fausse modestie je vous prie. Le Front National est tellement diabolisé que nous apprécions grandement toutes les opportunités qui s'offrent à nous pour s'adresser aux français.

Kent Brockman : à ce propos, ne trouvez-vous pas paradoxal que ce soit une association classée à gauche qui vous permette de vous exprimer ?

Le FN propre : pas du tout ! Je vous rappelle que le Front National n'est ni de gauche ni de droite. Étienne Chouard ou Michel Collon sont de brillants analystes que nous apprécions à l'instar de M. Flanders, vous voyez qu'il y a plus de passerelles que l'on croit entre nos deux formations. Bien entendu nous avons des divergences avec ce bolché... avec ce monsieur citoyen mais le FN est aussi contre la mondialisation et l'Europe ultra-libérale. Et ne dit-on pas que ce qui nous rapproche est plus fort que ce qui nous sépare ?

Kent Brockman : M. Flanders, une réponse pour nos téléspectateurs ? Allez-vous intégrer des éléments du programme du FN dans votre propre projet et si oui lesquels ? Que pensez-vous des émeutes islamistes à Trappes ? Le voile intégral est-il une menace pour la laïcité comme le pense vos partenaires du FN ?

Flanders : quoi ? Ça filme là ? … mais euh... enfin non le FN n'est pas notre partenaire, nous ne faisons qu'échanger des points de vue...

Kent Brockman : c'est bien ce que je dis. Vous avez donc des choses à partager ?

Flanders : mais pas du tout ! Le FN est notre ennemi politique !

Kent Brockman : pourtant vous êtes assis dans le même canapé et là il vous met la main sur la cuisse.

Flanders : je... je...on ne faisait juste que discuter...je...ne me sens pas très bien !

Le FN propre : on vous remercie M. Flanders allez vous reposer on vous rappellera. Veuillez maintenant laisser votre place à un autre citoyen...français. Au suivant !




Ps : pour une version sérieuse et argumentée de ce sketch, reportez-vous à cet excellent billet de Brasiers et Cerisier ou ce brillant article de Socialisme Critique



jeudi 25 juillet 2013

Prochainement dans le Courant Anarcho-droitier....

Prochainement dans le Courant Anarcho-droitier, vous trouverez :

des canapés
des battes de baseball
 
un drapeau palestinien sale 

 
 un Douglas Dakota C-47


des dossiers 

 

une grosse gueule de bois


et même du rap et plein d'autres choses 


                                     
                                        
à bientôt...

mardi 23 juillet 2013

Le socialisme gourmand

Il est toujours agréable d'entendre ou de lire quelqu'un qui pense comme nous. Surtout quand on croit se sentir seul. On ''croit'' se sentir seul, car ceci dit entre parenthèse, nous sommes loin d'être les seuls à être sceptiques quand à de nombreuses pratiques ancestrales et immuables de l'extrême-gauche.

Parmi ces sceptiques, il y a Paul Ariès. Paul Ariès est un décroissant qui s'habille bien et qui ne semble ni triste ni aigri, ce qui est appréciable dans ce milieu. Son dernier bouquin Le socialisme gourmand est un plaidoyer pour en finir non seulement avec les passions tristes du capitalisme certes, mais aussi celles des courants de gauche et de la décroissance. L'auteur de La Simplicité volontaire prend ici le parti d'une gauche maquisarde, antiproductiviste (coucou le PCF !) et promouvant la joie de vivre (coucou les curés rouges !).

Le chapitre 4 est dédié aux organisations de gauche pour y dénoncer les sacrifices auxquelles elles font trop souvent appel. Nous ne résistons pas en citer quelques extraits :

« Un des premiers territoires à libérer n'est-il pas celui de nos organisations afin d'en faire des lieux de créativité gourmande ? En trente-cinq ans de vie militante, j'ai souvent eu le sentiment de retrouver la dureté des relations capitalistes au sein de nos mouvements. Nos organisations sont peut-être construites pour mener des batailles et gagner des guerres mais pas pour y vivre. On est bien plus heureux dans un club de boulistes, un groupe d'amis, en famille qu'au sein d'une avant-garde révolutionnaire. Les vrais amitiés y sont rares et fragiles.

Le grand mal de la gauche, c'est l'anesthésie de la vie. Je n'ai jamais trop aimé le sérieux appliqué dont on doit faire preuve dans le militantisme, les réunions sans réels débats, les rapports qui répètent la doxa du moment pour prouver son orthodoxie, les pétitions lancés pour occuper les militants, etc. cet assèchement de la vie militante n'est pas sans rapport avec la foi en des « lendemains qui chantent » […]

Il faut en finir avec la gauche sacrificielle. Évidement la lutte des classes est difficile, les militants s'en prennent plein la tête (les milliers de représentants du personnel licenciés chaque année), mais n'est-ce pas une raison suffisante pour jouir pleinement de la vie présente, pour construire des organisations qui soient autant de moments volés aux logiques de pouvoir ? La gauche sacrificielle est celle est la conséquence d'un type d'engagement (le militant, le moine-soldat) calqué sur un modèle de type religieux et militaire. L'utopie justifie tous les sacrifices... de temps, d'argent, d'amour, professionnels. C'est toujours au nom de la cause que l'on accepte de ne pas recevoir de promotion, de ne pas avoir de temps de s'occuper de ses enfants, de son conjoint, de ses amis, de sa vie. »

Avouez qu'on a de quoi s'y retrouver. La suite du livre propose des pistes pour guérir de cet esprit de sacrifices. Des exemples sont tirés des expériences des bourses du travail, du mouvement coopératif, du socialisme municipal ou du syndicalisme à bases multiples. Il s'agit ensuite de défendre un projet politique qui suscite le désir autant que l'adhésion, un projet émancipateur concret, peu importe son nom : socialisme gourmand, buen vivir, jours heureux, écosocialisme...

Comment faire venir en effet des ''vrais gens'' en masse dans nos organisations et pas seulement des kamikazes ? La question avait été abordé au moment du processus de fondation du NPA, on avait parlé de nouvelles méthodes de militantisme. Quatre ans plus tard lorsqu'on pose la question aux militants survivants de savoir où en est cette réflexion, la réponse est la même : « nous allons bientôt nous repencher dessus... incessamment sous peu... ».

Il faut bien sûr donner envie de venir, il faut susciter le désir d'adhérer. Les critiques faites quelques lignes plus haut sont aussi valables pour le Front de Gauche. Que les partis (re)deviennent des lieux de vie. Il s'agit d'abord d'avoir un local pour se retrouver, et que ce local soit accueillant, beau, confortable et non pas une aire de stockage d'affiches (voilà une idée d'article !). Il faut proposer des activités, et pas seulement politiques : repas, jeux, séance cinéma, librairie... Allez faire un tour à Presles lors de la fête de LO pour vous faire quelques idées, si si, vous avez bien lu : ''la fête de LO'' ! Combien de comités militants ont ce genre d'activités dans leur bilan ?

Le paradoxe d'une organisation de gauche cool c'est qu'il faut à la fois sensibiliser sur les problèmes politiques et sortir les gens de la morosité qu'engendrent ces mêmes problèmes politiques. Une organisation de gauche cool doit donner autant le sourire que la volonté de se battre, elle doit détendre et rassurer pour ensuite passer à l'offensive.

Ce type de projet n'est pas évident à mettre en place quand on est aussi tordu que la faucille et aussi rigide que le marteau. Trop nombreux sont encore les militants avec ce profil, mais nombreux aussi sont les militants qui tentent de nouvelles expériences. Le socialisme gourmand est bol d'air frais qui nous permet d'organiser nos idées. Si vous ne pouvez pas l'acheter, volez-le, son auteur défend le principe de l'extension de la gratuité.

Paul Ariès, Le socialisme gourmand, Édition La Découverte, Paris, 2012, 2013.