dimanche 11 décembre 2011

Le Corbillard de Jules


Ancien résistant, ancien FTP puis ancien cambrioleur et ancien détenu, Alphonse Boudard était un écrivain de la veine d'Audiard, Réné Fallet ou Antoine Blondin, écrivant dans un argot haut en couleurs et avec plein de gros mots (nous, ça suffit déjà à nous séduire). Son roman le plus connu est sans doute la Métamorphose des cloportes, adapté en film avec Lino Ventura dans le rôle de Boudard, excusez du peu.

Dans ce livre autobiographique, Le Corbillard de Jules donc, Boudard nous raconte son passage fin 1944 dans la Colonne Tactique Lorraine du colonel Fabien. Cette unité militaire fut un embryon d'armée rouge française. Organisée à la communiste, les cadres sont des anciens des brigades internationales dûment encartés au Parti. En parallèle à la hiérarchie militaire on trouve des commissaires politiques qui veillent à la bonne tenue idéologique de la troupe. Il est plutôt bien vu d'assister aux réunions de formations politiques, par contre les éléments dissidents du type anciens anarchistes de la guerre d'Espagne sont priés de se faire très, mais alors très très discrets.

Alphonse cherche rapidement à fuir ce climat plus que pesant, où on pardonne aux violeurs de filles de fermes ''suspectées d'espionnage'' mais pas à ceux qui lancent des tracts pacifistes vers les lignes allemandes. Il profitera du rapatriement du corps d'un camarade tué au combat pour quitter ses frères d'armes staliniens sans risquer d'être fusillé comme déserteur.

Entre deux aventures croquignolesques, on découvre le climat de fin de guerre où les allemands offrent une résistance plus forte que prévue, où les collabos tentent de se refaire une vertu chez les résistants, et où les militants du PCF épurent discrètement les éléments ''hitléro-trotskystes''.

On ne peut pas prêter à Boudard une quelconque sympathie pour les cocos, ni d'ailleurs pour quelques bords politiques que ce soit, vu qu’en fait, il s'en fout. C'est pour cela que Le Corbillard de Jules, tout comme Les Combattants du petit bonheur ou Bleubite peuvent être lu comme des documents sur cette période, où la frontière entre bons et méchants, entre héros et salauds est mince et est une question de circonstances.

5 commentaires:

Red-Dalida a dit…

Je pense que vous devez aussi être des habitué-e-s du film "Un singe en hiver" dont le thème principal est une cuite monumentale entre Gabin et Belmondo.

Anonyme a dit…

Intéressant.

@Red-Dalida, film a voir effectivement.

Anonyme a dit…

Intéressant.

@Red-Dalida, film a voir effectivement.

Courant Anarcho-Droitier a dit…

Disons que " Un singe en hiver", roman de René Fallet, film d'Henri Verneuil, s'est quand même largement inspiré de l'histoire des Anarcho-droitiers

il faut bien le dire

Elias a dit…

Un singe en hiver c'est plutôt d'Antoine Blondin ...qui n'était peut-être pas anarcho, mais qui était sûrement droitier.