vendredi 20 janvier 2012

J'ai vu Philippe Poutou : il existe pour de vrai.

par GH

Le week end dernier, le – peut-être – candidat à l'élection présidentielle pour le NPA, était en meeting dans une sous-préfecture de l'Aveyron. Le lieu, l'horaire et les préjugés que j'avais sur notre camarade me faisaient présager un ratage complet de l'évènement. Je vais replacer ce meeting dans son contexte pour que les lecteurs du Fight Club puissent juger d'eux-même. Cela me permettra au passage de balancer un peu sans avoir l'air d'y toucher, sur l'ambiance interne d'un parti en crise.

La section NPA qui a fait venir Philippe a voté majoritairement pour l'orientation majoritaire du parti mais c'est la seule sur les cinq sections du département. Si bien qu'ici la ''Majo'' est ''Mino'' et réciproquement, vous suivez ? Ceci explique pourquoi notre héros de l'industrie automobile est intervenu dans une ville de 12000 habitants excentrée et non à Rodez, non seulement de taille plus importante mais aussi centrale au niveau des axes routiers, ou encore dans d'autres villes aux sections NPA plus importantes et aux réseaux militants plus larges. La venue du candidat s'est également décidée sans concertation avec ces salauds de mino-majo, ce qui ne les a pas motivés pour relayer l'information.

Pas encore satisfaite de ces quelques handicaps, la majo-mino s'en rajoute d'autres. Par le choix dans la date, un samedi à 16h et par le choix de la salle, un gymnase à la sortie de la ville, inaccessible sans voiture ou transport en commun.  Les camarades avaient vu grand : ce gymnase a  une capacité d'accueil de 600 places.

Fort de ces informations, je sentais le gros plantage en perspective. D'où mon dilemme : y aller ou pas ? Alors que c'est un devoir incontournable pour nombre de petits soldats militants, tant de choses m'en détournaient :la co-animation d'une conférence sur la Palestine en début de soirée (et la Palestine c'est quand même plus important que de bêtes élections présidentielles c'est pas les curés rouges qui me contrediront) puis un concert de reggae dans un de mes bars préférés avec une merveilleuse et magnifique jeune personne qui me regarde avec des yeux remplis d'amour depuis des mois. Pourquoi donc faire deux heures de route aller-retour, seul, pour une réunion qui sentait le cafard à 58 km de distance ? Je suis un être humain.

Et c'est bien parce que je suis humain que j'y suis allé. Je me suis encore senti solidaire de mes camarades qui avaient sans doute bossé dur pour cette réunion publique, même si nous avons quelques petites divergences politiques. D'autres camarades de la Gauche Anticapitaliste avaient aussi fait le déplacement, certains même auront fait quatre heures de route en tout pour voir Poutou 2012. Il me reste donc encore un soupçon de disciple de parti que je m'efforcerai de faire bientôt disparaître via ce blog.

En arrivant sur les lieux du drame au meeting, en retard, je compte une soixantaine de personnes présentes. Était-ce intentionnel? Mais la disposition des chaises, largement espacées, permettait de ne pas sentir de vide dans ce grand gymnase, un bon point. La déco est d'une facture classique pour un meeting d'extrême-gauche : affiches, drapeaux, banderoles et tables de presse, avec une dominante de rouge pour être (pas) original. L'introduction du meeting était faite par un documentaire sur un village autogéré dans l'État espagnol. Peut-être intéressant mais trop long (une heure), les gens n'étaient pas venu pour çà, vingt minutes auraient suffit. Le film a d'ailleurs été coupé avant la fin.

Le temps des prises de parole venues, un militant du secteur jeunes du NPA inaugure le bal. C'est une bonne idée de parler des problèmes de la jeunesse et des exemples de mobilisations qu'elle peut montrer, mais s'attarder de longues minutes sur les universités face à un public de quadra et cinqua d'un département rural, était-ce judicieux ? Cela témoigne peut-être simplement de l'origine où l'on recrute notre secteur jeune en majorité.

Une militante fait un résumé succinct de la situation politique locale puis Philippe Poutou intervient. Et il parle. Et il parle bien. Enfin il lit ses notes mais il le fait bien, c'est clair, synthétique, un peu pédagogique mais j'ai vu pire. Au bout de trois quart d'heures, je part vers d'autres aventures plus palpitantes, car je sais à ce moment que je connais la suite du meeting.

C'est la conclusion que j'aurai de cette expérience. Philippe Poutou a fait des progrès depuis l'université d'été de Port-Leucate mais dans quel sens ? Celui d'un militant d'extrême-gauche classique, formé sur le tas à la prise de parole en public. Tout dans ce meeting démontrait la facture classique du meeting gauchiste à la française comme on en voit depuis trente ans, les portraits de Lénine et Trotsky en moins (mais ils apparaissent encore aux rencontres des jeunes de la Quatrième Internationale, rassurez-vous). Aucun intervenant extérieur, aucun invité du mouvement social. Aucune expérimentation nouvelle en terme de communication, on en est toujours à une tribune sur une estrade.

Ce meeting n'est donc pas un ratage comme je le craignais, les spectateurs et les journalistes rodés à ces évènements y auront vu quelque chose d'habituel. Et cela peut laisser présager du devenir du NPA. Une fois les derniers perturbateurs poussés vers la sortie ou rendus inoffensifs, le NPA pourrait être un parti d'extrême-gauche comme les autres, fonctionnant en cercle fermé. Et ce genre de parti a une capacité de survie très longue mais avec une capacité de nuisance quasi nulle, se satisfaisant de peu, se contentant d'instinct de renouveler quelque peu ses adhérents, et ressassant les mêmes débats à l'infini.

Heureusement il y a les anarcho-droitiers et ils sauveront l'extrême-gauche française.




11 commentaires:

Kolia a dit…

Une discussion il y a quelques mois avec des camarades de la GA (j'ai voté A) qui n'étaient pas d'accords entre eux mais ceux-là disaient majoritairement qu'il fallait faire la campagne, ne pas faire la politique du pire (c'est-à-dire s'asseoir et regarder en commentant «haha regardez ils sont nuls»). Faire la politique du pire pour essayer de faire la démonstration que la "nouvelle majorité" mène une politique horrible, etc, etc. Une camarade expliquait que faire ça, c'était laisser les clés du parti aux fous (c'est-à-dire ceux qui restent quand ils ont réussi à dégouter tous les autres) composante importante dans la position A (surtout dans la position 2 et 4, mais qui n'ont pas l'exclusivité de la folie).

Je voudrais faire remarquer deux choses : les camarades qui disaient il y a quelques mois que le candidat était nul, etc… sont bien obligés de se remettre en question maintenant : il a appris sur le tas (comme à peu près tout ce qu'on apprend au NPA, c'est sur le tas), même si ce n'est pas parfait (la perfection existe-t-elle ?).

La deuxième chose, c'est que "un meeting classique d'extrême gauche pour un parti classique d'extreme gauche", c'est pas très différent de ce qu'on a fait depuis la création du NPA (si on parle en termes électoraux par exemple) finalement. Donc nouvelle majorité, pas nouvelle majorité, est-ce vraiment le problème…? Si au moins on pouvait exploiter la "crise" du NPA et tout le bordel qui peut se passer depuis plusieurs années pour apprendre et expérimenter de nouvelles choses, sur la communication par exemple…

Anonyme a dit…

«Je voudrais faire remarquer deux choses : les camarades qui disaient il y a quelques mois que le candidat était nul, etc… sont bien obligés de se remettre en question maintenant : il a appris sur le tas (comme à peu près tout ce qu'on apprend au NPA, c'est sur le tas), même si ce n'est pas parfait (la perfection existe-t-elle ?).»

Mon dieu...

Anonyme a dit…

Mieux en fait.

«Je voudrais faire remarquer deux choses : les camarades qui disaient il y a quelques mois que le candidat était nul, etc… sont bien obligés de se remettre en question maintenant : il a appris sur le tas (comme à peu près tout ce qu'on apprend au NPA, c'est sur le tas), même si ce n'est pas parfait (la perfection existe-t-elle ?).»


Et la preuve:

http://www.dailymotion.com/video/xnukn8_interview-de-philippe-poutou-sur-france-info-le-17-01-2012_news


...

Anonyme a dit…

«Je voudrais faire remarquer deux choses : les camarades qui disaient il y a quelques mois que le candidat était nul, etc… sont bien obligés de se remettre en question maintenant : il a appris sur le tas (comme à peu près tout ce qu'on apprend au NPA, c'est sur le tas), même si ce n'est pas parfait (la perfection existe-t-elle ?).»

Mon dieu...

Anonyme a dit…

Mieux en fait.

«Je voudrais faire remarquer deux choses : les camarades qui disaient il y a quelques mois que le candidat était nul, etc… sont bien obligés de se remettre en question maintenant : il a appris sur le tas (comme à peu près tout ce qu'on apprend au NPA, c'est sur le tas), même si ce n'est pas parfait (la perfection existe-t-elle ?).»


Et la preuve:

http://www.dailymotion.com/video/xnukn8_interview-de-philippe-poutou-sur-france-info-le-17-01-2012_news

GH a dit…

bon oui Philippe Poutou a fait des progrès, mais il partait de très très loin quand même. Pour le moment à côté de lui même François Hollande c'est Mussolini

Relativisons relativisons...

Anonyme a dit…

"Je me présente aux élections mais je sais que je ne serais pas élu, tout le monde est démoralisé, c'est pour ça que les luttes marchent pas, que marinefacho va faire des voix et pas mal chez les ouvriers, et même mélenchon, la crise du capitalisme c'est pas bon pour les anticapitalistes et c'est pour ça qu'on a pas beaucoup de poids dans les sondages...."

Ah la belle campagne que "nous" (puisque c'est collectif parait-il) menons, enthousiasmante et juste ! Bon, si avec ça il y en a qui ont envie de se lever un matin d'élection pour aller voter ça, bravo, chapeau, médaille.

Poutou est un mec bien mais un trés mauvais candidat à la présidentielle (mais ce n'est pas seulement une erreur, c'est cette idée fausse que n'importe qui peut se présenter à la présidentielle, que les résultats de nos interventions médias n'ont aucune incidence sur la "classe ouvrière, que les ouvriers aimeraient les gens qui se présentent aux élections en étant comme eux, c'est à dire quand on embauche un matin à 6h à l'usine a peine réveillé, pas rasé, et sans charisme oratoire). Et la ligne de campagne qu'il défend est mauvaise. Quand aux perspectives... c'est lui qui le dit, c'est la démoralisation. Bon, bon…

Bref, ce qui est vrai (mais faux de le dire quand on mène campagne) c'est qu'on ne sera pas élu. Et même que l'on va faire un score à faire éclater ce qui reste du NPA.

N'est-ce pas ce que voulaient certains soi-disant "plus que les autres" du NPA, mais aussi Mélenchon ? Finalement : tout le monde sera content.

Guillaume a dit…

Soyons claire :

Si Poutou a été placé là c'est uniquement pour empêcher Myriam Martin (pardon la ravissante Myriam Martin) d'être candidate. Du coup il y a eu une nouvelle majorité élue par des délégués non mandatés lors d'une conférence nationale qui a pris la place d'une majorité élue 5 mois plus tôt par tous les militants.

Ça ne s'appellerait pas un putsch ça des fois ?

En tout cas ça la fout mal pour des donneurs de leçon de démocratie, pour des antibureaucrates autoproclamés ? hihihihi....

Anonyme a dit…

Le putsch on en est là...c'est agréable venant de la part de donneurs d'humour autoproclamé.

On ne tire pas sur un cadavre mort.

Anonyme a dit…

un cadavre vivant, ça ça aurait de la gueule !

02:42 a dit…

Bon d'accord, honte.