mercredi 11 janvier 2012

Peut-on faire de l'humour avec la cause basque ? Partie 1


Une bonne partie de cet article a été copieusement pompée dans le l'ouvrage déjà cité ''Désobéir par le rire''. Le reste est issue de l'expérience des militants anarcho-droitiers vivant ou ayant vécu à proximité du Pays basque.

Oui. Ce fut en tout cas la conclusion des activistes basques qui décidèrent de créer en 2000 le mouvement Démos, abréviation de Démocratie pour le Pays Basque.

Or le contexte politique de cette période est marqué par la double violence de l'ETA et des États français et espagnol. Les forces de l'ordre tout comme l'opinion publique sont alors promptes à amalgamer militantisme basque et terrorisme. Dans un tel climat, il est essentiel de faire preuve d'intelligence et d'humour si l'on veut limiter la répression et conserver le soutien de l'opinion publique. Les Démos seront donc un mouvement pacifiste, qui se présentera comme le ''bras non-armé de la population'', et qui communiquera grâce à de l'agit-prop et des actions non-violentes. Le mouvement rassemble ses partisans autour de trois revendications : la création d'un département basque, la reconnaissance de la langue basque et le rapprochement des prisonniers basques.

Leur stratégie sera celle de ''la mouche du coche'' qui ne fait de mal à personne, mais qui agacent profondément les autorités. Leur action inaugurale sera d'occuper le mur de la prison de Bayonne avec des banderoles réclamant le rapprochement des prisonniers basques. Pendant que deux militants sont perchés sur l'un des murs en scandant des slogans, d'autres peignent ces mêmes slogans sur les murs. Lorsque la police arrive, avant même qu'elle ait amorcé la moindre action, les militants au sol s'aspergent de peinture rouge (sous l'œil de caméscopes complices). Ceci a le don d'une part de rendre perplexe un long moment les pandores, peu habitués à de telles réactions, et d'autre part de rendre l'événement encore plus éclatant (écarlate) en terme de communication. Ensuite, le matériel permettant aux activistes de monter sur le mur ( quatre mètres de haut quand même) ayant disparu, il faut plusieurs heures aux forces de l'ordre pour déloger les facétieux, sous les regards hilares des détenus.

Quelques semaines plus tard, les Démos se rendent au conseil général des Pyrénées-Atlantiques pour reprendre les 21 sièges (sur 52) des conseillers généraux du Pays Basque qui n'ont rien à faire,selon eux, à Pau, où ils sont minoritaires. Les sièges sont installés à Bayonne, là où la future antenne du conseil général du Pays Basque, réclamée par les Démos devrait se tenir. «Avec de tels sièges,déclarent-ils, on ne pourra pas dire que le département basque n'a pas d'assise populaire...». François Bayrou, président du conseil général, estime qu'il s'agit là «d'un cran de plus dans la stratégie de la tension» et se ridiculise au passage. Les Démos lui répondront en organisant l'opération «un siège pour François Bayrou» : ils appellent «tous les basques à nous amener d'urgence des sièges de toutes natures, chaises, bancs, poufs...» pour les remettre à '' Bwana Bayrou''.

Une autre fois, les Démos ''confisquèrent '' aux archives départementales des Pyrénées-Atlantiques le registre des délibérations du Biltzar du Labourd de 1789. C'est un document historique qui consigne la dernière délibération de l'assemblée des élus basques au lendemain de la Révolution française. L'assemblée s'y prononçait contre la création d'un département des Basses-Pyrénées mais pour un département basque. C'est un étudiant, inscrit aux Archives sous le nom de Dominique Joseph Garat, du nom de l'élu député du Labourd aux États Généraux de 1789, qui subtilisa le document. Celui-ci réapparut au cours de quelques manifestations et conférences de presse pour être finalement restitué en 2010 lors de l'inauguration du Pôle basque des Archives Départementales par un activiste déguisé en Dominique Joseph Garat. Entre temps le registre aura été entièrement numérisé pour en permettre la consultation publique.

Entre autre actions, nous pouvons encore citer la ''Bataille du rail'' avec la SNCF pour imposer la double signalisation dans les gares du Pays basque. Les militants manifestent dans les gares, affichent eux-mêmes des signalisations en basque au côté des inscriptions en français et s'enchaînent sur les voies ferrées. Ils obtiennent satisfaction. Ils vont ensuite bloquer des avions transférant des prisonniers basques. Ils vont aussi simuler des accidents de la route pour interpeller sur les dangers pour les familles de la dispersion des prisonniers. 
simulation d'accident - Bataille du Rail (cliquez sur l'image pour mieux la voir)
 
restitution des registres machin truc aux Archives de Bayonne 


À suivre...

8 commentaires:

Anonyme a dit…

En même temps on s'en fout un peu des Basques, non ?

Romain a dit…

Ca dépend où tu habites, gros malin.

Courant Anarcho-Droitier a dit…

L'objet de ces articles n'est pas tant la question basque mais surtout les méthodes militantes employées par les activistes et qui ont marché.

Après libre à Anonyme de s'en foutre et de continuer à distribuer des tracts moches, illisibles et faciles à oublier dans un marché de banlieue.

Grand sage de l'anarcho-droitisme a dit…

De plus, certains lecteurs ont tendance à oublier que le Fight Club n'est pas simplement un défouloir contre l'orientation du NPA.
C'est aussi, pour garder la métaphore du combat, un lieu où l'on étudie les prises qui font mal, ou autrement dit les techniques militantes qui ont prouvé leur efficacité. D'où étude de l'activisme non-violent au Pays Basque, en Palestine, des façons de militer au PCF etc etc... on est d'ailleurs preneur de tout témoignage relatant des expériences réussies d'actions militantes (et 25 militants à une réunion contre la dette on appelle pas ça une action réussie)

Je renvois les nouveaux venus à la lecture de notre charte :
http://fightclubnpa.blogspot.com/search/label/Charte

     a dit…

http://www.rezocitoyen.fr/anonymous-operation-lyon-propre.html

Anonyme a dit…

http://citoyensdanslaction.blogspot.com/2009/03/le-livre-et-son-contenu.html

Courant Anarcho-Droitier a dit…

très bon lien, on en fera bon usage merci

Anonyme a dit…

http://demoak.free.fr/franc/errezeta/index.html