samedi 22 octobre 2016

Pour une sécurité de gauche

Une terrasse de café en centre-ville. Léandre, petitanarchistecassecouillepourvieux, repose sa tasse de cappuccino vide et recommence à téter sa cigarette électronique. Trois ou quatre personnes sont attablées en sa compagnie. Comme Léandre leur coupe systématiquement la parole, de guerre lasse, celles-ci le laissent discourir, hochant la tête de temps à autre, afin de lui laisser croire qu'elles l'écoutent.

Léandre : … Nan c'est vrai que cette histoire de policier découpé à la tronçonneuse peut choquer la frange de population dépolitisée et lobotomisée par TF1 mais n'oublions pas qu'au delà de l'individu se cache une institution sécuritaire dévouée à réprimer toutes les révoltes populaires. La violence est le résultat du chômage et de la disparition des services publics, donc ce n'est pas en donnant plus de moyens à la police comme le réclament les policiers grévistes, qui sont de toute évidence manipulés par l'extrême-droite, que cela résoudra les problèmes.

Il s'interrompt quelques secondes pour retweeter un article de Révolution Permanente sur son smartphone.

Léandre reprenant : ça m'énerve ces flics qui manifestent cagoulés et qui sont même pas réprimés alors que nous, la dernière fois, on s'est pris plein de gaz qui pique les yeux...

Une des convives, perdant patience s'exclame : Mais tu proposes quoi toi pour lutter contre l'insécurité ? Aussitôt elle regrette sa question. Elle cherche à détourner son regard mais il est déjà trop tard, notre aristocrate de gauche embraye.

Léandre : Il faut plus de social et moins de pénal ! Il faut faire de la pé-da-go-gie. Nous avons besoin de plus d'éducateurs, d'enseignants. « Quand vous ouvrez une école, vous fermez une prison » disait Victor Hugo ou Lénine, je sais plus... au lieu de ça, l’État continue sa mutation fasciste avec l'état d'urgence et ses politiques sécuritaires. La preuve : moi-même j'ai perdu trois point sur mon permis, tout ça parce que j'avais dépassé la limite de vitesse de seulement …

Soudain une camionnette freine brusquement devant la terrasse, deux hommes en noir en jaillissent, ceinturent Léandre et le jettent à l’intérieur du véhicule. Ils remontent aussitôt et le camion redémarre en trombe. Tout s'est passé en quelques secondes. Les amis du casse-couille marxiste sont tout d'abord estomaqués, puis ils poussent des soupirs de soulagement, s'allument des cigarettes et commandent des pressions. Pendant ce temps, dans la camionnette :

Léandre : Enculés de fascistes, relâchez-moi tout de suite, je ne parlerai jamais... Oups ! J'ai dit une insulte homophobe, pardon je retire !

Le premier homme en noir : Pardonnez-nous cette démarche un peu brusque, je suis l'agent G et voici l'agent R, ''camarade'' Léandre, nous avons besoin de vous !

Léandre : Qui ça nous ?

L'agent R : La France, ''camarade'', et la sécurité intérieure !

Léandre : Vous êtes du gouvernement ? Et qu'est-ce je... quoi où ?

L'agent G : On est pressés donc on va vous briffer rapidement. En ce moment même, un groupe de terroristes armés jusqu'aux dents, les Trépanneurs du Prophète, retiennent en otage cent-trente personnes à l'autre bout de la ville. Vous devez intervenir !

Léandre : Vous avez dû me confondre avec quelqu'un d'autre, moi je suis vacataire en Arts Plastiques au collège des Mimosas...

L'agent R : C'est bien vous qu'il nous faut. Entre les sous-effectifs dans la police, les arrêts maladies et les agents grévistes, on a plus personne à mettre sur l'affaire. Le Président a donc décidé de tester vos méthodes à vous, l'extrême-gauche, on a lu vos commentaires sur les réseaux sociaux, vous êtes un spécialiste !

Léandre : QUOI ! Mais quelles méthodes ? J'ai arrêté le judo en cinquième parce que je faisait de l'asthme !

L'agent G : La pé-da-go-gie Léandre ! Puisque le tout sécuritaire ne marche pas, vous allez nous faire une démonstration de pédagogie. Voici votre paquetage : on vous a mis des crayons de couleurs, un cahier à spirales, des bouquins de Françoise Dolto et l'anthologie des poèmes surréalistes. Tachez de savoir d'où ils viennent, le Président est prêt à rouvrir un ou deux bureaux de poste dans leurs quartiers.

L'agent R : On est sur place ! Faut y aller maintenant GO GO GO ! L'agent G projette Léandre hors du véhicule.

Léandre, s'avançant les mains en l'air vers un bâtiment barricadé : Euh camarade djihadiste... sous ton prolétaire il y a un uniforme... non merde c'est l'inverse... sous ta cagoule il y a un prol... La suite est masquée par des détonations d'armes automatiques...

….......................................................... 

Nous pourrions êtres découragés devant l'incapacité de notre camp politique à penser les questions de sécurité au-delà du sempiternel sermon soixante-huitard « gnagnagna la pédagogie parce que CRS=SS ». Il ne serait même pas question d'espérer que des militants de gauche se mettent à la place de fonctionnaires de police, mais ne serait-ce qu'imaginer la mentalité d'une population réclamant un peu de sécurité dans ses quartiers, sur ses routes, ceci semble au-dessus des capacités d'un révolutionnaire... Et puis nous avons trouvé l'article suivant, c'est intelligent, c'est réfléchi, c'est une pensée construite autour de ce que pourrait être une sécurité de gauche, comme quoi il ne faut jamais désespérer :


Acab or not acab ?


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Franchement ridicule. Si vous basez vos réflexions politiques sur de telles caricatures, on comprend mieux qu'elles vous mènent dans ce genre de merde.

Anonyme a dit…

ntm mdr tu va aller au goulag et puis c'est tout 15:37