dimanche 24 septembre 2017

Asselineau et le néant

En 2011, on était affligé par ces militants qui étouffaient toute initiative par leur catéchisme et leur folklore révolutionnaire. Aujourd'hui c'est l'inverse qui pourrait nous atterrer, signe peut-être qu'on vieillit. Désormais étaler sa dépolitisation est vue comme un signe de vertu, de pureté politique. Il n'y a plus d'ennemis, c'est trop sectaire, il n'y a que des adversaires dont on pourrait apprendre des choses. Et ceux qui penseraient encore en terme de lignes politiques, de camps, voir même -horreur - en terme d'organisations structurées, sont des vieux cons. Et les vieux cons en ressentent une douleur à l'entrejambe qui ne peux pas déjà être la prostate.

La tarte à la crème du « moi-je-parle-avec-tout-le-monde-parce-que-y-a-de-bonnes-idées-partout » a trouvé une nouvelle illustration avec cette Radio Insoumise qui invite cette vielle baudruche d'Asselineau.

Ce genre d'épisodes est une des raisons du retour du Courant Anarcho-droitier. La suite de ce billet est une synthèse des discussions entreprises sur différents réseaux sociaux au sujet de Radio Insoumise.

Traiter les nouveaux de « dépolitisés » c'est pas très très respectueux.
Quand on parle de dépolitisation on parle de cette idée reçue qu'il y aurait une égalité entre les idées et que l'on pourrait alors interagir de la même façon quelque soit l’interlocuteur qu'on a en face . Dans notre vieux modèle politique à nous, il y a des familles politiques qui ont une origine idéologique commune, il y a des camps qui ont les mêmes objectifs mais avec des stratégies différentes. On discute ensemble le plus souvent possible, voir on agit ensemble quand c'est possible. Et puis il y a les ennemis politiques, ils te boufferont si tu ne les bouffes pas avant. Ce n'est pas être sectaire que de dire cela, c'est une question de survie politique. Refuser de voir qu'il y a du conflit en politique c'est ça être dépolitisé.

Mais Asselineau il veut sortir de l'Europe, ça nous fait une position commune.
Sortir de l'Europe ? Pourquoi faire ? Asselineau veut abolir l'exploitation capitaliste ? Il va accueillir des réfugiers ? combattre les ligues d'extrêmes-droites ?

Mais on va le débunker. Il fera moins son malin après.
Honnêtement, un pépère qui prétend que l'Union Européenne est un projet des nazis réactivé par la CIA, y a besoin de deux heures pour le débunker ?

Mais si on convainc ses électeurs, ça fera peut-être la différence aux prochaines élections.
Au moment où il y a 50% du corps électoral qui s'abstient, on va chercher 0,92% d'électeurs. Autant commencer à  draguer les raéliens.

Si on a plus le droit de discuter avec tous ceux qui nous ressemblent pas, on avancera jamais.
Tu peux évidement (et même tu dois quand t'es militant) débattre avec ton pote, ton cousin raciste, ou un passant lors d'une distribution de tract avec lesquels, bien sûr, tu vas discuter, écouter ses arguments et ensuite exposer tes positions politiques de la façon plus respectueuse possible (en somme tu dragues). C'est tout à fait différent d'inviter sur ton terrain le représentant d'un courant d'idées ennemies des tiennes (et "ennemie" n'est pas un gros mot sectaire, c'est un état de fait concret, voir ci-dessous) pour lui permettre de développer son raisonnement, voir tenter de trouver des points de convergence. C'est alors un affaiblissement de tes positions.

Prenons un cas concret.
On a pas fait que des blogs depuis 2012. On a aussi fait de la radio, sur une chaîne locale. On parle politique en buvant des bières. On invite les syndicalistes, les militants politiques et associatifs du coin qui viennent nous parler de leur boulot. On raconte des conneries, on passe de la musique cool. La question s'est posée au sein de l'équipe d'animateurs : « et si on invitait des militants de droite ou des fachos pour débattre avec eux à l'antenne ? » Cela voulait dire d'abord que sur cinquante minutes tous les quinze jours dont nous disposions nous devions céder une part de ce rare capital temps à un ennemi politique. Ensuite on courait deux risques. Soit, avec le ton de l'émission, on pouvait tomber sur un malin qui se la joue aussi décontracté que nous et on finissait par rigoler ensemble en se chambrant gentiment en buvant des canons, on installait alors une connivence qui nous aurait décrédibilisé; soit on tombait sur un méchant qui connaissait à fond ses dossiers et qu'on aurait pas su contrecarrer et on passait pour des charlots, là encore perte de crédibilité. Donc on ne fait pas entrer d'ennemis politiques sur nos terrains.

Parler d'ennemis c'est vraiment agressif, moi j'ai que des adversaires (à part le FN)
Un adversaire c'est quelqu'un avec qui on fait la course, l'un des deux gagne et on se serre la main après. Un ennemi c'est quelqu'un dont le projet (politique) vise à détruire nos vies. On pas mal d'ennemis politiques.

Et puis eux, c'est pas la radio de la FI, c'est la radio "libre et indépendante" née du discord insoumis.
C'est vrai. La radio officielle s'appelle Les jours heureux. On attend donc leur avis, eux et les instances de la France Insoumise, avec gourmandise.
coïncidence? certainement pas...


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