dimanche 27 novembre 2011

« Jeeeuuuh ne suis paaaaaaaaas zun héros !


par Dominique Marc

La réédition des œuvres complètes d'Isaac Babel, romancier révolutionnaire russe du début du siècle est l'occasion de rééduquer les camarades prêtres rouges à grands coups de sabre.

Si la révolution n'est pas un dîner de gala, ce n'est pas non plus une sacrée tranche de rigolade. Isaac Babel a suivi les cosaques du front de Pologne en 1920. Il en a tiré une fresque fauve de la guerre civile. Dans La Cavalerie Rouge, les héros de la révolution aiment bien piller, rigoler, violer et tuer gratuitement. Une fois le premier village de la campagne pris, la colonne s'apprête à brûler les juifs locaux. Mais l'ordre de Trotski tombe : on juge les juifs avant de les brûler. Trotski il peut pas être juif : il est chef. Et le chef, on l'écoute. La compagnie a pour toute connaissance du matérialisme historique un discours de Lénine repris par la Pravda.
Comme Trotski ou Victor Serge, Babel a moyennement été toléré par Staline : banni par le régime il ne reviendra en grâce qu'après la mort du gros moustachu (pas Francis Cabrel, l'autre). Manque de chance, il a été exécuté entre temps.
L'écrivain est un vrai héros du prolétariat : un mec normal qui a une vie chelou. Après des études de commerce il s'intéresse à la littérature, travaille pour la tcheka puis devient journaliste. A peine diplômé, Gorki lui conseille de courir le monde : à 22 ans, c'est plus rigolo que de lire des livres. Il s'engage rapidement dans l'Armée rouge où il côtoie des bourrins qui l'aiment pas trop parce qu'il lit des livres.
Si l'auteur des Récits d'Odessa est un modèle c'est par son parcours accidenté et impatient, son écriture ironique, implacable et lucide. Celui d'un homme pas trop con qui, pris dans la crasse de l'histoire, témoigne de sa bassesse et de sa trivialité. Babel est un héros parce qu'il ne renie rien : loin de l'abstraction révolutionnaire il garde une foi désabusée en les hommes, un amour de ceux qui, bouffés par la banale cruauté de la guerre civile ont arraché la mort du vieux monde.
Son œuvre mérite d'être lue à l'heure où notre organisation cherche à recruter des « profils révolutionnaires ». Avec Babel on apprend que la lutte des classes n'a rien de la pureté théorique qu'on lui prête.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca m'a bordéliquement donner une envie folle de dévorer les écrits du bonhomme!

Ca se trouve en échange gratis de pair a pair (ou pas) numérisé ce genre de chose?

Anonyme a dit…

Et mon commentaires bande de gros enculés?


Affectueusement cela va de soit.

Anonyme a dit…

Ca m'a bordéliquement donner une envie folle de dévorer les écrits du bonhomme!

Ca se trouve en échange gratis de pair a pair (ou pas) numérisé ce genre de chose?

Anonyme a dit…

Et mon commentaires bande de gros enculés?


Affectueusement cela va de soit.

Guillaume a dit…

"Gros enculés"..."Gros enculés" ?

je vous trouve un brin impertinent cher anonyme du 29 novembre. J'ai quand même vachement minci ces derniers temps.

Courant Anarcho-Droitier a dit…

Parfois blogger ne publie pas certains commentaires les considérant comme des spam (le con). Généralement on les reçoit sur notre boîte mail et on les republie en suivant.

Il faudrait qu'on demande à l'équipe de maintenance des anarcho-droitiers de voir ça, mais on ne sait pas ce qu'ils branlent.

Concernant la question où trouver les textes de Babel, eh bien, une bonne médiathèque devrait pouvoir répondre à toutes vos envies

Anonyme a dit…

Je vois.


S'écria stevie wonder.