ou comment j'ai (discrètement)
picolé à la fête de Lutte Ouvrière
L'article sur la
bibliothèque de LO a fait surgir une idée saugrenue dans mon petit
cerveau de schizophrène rigolo : ''et si j'allais à la fête de LO
qui justement, oh hasard facétieux, se tient ce week-end ?''
Et c'est ce que
j'ai fait. Pour la première fois. Je suis plus habitué à la Fête
de l'Huma dont les trois dernières fois j'ai dû me jurer que
c'était la dernière fois que je m'y rendais. Mais j'y retournerai
sans doute. C'est donc avec un œil d'anthropologue et un œil
d'anarcho-droitier que j'ai arpenté les allées de la fête.
La première chose
qui marque lorsque l'on arrive sur le site c'est la verdure. Les
stands sont installés dans le parc autour du château de Presles,
propriété du parti trotskyste. Lors d'un week-end ensoleillé comme
ce fut le cas durant cette session, le cadre est très agréable
et apaisant. L'extrême propreté des lieux retient ensuite
l'attention. Des militants circulent constamment pour faire
disparaître les rares déchets abandonnés, si bien que l'on n'ose
pas jeter un seul mégot (et ce n'est pas plus mal).
Le programme de la
fête laisse une place très importante à la culture et à la
science. Cinq librairies sont abondamment fournies par genre ou thème
: romans, documents, témoignages, histoire du mouvement ouvrier,
ouvrages de vulgarisation scientifique, livres d'occasion... Des
écrivains viennent parler de leurs livres. Cette année on pouvait
croiser Didier Daeninckx, Jean-Luc Einaudi, Jean-Jacques Marie, Serge
Halimi...
Une cité des
sciences propose un programme de mini-conférences tenues par des
militants ou par des chercheurs invités : biologistes, généticiens,
physiciens, chirurgiens, historiens des sciences, astrophysiciens...
Les thèmes sont variés et présentés souvent avec humour, voici
quelques titres pour vous donner une idée : crème ou mousse au
chocolat, mais pourquoi c'est bon ? Quand les baleines avaient des
pattes ; les mathématiques contre le paranormal; les neurones de la
lecture; faire le point en mer, de la navigation à vue au GPS...
Comment des
militants si humanistes dans leur activités extra-politiques
peuvent-ils être si obtus dès qu'ils parlent politique ? La réalité
de LO s'est rappelée à moi lors de l'allocution de Nathalie Arthaud
ou lors des débats organisés dans la fête. En gros, comme depuis
quarante ans, point de salut en dehors du marxiste-léninisme le plus
chimiquement pur, seul un parti communiste révolutionnaire de masse
nous sauvera du capitalisme mais hélas les conditions ne sont pas
encore réunies pour le créer.
A noter le débat
LO/NPA dont le thème était ''quelle politique face à la situation
crée par les élections ?'' En fait de débat c'est une battle entre
les deux formations pour savoir qui a la plus grosse dialectique. Un
membre de la majo du NPA, postier mais pas ex-porte parole, s'est
fait donner une leçon de catéchisme marxiste par les profs de LO.
Aucun intérêt si ce n'est voir un curé rouge se faire moucher par
plus curé que lui.
Sinon le public de
la fête est pour le plus grand nombre prolo, avec beaucoup de
familles, d'enfants et d'ados. Et il est ici temps de rétablir une
vérité : on peut boire de l'alcool à la fête de LO ! Et
pas seulement en commandant un repas. On trouve, suivant les stands,
bières, vodka, margarita et même champagne. Alors forcément j'ai
bu plus que j'aurais dû, juste histoire de dire que je me suis
dépravé dans le bastion de la morale prolétarienne mais … avec
la Kronenbourg, passé 17 ans, on a plus vite mal au ventre qu'à la
tête.
Bref, dans le cadre d'une fête militante de gauche, si vous voulez
vous déchirer la gueule et dormir par terre, allez à la fête de l'Huma, si vous voulez
passer un week-end en famille allez à la fête de LO.
Fête de l'Huma 2007 |
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Fête de LO 2012 |