vendredi 19 juillet 2013

Y en a des biens

On passe notre temps à cogner sur les travers du militant gauchiste que l'on ne supporte pas. Toutes ces tares et conservatismes qui font fuir le nouvel arrivant. A-t-on besoin de les répéter ? Oui rappelons en quelques unes, la pédagogie passe par la répétition, encore et encore :

En vrac, ce putain de folklore sans lequel curé rouge se sent tout nu, drapeau rouge, badges, chants liturgiques; ces putains de réunions ultra-codifiées, que l'on soit quatre ou quarante; ce besoin de faire des citations; ce besoin de faire des trucs chiants pour prouver qu'on est un vrai militant; ces perpétuels procès en sorcellerie contre tous ceux qui ont dévié ne serait-ce que d'un pas de la pureté idéologique copyright 1917, etc, etc...

Mais...

Mais alors pourquoi militons-nous encore, si de tels phénomènes nous fatiguent ? Parce que nous croisons aussi des militants extraordinaires. Avant que notre joyeuse dérision des curés rouges ne se transforme en aigreur, faisons une pause le temps d'un billet pour déclarer notre admiration pour ces milliers de héros souvent anonymes. Étant des nazis de la grammaire, nous évoquerons nos exemples au masculin, mais bien entendu, à part les ultras de la déconstruction des genres, tout le monde comprendra que les personnages cités sont aussi bien des hommes que des femmes.

Commençons par un mal-aimé des auto-proclamés ''militants révolutionnaires'' : le prof. Le prof qui n'enseigne pas, mais qui communique sa passion, que ce soit des maths, des lettres, de la biologie. Ses élèves savent vaguement qu'il est syndiqué à cause de ses absences lors des journées de grèves. Mais lui est tellement de gauche qu'il ne prend pas la peine de faire la moindre allusion à ses opinions politiques. Il sait qu'un jeune bien instruit, cultivé et critique sera à même de rejoindre plus tard le bon côté de la barricade. On en a tous croisé au moins un ou une dans notre scolarité.

Continuons avec le militant associatif. Soit il est de gauche soit il ignore qu'il est de gauche. Une bande de jeune qui remontent un comité des fêtes dans un village, c'est de gauche. Recréer du lien et de la solidarité c'est de gauche, merde ! Et c'est énormément de boulot. Salut aussi aux associatifs du planning familial, des comités de soutien aux sans-papiers, personne ne les a obligés à faire ce qu'ils font. Ils le font parce qu'ils ont des valeurs. Car avoir des valeurs a encore un sens pour des milliers de personnes.

Salut aussi au vieux militant ouvrier autodidacte, le maître Yoda de nombreux jeunes militants. On a l'impression qu'il a tout connu, il a plein de choses à raconter, mais il ne radote pas. Il n'a jamais brigué de mandat, et quand il a été élu quelque part, c'est les copains qui l'ont poussé. On l'a toujours connu puis on s'est aperçu un jour que cela faisait quelque temps qu'il s'était mis en retrait, laissant discrètement les commandes aux militants plus jeunes sans pour autant abandonner qui que ce soit.

Et enfin, le syndicaliste. LE héros des temps modernes. Être syndicaliste dans de nombreuses boîtes aujourd'hui, c'est être un mélange d'abbé Pierre et de James Bond. Le syndicaliste sacrifie une partie de sa carrière pour défendre celle des autres. Il doit ruser, éviter les pièges tendus par ses chefs et ses patrons ou se battre quand le conflit devient inévitable. Et quand il y a bagarre, c'est vers lui que se regroupent les collègues de boulot. Gégé Filoche cite un militant syndical suédois s'exclamant à propos des syndicats français : « mais comment faites-vous ?Avec 80% de syndiqués nous n'arrivons jamais à avoir des grèves aussi massives que vous, avec 8% de syndiqués...? »C'est plus du Ken Loach, c'est du Bravehart.

Merci à eux et merci à tant d'autres, qui se foutent d'être gauchistes ou droitiers. Ils nous ont donné l'envie de leur ressembler, ils nous ont remotivés dans les moments de découragement, en un mot ils nous ont transmis le feu sacré.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a un point commun entre tous vos "militants bien"

Ils montrent l'exemple et agisse par leurs actes plutôt que de vouloir en permanence imposer des comportements aux autres et les juger.

Anonyme a dit…

«Une bande de jeune qui remontent un comité des fêtes dans un village, c'est de gauche.»

Sur le principe ya pas photo.
Dans les faits par contre ca peut très vite varié...

Le reste on ne peut etre que globalement d'accord. (on va pas commencer a chipoter tfacon, ca ferait mauvais genre vu le sujet :D)

Courant Anarcho-Droitier a dit…

"Ils montrent l'exemple et agisse par leurs actes plutôt que de vouloir en permanence imposer des comportements aux autres et les juger."

si ceux qui cherchent à imposer des comportement sont les curés rouges auxquels tu penses, on est d'accord, c'est bien ça qui nous séduit dans les portraits que l'on a dressé.

Si c'est à nous que tu penses, pourquoi pas ? le danger nous guette et la tentation de faire les moralistes peut nous grignoter doucement sans qu'on s'en aperçoive.

D'où de prochaines modifications dans ce blog et ce courant.

Patiente jusqu'à la fin de l'été pour en savoir plus.

Nicolas a dit…

La création d'une branche armée du Courant anarcho-droitier ? ;)

Courant Anarcho-Droitier a dit…

Plutôt la création d'une compagnie aérienne ...

(ce sera le seul indice)

Mimo a dit…

Salut,

juste une précision afin de dire que ce que vous appelez des militants de "gauche" c'est en fait des militants de classe .La "gauche" ça veut pas dire grand chose et ce n'est en tout cas pas le vrai lien entre toute ces figures de militantisme "social" que vous décrivez .
Après que votre gauche propose de soutenir ce militantisme là plutôt que la philosophie d'ultra gauche ou la course aux places d'élus comme "débouché politique" bidon c'est bien ... mais ça n'en fait pas un militantisme de "gauche"

Je suis pas du tout de votre bord politique (vous me semblez surestimer le militantisme de parti et je vous situe comme partisan de la stratégie social démocrate traditionnelle ... ce qui n'est pas une insulte mais un terme historique couvrant des pratiques anticapitalistes sincéres) mais j'aime vous lire car votre approche des problèmes du militantisme de classe me parle . Par exemple votre article plus haut sur la sociabilité dans les partis, ressemble à ce qui me plait de développer dans le militantisme de classe (surtout syndical en fait, mais aussi de quartier ) car c'est ce qui fait que globalement nos organisations sont maigrelettes, instables, composé de trop de fous furieux asociaux ...

A plus tard peut être ,
Mimo