mercredi 14 novembre 2018

The anticapitalist expendables

Cet article partait avec des intentions sérieuses. Il devait s’intituler « De l’outrance » et traiter des excès de langages de Mélenchon et du populisme de gauche. On avait même lu un article de Roger Martelli en entier pour préparer ce texte. Les trois premiers paragraphes ci-dessous allaient dans ce sens. Et puis, que s’est-il passé ? Nous nous sommes laissés déborder par notre imagination puérile...

Voyez comme nous avons pris le temps avant de réagir à l’actualité mélenchonnienne. Tourner sept fois ses pouces avant de taper sur son clavier. Si tous les trolls s’astreignaient à cette discipline, Internet serait un salon cosy peuplé d’érudits courtois.

Les coups de gueule du chef de la France Insoumise plaisent à certains et en heurtent d’autres, en gros elles clivent. Et comme à chaque fois, le fan-club mélenchionnien cherche à l’imiter et l’on tombe alors dans la caricature de la caricature.

Notre conviction est que les gens vont se lasser de ces personnages gueulards et outranciers, comme ils se sont lassés des technocrates lénifiants. L’avenir reviendra peut-être, et c’est notre souhait, aux vieux sages rassurants, du type Jeremy Corbyn ou Bernie Sanders. Encore qu’en France des vieux sages à la Bernie Sanders on en voit pas beaucoup depuis la disparition de Daniel Bensaid.

A moins que celui-ci n’ait développé des pouvoirs psychiques qui lui permettent de réapparaître en fantôme comme les Jedis dans Star Wars.

Ou alors, oh wait …

Ou alors, afin de contenter tout le monde, il faudrait que tous nos stéréotypes d’hommes et femmes politiques de notre bord fassent équipe. On appellerait ça la AntiK-Team, l’équipe Anticapitaliste. Il y aurait :


Le vieux sergent bourru : toujours de mauvaise humeur, il ne sait communiquer qu’en râlant. Il tient même des propos parfois limite sur les élites ou les immigrés mais on l’aime bien quand même. C’est notre Sergent Hartman ou Tom Highway à nous.


Le badass : il décapsule avec les dents une bouteille de Kwak, qu’il engloutit cul-sec avant d’aller retourner tout seul une sous-préfecture. Il n’a peur de rien, il vaut mieux l’avoir avec soi que contre soi.




Le beau gosse : personne d’autre que lui ne sait porter une casquette de postier avec autant de swag. Il ne veut s’unir avec personne mais c’est parce qu’il cache une terrible blessure sentimentale secrète. Ça le rend encore plus craquant. Les filles sont sous le charme, leurs mères aussi.





Le side-kick rigolo : il ne peut pas être le héros à lui tout seul mais il sait se rendre indispensable. C’est le meilleur copain du Beau Gosse, c’est aussi son faire-valoir. Toujours la blagounette au coin de la bouche pour détendre une atmosphère, on se souvient de son « il n’y a pas d’immunité ouvrière!» .



Le geek cool : comme un geek, il a son look propre à lui, des t-shirts militants ou des maillots de foot. A côté de ça, il bosse ses dossiers à fond. Il écrit et publie son propre journal, il investit les réseaux sociaux. C’est un bourreau de travail mais qui a su rester sympa.


La psycho-rigide : elle est spécialiste en combats rapprochés rhétoriques. Elle dédit toute sa vie à la lutte. On ne lui connaît aucune faille ni aucune passion. Le side-kick rigolo est amoureux d’elle mais se prend régulièrement des gros râteaux, ça en devient un runing gag.




La dernière survivante : elle a survécu à tous ses amis qui ont été éliminés par les curés rouges slashers. Elle n’a plus peur de rien et saura conseiller son équipe pour éviter les pièges de la division et du sectarisme. Vous voyez le lieutenant Ripley ? Eh ben pareil mais en mieux...




Mamie Gâteau : c’est la pause tendresse qui permet à la AntiK-Team de souffler un peu entre deux aventures. Elle est pleine de bon sens et trouve que « le monde ne tourne plus rond ». Elle dit aussi d’un ton très doux : « quand on voit les excès du CAC 40 on se dit que les gens sont devenus fous ». C’est Suzanne Flon dans Les enfants du Marais, on l’aime bien.


L’apprenti-champion : il est encore jeune et timide. Il n'ose pas encore gueuler très fort pendant les perquisitions au siège de son mouvement mais il a de la passion et beaucoup de potentiel. Il commencera par oublier de se raser, puis sa chemise sera froissée, bientôt il se mettra à fumer nerveusement des Gauloises sans filtre. Enfin, il tiendra tête au Sergent Bourru. Bref il va s’aguerrir au fil des aventures.  



La guerrière amazone : elle balance des coups de boule polémiques ou des coups de sabre politiques. C’est le pendant féminin du Badass. La légende raconte qu’elle a des couilles… plusieurs paires arrachées à ses ennemis qu’elle porterait en pendentif sous son chemisier. Le personnage de Michonne dans Walking Dead est directement inspiré d’elle.



L’intello sexy : « la plume est plus forte que l’épée », telle pourrait être sa maxime. Ses combats, elle les mène dans les colonnes de Regards ou Politis. Souvent rabrouée par le Sergent Bourru, il lui en faut cependant plus pour être impressionnée.




Le clown triste : toujours pessimiste, il ne cesse de gémir que « l’équipe n’y arrivera jamais j’vous aurai prévenu ». Il se plaint aussi que personne ne l’écoute. C’est lui qui va mourir en premier.

 


On peut enfin terminer par les vieux loups de mer : ils ont une grande connaissance de l’histoire du mouvement ouvrier mais ils sucrent un peu les fraises. Les deux passent leur temps à s’engueuler. Tandis que le premier s’emmêle les pinceaux avec tweeter, le second se croie encore en 1968. Plus personne ne les écoute. Ce sont les Statler et Waldorf de l’Anti-K Team.

Après plein d’aventures, on verrait la Cinquième République s’écrouler dans des geysers de flammes. Nos héros marcheraient au ralenti face camera sur la chanson de Back in Black d’AC/DC.



Sans déconner… 

 

1 commentaire:

JMB a dit…

Un monument !