mardi 6 septembre 2011

Changer de disque

Une première ébauche de ce billet a été publiée en début d'année sur le blog Comité de Salut Public et sur celui du NPA 12, mais comme l'auteur est un anarcho-droitier notoire nous en reproduisons une version réactualisée ici.


Imaginez – mettons – un employé de grande surface ou une mère de famille au chômage. Ils ont entre trente et cinquante ans. Ils n'ont jamais fait de politique. Peut-être n'ont-ils jamais voté. Seulement voilà, ils ont rencontré un gauchiste sympa dans leur entourage. Celui-ci a réussi à les traîner dans meeting du NPA. Ils se sont laissé convaincre. Il y avait peut-être ce jeune facteur en guest star. Voir en vrai une personne qui d'habitude passe à la télé, cela vaut peut-être le déplacement.

Ils sont entrés dans la salle : 50, 100 ou 200 personnes étaient présentes. Des connaissances du copain gauchiste sont venues les saluer. Il y avait une petite ambiance de kermesse. Puis des intervenants ont commencé à prendre la parole. D'abord ce sont des salariés ou des chômeurs comme eux qui ont parlé. De leurs galères, leurs angoisses – nos deux témoins se sont reconnus dans ces propos – mais aussi de leur révolte et de la façon dont ils s'organisent pour se battre contre cette vie de merde.

Puis ce fut au tour de l'invité vedette d'intervenir. Son discours portait sur la politique nationale, mais, surprise, ce n'était pas austère. Au contraire, c'était tout à fait compréhensible et même intéressant, exprimé avec des mots simples, avec des phrases percutantes. Si c'était Besancenot, le ton est vite monté, une saine colère s'est transmise au public. Si c'était Krivine, après deux ou trois blagounettes, la salle a éclaté de rire et s'est trouvé acquise. C'est le cas de nos deux ouvriers, car ils commencent à prendre conscience qu'ils font partie de ce genre de communauté. Les discours se terminent. L'animateur annonce l'ouverture d'un apéro pour financer la soirée.

Tout s'annonce bien, quand tout à coup... la salle se lève et se met à chanter d'une voix monocorde un chant où il est question d'internationale. Certains chantent les bras croisés en regardant leurs chaussures, d'autres au contraire bombent le torse et lèvent un poing fermé. Tous semblent très concentrés. La salle a pris tout à coup une teinte très officielle. Nos deux amis se regardent, surpris. Que doivent-ils faire ? Ils ne connaissent pas les paroles de cette chanson. Doivent-ils se lever eux aussi ? S'ils restent assis quelqu'un va peut-être leur faire une réflexion ? S'ils sortent maintenant, ils vont se faire remarquer. Finalement ils restent assis, gênés, en faisant semblant de regarder ailleurs.

Tout de suite après, le copain gauchiste les a rejoint, tout sourire : «- Alors comment avez-vous trouvé la soirée ?» « - Bien, bien... c'était intéressant» répondront-ils poliment. « - Vous restez à boire un verre, on va discuter !» renchérira le militant « - Non merci, c'est gentil, mais il faut qu'on rentre. Demain on a une grosse journée. On va vous laisser entre vous».

Voilà, sous forme de story telling, un exemple de ravage que peut causer le folklore d'un milieu. Et le NPA, tout nouveau parti qu'il est, est encore bourré de folklore. Dans le vocabulaire des militants, dans leurs fringues, dans la rédaction ou la mise en page de ses tracts et de sa presse. Le numéro 5 de TEAN* la revue affichait en double page pleine les profils de Marx Engels Lénine et Mao. On croit rêver. L'abruti responsable de cette mise en page s'est sans doute fait plaisir (et on l'imagine gueulant '' trop délire !'' devant son écran) mais combien de lecteurs perdus ou non acquis cela a t-il couté ?

Arrêtons de chanter cette putain d'Internationale à la fin de nos meeting ou de nos congrès ! Si vous êtes trop gauchiste pour vous mettre à la place des deux personnages évoqués plus haut, imaginez-vous plutôt arrivant dans votre nouvelle belle famille. Les parents sont cools, ils vous accueillent chaleureusement, la conversation s'engage gentiment. Et puis au moment de passer à table, contre toute attente, voici qu'ils se mettent à réciter le benedicite. Quelle sera votre réaction ? Vous vous sentirez con, gêné, pas à votre place. Parce que ces gens emploieront des codes qui vous sont inconnus et qui vous excluent donc de fait.

C'est ce qui se passe chez pas mal de gens, qui malgré le fait qu'ils n'aient aucune culture politique, ont le courage de faire un pas vers nous dans nos meeting. Mais que pensent-ils à la fin, quand se met en branle ce cérémonial religieux (car c'en est un), qu'ils ne maîtrisent pas et auquel ils ne peuvent adhérer ? Ils n'ont pas les codes et ne peuvent se reconnaître dans cette communauté de fait. On le sait, on l'a vu et on nous l'a avoué.

Il ne s'agit pas de remplacer l'Internationale par Allumer le feu pour faire plus proche du peuple. Il s'agit d'être neutre pour permettre à tout ceux qui ont un compte à régler avec le capitalisme de se reconnaître dans nos discours et nos actions, et pas dans un chant ou dans la couleur d'un drapeau.
Tant que l'on ne changera pas de tels comportements, le NPA aura toujours plus de sympathisants que de militants.



* TEAN : À ne pas confondre avec teen, puisqu'il ne s'agit pas là d'adolescentes posant devant leur webcam, mais de l'acronyme de Tout Est A Nous, le journal hebdomadaire du NPA. Celui-ci est imprimé en rouge et noir, il est moche et personne ne le lit. Faites un test : essayez de vous souvenir de la Une de TEAN d'il y a quinze jours... Vous voyez ? Vous ne l'avez pas retenue. Il coûte beaucoup d'argent au NPA pour un impact nul, mais Lénine a dit qu'un parti révolutionnaire doit avoir une presse, donc on a une presse. Cependant, excepté l'exemple cité plus haut, la formule mensuelle est d'une qualité supérieure, tant dans le fond que sur la présentation, même si elle ne s'adresse encore qu'à un lectorat de militants.

39 commentaires:

Anonyme a dit…

Autre spécialité bien de chez nous : la durée, interminable, des interventions en tribune. Avant que ne débute le folklore de l'entre nous, bien souvent, les profanes se sont fait la malle

Courant Anarcho-Droitier a dit…

Tout à fait. Et cette durée insupportable des discours, tout comme leur vocabulaire parfois obscur ou le ton à la fois professoral et dépressif (il y a des exceptions, notées dans l'article), relèvent de cette obsession de "faire sérieux", laquelle sera le thème d'un article, un de ces quatre.

Anonyme a dit…

Totalement vrai, même constat de décalage total lorsque j'étais encore au NPA. A l'époque (2008, quand la LCR-NPA jurait la main sur le coeur avoir changé, toussa, toussa) on accueillait une demi-douzaine de sympat' par semaine...qui ne restait jamais après une réu truffée de grammaire marxiste et de longues tirades en col roulé.

J'aurai dû me casser en même temps et pas perdre deux ans à refuser de voir que l'avenir selon le NPA c'est le passé ("mais pas pareil, hein").

Ma plus belle au NPA : réu de la commission "démocratie et fonctionnement [et ouverture]". On cause du multipartisme et du respect des élections comme la base d'une démocratie. Un camarade intervient : "mais tu te rends compte, s'ils avaient fait des élections en URSS, les USA auraient renversé le régime !!!". Arf, vu comme ça... Bye, bye les bolchos.

Anonyme a dit…

Et cette auto critique incessante : le NPA va mal, le NPA est en crise, le NPA est un échec ect ...
alors, qu'au NPA, on a des militants tous plus brillants les uns que les autres. Et, abstraction faite du cas Poutou, une bonne centaine d'orateurs talentueux.
Ca confine au nombrilisme sado - maso.
D'où ma question : Comment mobiliser les masses quand on est, soi même, démobilisé ?

Anonyme a dit…

C'est vrai que vu la situation (et uniquement celle ci) tout parti de gauche qui se respecte devrait foutre par dessus bord tout ce putain de folklore que plus personne ne connait ou regarde d'un œil bizarre…

International, marseillaise, tout ce que vous voulez, faut oublier.

On le refera le jour on le peuple en inventera des nouveau et que ce sera naturel et très significatif pour lui.

En attendant, ca sert a rien comme c'est si bien expliquer ici et comme l'avait fait le cher CSP.

Et pour le coup de la press, tout se passe presque déjà sur internet, ca va s'y faire de plus en plus vu la poussé avec l'attaque de la droite réac (pléonamse-ouai je corrige pas) anonymous logiciel libre etc.

Au fait :

http://www.article11.info/spip/Benjamin-Bayart-Il-est-desormais

Lire du bayart et autres, du lordon et autre, quelques choix perso, on mélange le tout et en avant vers du NEUF et qui… MARCHE.

pablito a dit…

Salut

Personnellement je suis au PG et j'avoue que cet article me donne à penser quant aux chants en fin de meeting : chez nous c'est l'internationale + la marseillaise.

Mais si j'adhère à l'idée qu'il faut se débarasser du folklore vieillot, il faut aussi des choses qui permettent un peu de cimenter les militants en les réunissant autour de symboles, de chants ou autres...

Par exemple avec les djeun's du Pg, quand on se met à chanter des trucs bien bolcho, on a toujours les livrets avec les paroles pour entrainer ceux qui ne savent pas ou ne connaissent pas (moi la varsovienne, je l'ai apprise comme ça...) ça permet d'inclure et vu le niveau en chant du militant moyen (surtout chez nous les sociaux traitres) tu peux en avoir 10 qui la connaissent pas et chantent à l'arrache ben...T'es au diapason.

Donc pas forcément d'accord sur les chansons: il faut inclure, donc donner aux gens les tenants et les aboutissants de ces pratiques.

Courant Anarcho-droitier a dit…

Bof, bof, bof...
le ciment entre militants se fera autour de luttes communes, autour d'un projet commun, autour de ressentis partagés, pas autour de chansons ringardes qui prônent le sacrifice ( '' pour notre drapeau soyons prêts à mourir'' : pas moi)
Après, on ne va pas interdire à ceux qui le souhaitent de pousser la chansonnette à la fin d'un repas ou d'un apéro, mais bordel pas dans un meeting, pas comme conclusion d'une expression publique et officielle : devant des gens qui n'ont pas cette culture du patrimoine nostalgique militant, on a l'air con, enfin vous, pas nous puisqu'on ne la chante plus depuis longtemps...

Anonyme a dit…

Que l'on vomisse la Marseillaise de merde, c'est une chose, et la Marseillaise dans les meetings, c'est une belle preuve de dégénérescence nationaliste bien dégueu.

Par contre, l'Internationale désolé mais c'est n'importe quoi votre truc. Je suis allé à un certain nombre de meetings alors que je n'étais pas militant et que je ne connaissais pas l'Internationale, ben je me suis juste dit "dommage, je connais pas les paroles", et j'ai apprécié le moment.

Faut arrêter de prendre les travailleurs pour des neuneus et faire comme CSP qui ne jure que par les méthodes de propagande d'extrême droite, qui seraient soi-disant plus adaptées à l'intellect soi-disant plus limité de l'ouvrier. C'est juste lamentable ce mépris des classes populaires.

Courant Anarcho-droitier a dit…

C'est fou comme s'attaquer aux hochets de certains déclenchent des colères irrationnelles !

L'extrême-droite utilise actuellement des méthodes de propagande de Gramsci... théoricien marxiste italien. Pour faire court : avant une guerre de mouvement (grève générale, insurrection) il faut une guerre de positions qui passe par une lutte culturelle afin de gagnermis le leadership intellectuel et moral. Tu vois curé rouge anonyme de 23:30, nous aussi on lit des livres.

Quand curé rouge est malmené dans ses convictions, l'anathème tombe immédiatement sur le mécréant : "si vous ne pensez pas comme moi c'est que vous méprisez les classes populaires", et vlan !

Qui méprise qui ? Si les ouvriers ne comprennent pas un tract d’extrême-gauche, ils n'ont qu'à prendre un dictionnaire ? Les ouvriers ils ont qu'à lire l'histoire de la révolution russe le week end au lieu de regarder le tour de France, ils s'émanciperont plus facilement ?

Les tenants du cérémonial sacré d'extrême-gauche considèrent que c'est aux gens de s'adapter à la culture militante. Mais nous on a autre chose à foutre que d'apprendre les paroles d'une chanson ou la vie de St Guevara.

Nous cherchons à être les plus efficace possible. Sur le projet de société et les luttes à mener, on est d'accord, on va vous la vendre votre camelote, mais pas en faisant semblant de croire que tout le monde est allé en fac d'histoire ou de philo. Pas non plus en s'enfermant dans un folklore que personne ne partage.

Gagner la bataille culturelle ne se fera pas en tentant d'imposer une autre culture mais en faisant en sorte que nos idées et la culture populaire ne fasse plus qu'une.

Romain a dit…

Révérend de 23h20, je ne comprends pas cette haine pour la Marseillaise. En matière de chansons débiles (un répertoire que tu sembles affectionner), je la trouve plutôt réussie, peut-être même plus que l'Internationale.

Ah, elle ne représente pas la même chose ? Pourtant, il me semblait bien que les Très Saints Bolchéviques de 1917 (la Paix Eternelle soit sur Leurs Noms) la chantaient, pendant la révolution russe. Ben alors, deux poids, deux mesures ?

Faut savoir ce qu'on veut: soit on vénère l'Internationale parce que tu comprends, c'est une question de respect des anciens et de tradition du mouvement ouvrier, et dans ce cas-là, la Marseillaise, c'est tout à fait acceptable; soit on est une personne de goût, et on emmerde toutes les messes fussent-elles rouges ou tricolores, et dans ce cas-là, on relègue les ritournelles susdites aux fins de repas, où elles ont leur place (et être une chanson à boire n'est pas indigne).

Anonyme a dit…

Les gens qui croient que les ouvriers sont trop cons pour comprendre, et qu'il faut faire le plus simpliste possible pour qu'ils comprennent, ce sont effectivement des gens qui méprisent les classes populaires et qui ne voient les ouvriers que de manière fantasmée et déconnectée. Apparemment, cette réalité en gêne certains au point de déclencher des colères irrationnelles...

Quant à l'extrême droite qui s'inspirerait de Gramsci et autre délires. L'extrême droite n'a pas eu besoin de Gramsci pour faire du populisme et mettre au point sa stratégie du bouc émissaire dès la fin du XIXème.

Et l'hégémonie idéologique, l'extrême droite la gagne surtout quand une partie de la gauche se met à défendre des idées d'extrême droite comme sa pseudo-laïcité/islamophobie, sa fermeture des frontières et son protectionnisme, toutes ses âneries nationalistes, etc. tout comme dans les années 20-30 avec le passage de fractions du mouvement ouvrier à l'extrême droite.

@Romain : t'as le droit d'être fan du nationalisme et de ses expressions exacerbées. L'introduction de la Marseillaise dans les meetings de gauche à une histoire : celle des années 30 et du triomphe du stalinisme sur ses oppositions de gauche. Ce n'est pas pour rien.

Romain a dit…

Wahou, 13h55. Du lourd, du grand, de l'exemplaire.

"Mépris de classe", automatiquement attribué à l'adversaire, parce qu'en vrai, les Zouvriers sont capables de "comprendre" l'Internationale, donc c'est les vilains anarcho-droitiers qui les prennent pour des cons. Mais d'où y a quelque chose à "comprendre" dans ton Te Deum, à part que tu te fais plaisir en le chantant ? D'où faudrait gentiment attendre que le monde entier s'adapte au folklore rassi de trois pimpins, parce "qu'il en est capable" ?

"L'extrême-droite, y sont méchant, et pis c'est tout". C'est vrai qu'il est totalement inutile de comprendre l'ennemi, d'analyser ses méthodes, ses tactiques. Ça ne sert à rien, de savoir que oui, l'extrême-droite lit Gramsci (que nous, nous avons joyeusement oublié) et s'en inspire, tout ce qu'on a savoir, c'est qu'ils sont méchants. C'est très utile de s'attaquer au Front National de la même manière que si c'était l'Action Française ou Ordre Nouveau, sans lire les évolutions de ces milieux de consanguins, et en tirer les nécessaires adaptations pour les combattre...
Aaah, l'antifascisme esthétique...

Et finalement, best of the best: "Fachoooooooooooo !", tout ça parce que j'ai dit que la Marseillaise et l'Internationale, c'était kifkif pour moi dans le n'importe quoi. Le tout agrémenté d'une leçon d'histoire (erronée, mais passons).

Tu sais que t'es pas loin de gagner une récompense, toi ?

Anonyme a dit…

Idd, on en tient un bon là.

Ils courent pas les rue quand même(et heureusement, oui, internet ca leur fait peur aussi, ouf), alors appréciez la performance.

Guillaume a dit…

Qu'est ce qui est méprisant :
de constater que dans de nombreux foyers prolo il n'y a pas un livre parfois pas un stylo ?
ou de faire semblant de pas s'en apercevoir ?

"A chacun selon ses moyens..." disait un barbu il me semble. On cherche le média et le message le mieux adapté pour chacun, et ce n'est pas une question d'être trop con ou trop intelligent. C'est une question d'efficacité.

Courant Anarcho-Droitier a dit…

Anonyme de 13:55 "ce sont effectivement des gens qui méprisent les classes populaires et qui ne voient les ouvriers que de manière fantasmée et déconnectée."

Comment vous aimeriez trop savoir d'où l'on vient socialement, puisque ça explique tout ! On doit être forcement des bourgeois des beaux quartiers mais vous aimeriez quand même en être sûr, n'est-ce pas ?

Anonyme a dit…

@Romain : quand on connaît l'histoire, on sait surtout que le vrai danger fasciste ne vient pas du FN.

@Guillaume : faudrait te mettre à jour parce qu'en terme de vision fantasmée du prolétariat héritée du XIXème, tu es pas mal (allez, ceci ou cela sera un bon début).

Courant Anarcho-Droitier a dit…

Alors ça y est, ça a lu trois articles sur Wikipedia et ça a discuté avec une ouvrière sur Meetic, et ça vient donner des leçons de sociologie...

Le prolétariat, c'est pas que tes copains de fac qui livrent des pizzas, tu sais...

Anonyme a dit…

Prolétaire j'en suis un, et j'ai des bouquins chez moi, comme la plupart de mes collègues.

Manifestement certains ont plus d'un siècle de retard :
- ils ont oublié qu'on est TOUS allé à l'école
- ils n'ont pas encore réalisé que le prolétariat représente 85% de la population active en France.

Courant Anarcho-Droitier a dit…

Cher curé rouge : arrête de fracasser ton clavier, respire lentement et bois un verre d'eau.

Bien sûr que tout le monde est allé à l'école, mais ce que l'on cherche à t'expliquer c'est qu'il y a une différence entre savoir lire et lire. Beaucoup, et nous le regrettons, n'ont pas la culture du livre. Lire, un bouquin, un journal, un tract, ne sera pas le réflexe naturel pour s'informer chez certains. C'est une question de culture.

Tu as tes statistiques, elles sont justes, mais n'illustrent pas notre propos. Nous avons les nôtres, telles celles qui disent qu'un individu qui n'est pas rentré dans un musée ou dans une bibliothèque avant ses vingts ans, n'y rentrera pas après. Il considèrera que ce n'est pas son monde. Tout comme nous, même si nous en avons le droit,nous ne rentrons pas dans un hôtel cinq étoiles pour boire un café, car nous considérons que ce n'est pas notre place (mais ce n'est que subjectif).

Ce qui précède est issus des enquêtes d'Yves-François Le Coadic qui n'est ni anar ni marxiste mais qui est intéressant à connaitre quand même : "Usages et usagers de l'information" 2004

Personne ne dit que les prolos sont cons, personne ne fantasme Zola.

Nous avons les mêmes buts que toi, mais nous réfléchissons aux moyens les plus efficaces d'y parvenir. Nous cherchons les méthodes les plus convaincantes.

Encore un dernier conseil, arrête de nous juger coupables d'office des pires déviations et manipulations et fait comme nous : remet en cause tes certitudes et apprend le tâtonnement expérimentale. Tu verras, ça fait du bien.

Gros bisous

Anonyme a dit…

Cher étudiant-nian-nian, tu as effectivement une vision fantasmée et condescendante des travailleurs, et particulièrement des ouvriers.

L'idée qu'ils seraient "trop cons" pour comprendre, et qu'il faudrait simplifier à outrance, style "c'est la faute des arabes" (puisque l'extrême droite est censée être un exemple en terme de com'), c'est juste digne des réflexions de Terra Nova.

Mais bon, étudiant poil au dents, ... (voir chanson de Renaud)

Courant Anarcho-Droitier a dit…

Mon gros poussin,

On est vraiment navré de te mettre dans tous ces états.Fais quand même attention, à force d'être aigri comme ça, tu vas choper un ulcère.

Tu refuse catégoriquement de comprendre notre argumentation, toi ce que tu veux c'est avoir raison. Nous en prenons acte.Il semblerait même que le temps est désormais à l'invective. Bon...

Attention toutefois à ne pas te contredire : tu nous dis que la classe ouvrière lit plein de livres (nous on dit pas le contraire, on nuance, c'est tout) mais quand c'est nous qui faisons référence à des bouquins, nous sommes forcement des étudiants. Eh bien perdu : personne n'est pour l'instant étudiant chez les anarcho-droitiers, mais ils sont les bienvenus et ils n'auront pas à s'excuser d'être étudiants On veut bien aussi des prof, y'en a des sympa.

Si on a bien compris il faut finir en chanson, alors :"y en a pas un sur cent et pourtant ils existent...les anarchistes"

Kermit a dit…

En fait l'Anonyme énervé, il devrait prendre Call of Duty 1942, il choisit les Russes et il tire toute une journée sur des allemands en se disant que ce sont des anarcho-droitiers. Il gagnerait comme ça

Anonyme a dit…

Ce qui est rigolo, c'est de penser que quelques rigolos puissent "m'énerver". Ce n'est pas parce que je me fous de votre gueule que je suis "énervé" pour autant... Et si je m'énervais pour si peu, qu'est-ce que ce serait face à mon patron!

A part ça c'est noté, vous n'êtes pas encore étudiants, vous êtes encore lycéens... (ça peut expliquer d'autant plus les fantasmes)

Bromure a dit…

J'suis pas baptisé, je lis des livres et j'bosse au SMIC. Suis je normal?

Courant Anarcho-Droitier a dit…

Il doit exister un juste milieu entre : "patrons=caca", message caricatural que nous prêtent ceux qui n'ont pas envie de se remettre en question et "les revendications du NPA ne sont pas vertébrés à la centralité prolétarienne" dixit les P4, curés rouges par excellence du NPA.
C'est ce juste milieu que nous cherchons, on n'est pas des gardiens de musées conservant la phraséologie du XIXème siècle "parce que c'est la plus précise"...
Cependant la majorité du NPA a fait le choix de s'adresser aux masses laborieuses avec les recettes rhétoriques "comme il faut": on verra bien le résultat en terme d'adhésions et de suffrages.

A la question les anarcho-droitiers sont-ils lycéens? Bingo, ça pourrait être ça, il y a un esprit potache que certains ont remarqué, mais il aurait fallu que l'on redouble beaucoup beaucoup...

un curé rouge a dit…

Quelque chose me titille un tantinet, quand même...

Vous (les anarcho-droitiers) agissez exactement de la même manière que ceux que vous vilipendez à longueur de blog : quand on est pas d'accord avec vous, on est un curé rouge qui vit encore au XIXème siècle et qui faire un copier-coller de l'action de Lénine, Trotsky, etc...
Nous, les dix-neuvièmistes, on va finir par créer "Courant curé-rouge", si ça continue, puisque c'est votre manière à vous de mettre fin à tout débat, de qualifier ainsi vos détracteurs.

D'autre part, prétendre savoir mieux que les curés rouges à quoi ressemblent les gens "en vrai dans la vraie vie", ça fait justement curé rouge, style "MOI, monsieur, je sais à quoi ressemble un vrai ouvrier ! MOI, je sais ce que pense le pekin moyen !".
Vous ne seriez pas, vous aussi, des militants, par hasard ? Et comme 99% des militants, vous ne fréquenteriez par essentiellement des militants, par hasard ?
Faites gaffe : à parler sans grande connaissance de cause de ce qu'il se passe "dans la vraie vie", vous allez vous mettre à causer comme la P2...

Je ne prétend pas savoir plus que d'autres comment réagissent les non-militants quand on chante l'internationale en meeting, mais vos propos me semblent aussi présomptueux que ceux de vos "adversaires" les curés rouges.

Anonyme a dit…

C'est ce juste milieu que nous cherchons, on n'est pas des gardiens de musées conservant la phraséologie du XIXème siècle "parce que c'est la plus précise"...


Hahahaha je savais pas qu'il y avait un courant boudhiste au NPA! :)
(à moins qu'il soit bayrouiste?)

Anonyme a dit…

@curé rouge : effectivement, les "anarcho-droitiers" semblent fonctionner sur une mystique religieuse assez déconnectée du réel, et surtout considérant que toute personne ne pensant pas comme eux est un con. Ou un "curé rouge", dont ils fantasment tout un contour etc.

Mais pour leur décharge, ils semblent élevés à l'école CSP. C'est-à-dire d'un type qui croit toujours avoir raison seul contre tous et n'a jamais été capable de militer dans un parti, et qui n'a pour ainsi dire jamais mis les pieds au NPA (ce qui ne l'empêche pas d'en parler en inventant allègrement).

Guillaume anarcho-droitier stagiaire a dit…

@curé rouge :
bonne remarque concernant le danger qu'il y a pour nous anarcho-droitiers de se transformer en ce que nous dénonçons. On y fera attention. Pour y remédier, le principe de ce blog est aussi de comparer des expériences militantes (qui marchent). De toute façon le principe du Fight Club (comme dans le film) c'est de cogner sur les copains mais aussi accessoirement d'en prendre nous même plein la gueule, ça fait du bien, ça fait réfléchir.

Concernant le fait que nous soyons militants (oui je confirme)et que nous fréquenterions essentiellement des militants, eh bien justement non. Pour diverses raisons, professionnelles, familliales ou géographiques, on se retrouve à militer soit en free lance soit pour ma part dans de tous petits comités. Ceci explique sans doute le décalage que l'on ressent quand on se retrouve dans les grandes messes militantes.

Enfin, si les gens qui n'ont pas envie d'adopter les codes folkloriques militants, si ceux qui n'ont pas envie de se prendre la tête avec des grandes théories, autrement dit ceux qui ne viennent pas dans les partis d'extrême-gauche d'eux-mêmes ne vous intéressent pas, effectivement vous ne saurez pas ce qu'ils pensent

Anonyme a dit…

Des "codes folkloriques militants" j'en connais pas trop. Et l'Internationale quand les autres chantent la Marseillaise, c'est plus qu'un symbole. Et certainement pas un "code folklorique".

Après "ceux qui ne viennent pas dans les partis d'extrême-gauche d'eux-mêmes", ça sous-entend que certains auraient été forcés?

Perso je suis venu à l'extrême gauche de moi-même après l'arrivé de Sarkozy sur le trône. Et si j'estime que ni la LCR ni le NPA n'ont jamais été bon en accueil/intégration des nouveaux militants, ça n'est certainement pas à cause de l'Internationale mais plutôt de manières de fonctionner, notamment d'une certaine clique qui forme aujourd'hui la fameuse "P1B" (et qui je l'espère ne reprendront jamais la majo dans le parti).

Guillaume anarcho-droitier stagiaire a dit…

Ce qui a toujours été fatigant avec les gauchistes et autres curés rouges c'est que l'on passe notre temps à faire de la grammaire lexicale.

Alors on reprend lentement : non bien sûr on ne force personne à venir. il y a ceux qui viennent par une démarche personnelle et ceux que l'on va chercher, que l'on cherche à convaincre, ceux-ci n'ont pas eu l'idée de venir mais que l'on aimerait voir militer chez nous. En ce moment par exemple, l'objectif du NPA c'est de faire adhérer les ouvriers et les jeunes des quartiers populaires, soit. On ne peut pas dire que ça se bouscule pour adhérer chez nous dans ces milieux là :ils ne viennent pas d'eux-mêmes. Donc on va les chercher et on essaie de les convaincre...sans les forcer bien entendu.
D'où questions : quel discours tant sur la forme que le fond utilise-t-on pour être le plus efficace ? Quelles conneries arrête-t-on de faire ?

Voilà, maintenant je suis impatient de voir comment ces simples constats et interrogations vont être transformés en propos d'étudiants-petits bourgeois-néofascistes-fantasmant le peuple par les vrais militants prolétaires qui savent. Oh oui j'ai hâte, ils ont tellement d'imagination !

Romain (anarcho-droitier non moins stagiaire) a dit…

"notamment d'une certaine clique qui forme aujourd'hui la fameuse "P1B""

Oh ouiiiiiiiiii ! On est passé de 10 à 4.000 en trois ans ? On est invisibles, et on a aucune influence d'aucune sorte à quelque niveau que ce soit ? On va faire un score schivardiesque aux présidentielles ? Les gens commencent même à oublier qu'on existe ?

Célafôtamyriammartin !

Heureusement que toi et tes potes êtes là maintenant pour nous guider vers les horizons rouges de la liberté, dis-donc.

Anonyme a dit…

"En ce moment par exemple, l'objectif du NPA c'est de faire adhérer les ouvriers et les jeunes des quartiers populaires"

Ah bon? Il sort d'où cet "objectif"?

Sinon pour convaincre les gens de militer au NPA, il faut leur montrer en quoi c'est utile (en plus d'être sympa). Sinon s'ils n'en voient pas l'utilité (et qu'en plus c'est pas sympa), ils ne viennent pas. Ou ne restent pas.

@Romain : effectivement, la situation actuelle du NPA est le résultat de deux ans de direction de la majo sortante. Dont Myriam Martin fait certes partie, et participe plutôt activement à la définition de la ligne et des pratiques... pas très démocratiques ni respectueuses des militants dirons-nous.
On peut dire qu'ils n'ont cherché ni à rendre sympa, ni à rendre utile le fait de militer au NPA.

Guillaume a dit…

"En ce moment par exemple, l'objectif du NPA c'est de faire adhérer les ouvriers et les jeunes des quartiers populaires"

Ah bon? Il sort d'où cet "objectif"?

Des textes de congrès, mon canard, si tu ne me crois pas sur parole et si tu n'as pas envie de les rechercher, patiente jusqu'à mercredi je les aurai sous la main et je recopierai le passage

Quand à la nécessité de montrer l'utilité d'adhérer, on ne dit pas le contraire, on se rapproche tu vois ?

Courant Anarcho-Droitier a dit…

voilà voilà :

Position 1 :partie 6 "Renforcer le NPA, parti des populaires et de la jeunesse...il faut maintenant progresser concrètement dans notre implantation dans trois secteurs clé où nous sommes en deçà de nos possibilités et des nécessités : les quartiers populaires, les lieux de travail et la jeunesse..."

Position 2 III) Construire le NPA 2) une politique de construction en lien avec notre organisation... L'organisation doit faire un effort particulier pour s'implanter dans ces quartier[populaires]...S'implanter largement et chercher à influencer les mobilisations de la jeunesse est un enjeu déterminant pour le NPA et demande un effort conscient."

extraits issus du bulletin n°1 spécial congrès de décembre 2010

courant anarcho-droitier: 1
curés rouges: 0

Anonyme a dit…

L'implantation dans la jeunesse, les quartiers populaires, le monde du travail (pas spécifiquement les "ouvriers"), ça fait évidemment partie des objectifs de construction du NPA (encore heureux!), mais ça n'a jamais été "L'objectif du NPA".
Tu te complais à raconter n'importe quoi décidément!

Courant Anarcho-Droitier a dit…

ouh pardon ! Devant cet argument grammatical, cette fois-ci nous nous inclinons.

Anonyme a dit…

Ne te cache pas derrière la grammaire pour éviter d'assumer ce qui est ouvertement un mensonge (assez ridicule en plus).

Courant Anarcho-Droitier a dit…

oh oui fouette moi encore ! on a été vilain