mercredi 10 octobre 2012

Un vrai courrier d'un vrai lecteur

Bienvenue à toi cher OP, ton courrier dévoile un caractère anarcho-droitier qui ne demande qu'à s'affirmer dans un courant sympa et à s'aiguiser les crocs, au milieu d'un cartel de partis par exemple. Ne te laisse pas dominer par ton désarroi, la cellule psychologique du courant anarcho-droitier étudie ton cas (très fréquent ces derniers temps) et nous te répondrons bientôt. En attendant mange du chocolat, bois des bières et entraine toi à danser sur les tubes de Boney M 

Chers anarcho-droitiers,

Je vous écris de la part de mon ami Dominique Marc –un ami jeune et large d’épaules- car je traverse une mauvaise passe, et que j’aurais besoin de vos précieux conseils. Je voulais aussi vous faire part de mon expérience, au cas où d’autres jeunes dans la tourmente se retrouveraient dans ma situation. 

A treize ans j’étais un jeune garçon normal. Comme tous les autres j’écoutais du hip-hop dégueulasse et je portais des survêtements de racaille griffés Sergio Tacchini pour aller au collège. Je rêvais secrètement d’emballer Anne-Sophie à la boum de fin d’année, mais mes parents venaient toujours me chercher beaucoup trop tôt. J’avais le sentiment que personne ne me comprenait vraiment, alors je trouvais refuge dans la masturbation compulsive, les jeux vidéo et la consommation de sucreries. J’ai compris qu’on était de gauche en voyant la gueule de mes vieux le 21 avril, quand LePen est passé au second tour. 

A seize ans, ça commençait à s’arranger. Je m’habillais toujours comme un sac, mais le style « baboss » m’allait déjà mieux. Si mes vêtements beaucoup trop grands et mes cheveux beaucoup trop longs traduisaient encore un certain malaise, la découverte de la Mano Negra et du sous-commandant Marcos formaient un corpus idéologique assez cohérent pour me jeter dans la rue contre la loi Fillon, puis contre le CPE. En plus de ces velléités révolutionnaires naissantes, j’emballais sensiblement plus de meufs pendant les périodes de blocage du bahut, et je finissais même par connaître le « grand A » -ce qui ajoutait à l’attrait du côté « classes en lutte, lutte de classes » un romantisme inespéré au retour des beaux jours-.

A dix-huit ans, je suis allé à un meeting d’Olivier Besancenot. Ce fut une révélation. Après mes premières expériences politiques au Parti Communiste, et des colonies vacances décevantes à Cuba (où j’avais essuyé râteau sur râteau car je ne savais pas danser) je décidais illico de couper mes dreadlocks pour reprendre le flambeau de l’anticapitalisme révolutionnaire. Mes boutons disparurent peu à peu. Les grèves étudiantes qui secouaient la petite ville de province où je glandais à la fac je faisais mes classes offraient un formidable terrain de jeu pour se la mettre avec les flics / les étudiants en droit / les personnes âgées et draguer à la sortie des AG, entre deux fiestas chez les copains de la CNT (ceux avec un chat). La vie était simple, je pus être enfin moi-même : c’est-à-dire imiter mes amis redskins, mais avec plus de retenue.

Et puis je suis monté à Paris, toujours pour les études. Et là ce fut le drame : tout a été démoli. J’ai fait la connaissance des Jeunesses Communistes Révolutionnaires, qui condensaient le pire de ce que j’avais pu traverser auparavant. Ils s’habillaient mal, ils avaient encore plein de boutons (alors que la plupart avaient au moins 28 ans en L2) et commençaient toutes leurs interventions par « Lénine a dit… » d’une voix éraillée qui semblait ne jamais vouloir muer. Alors que d’habitude, j’avais plutôt la tchatche et que pour tous mes potes, j’étais quelqu’un qui se bougeait le cul sans trop leur prendre la tête, ils me faisaient sentir que je n’étais qu’un « aventuriste inconséquent aux tendances décompos ». Une merde. Imaginez l’angoisse. En dehors du NPA, rien ne semblait trouver grâce à leurs yeux. Même militer à Sud avec les branleurs de l’AL leur paraissait la dernière des hérésies. 

Je vous écris aujourd’hui parce que je suis triste, qu’on m’a volé mon parti. Sa jeunesse, dont « le dynamisme des luttes s'avère souvent précieux pour entraîner celle des travailleurs » (sic.) se complaît dans la laideur et l’ennui. Ils passent leur temps libre à « structurer l’UNEF » et à persécuter la P4 car ils ne supportent pas d’avoir des gens plus à gauche et plus vieux qu’eux au sein du secteur jeunes. Je crois qu’ils sont à la gauche révolutionnaire ce que Patrick Juvet est au rock’n’roll. Pourtant j’ai lu Bensaïd, j’ai fait la campagne Poutou et tout… Je ne sais pas trop quoi faire, car vu que je ne peux plus me fader ces archéo-trotskystes en herbe, je me dis que ça va être tendu de me coltiner des soc’déms et des stals au Front de Gauche, malgré la merveilleuse Myriam Martin qui me rappelle vaguement Anne-Sophie.

Avant de raccrocher définitivement mon cuir et d’entamer une psychanalyse, je voulais savoir si vous aviez des conseils à me donner pour m’en sortir. Vous êtes un peu mon dernier espoir : que faire ?

Fraternellement, 
 
OP

3 commentaires:

Anonyme a dit…

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  a dit…

HAHAHAHAH (le lien)


Bon c'est pas tout, mais ca manque de musique bande de gros cons.


Fieldy – Just For Now (Feat. Jonathan Davis)

pellox a dit…

tu as la fase . c'est tres bien la fase c'est pas un parti et ca c'est cool.
sinon a solidaires c'est pas politique mais on aide les gens dans les luttes et la lutte. et ca c'est bon .