Bienvenue à toi cher OP, ton courrier dévoile un caractère anarcho-droitier qui ne demande qu'à s'affirmer dans un courant sympa et à s'aiguiser les crocs, au milieu d'un cartel de partis par exemple. Ne te laisse pas dominer par ton désarroi, la cellule psychologique du courant anarcho-droitier étudie ton cas (très fréquent ces derniers temps) et nous te répondrons bientôt. En attendant mange du chocolat, bois des bières et entraine toi à danser sur les tubes de Boney M
Chers
anarcho-droitiers,
Je
vous écris de la part de mon ami Dominique Marc –un ami jeune et
large d’épaules- car je traverse une mauvaise passe, et que
j’aurais besoin de vos précieux conseils. Je voulais aussi vous
faire part de mon expérience, au cas où d’autres jeunes dans la
tourmente se retrouveraient dans ma situation.
A
treize ans j’étais un jeune garçon normal. Comme tous les autres
j’écoutais du hip-hop dégueulasse et je portais des survêtements
de racaille griffés Sergio Tacchini pour aller au collège. Je
rêvais secrètement d’emballer Anne-Sophie à la boum de fin
d’année, mais mes parents venaient toujours me chercher beaucoup
trop tôt. J’avais le sentiment que personne ne me comprenait
vraiment, alors je trouvais refuge dans la masturbation compulsive,
les jeux vidéo et la consommation de sucreries. J’ai compris qu’on
était de gauche en voyant la gueule de mes vieux le 21 avril, quand
LePen est passé au second tour.
A
seize ans, ça commençait à s’arranger. Je m’habillais toujours
comme un sac, mais le style « baboss » m’allait déjà
mieux. Si mes vêtements beaucoup trop grands et mes cheveux beaucoup
trop longs traduisaient encore un certain malaise, la découverte de
la Mano Negra et du sous-commandant Marcos formaient un corpus
idéologique assez cohérent pour me jeter dans la rue contre la loi
Fillon, puis contre le CPE. En plus de ces velléités
révolutionnaires naissantes, j’emballais sensiblement plus de
meufs pendant les périodes de blocage du bahut, et je finissais même
par connaître le « grand A » -ce qui ajoutait à
l’attrait du côté « classes en lutte, lutte de classes »
un romantisme inespéré au retour des beaux jours-.
A
dix-huit ans, je suis allé à un meeting d’Olivier Besancenot. Ce
fut une révélation. Après mes premières expériences politiques
au Parti Communiste, et des colonies vacances décevantes à Cuba (où
j’avais essuyé râteau sur râteau car je ne savais pas danser) je
décidais illico de couper mes dreadlocks pour reprendre le flambeau
de l’anticapitalisme révolutionnaire. Mes boutons disparurent peu
à peu. Les grèves étudiantes qui secouaient la petite ville de
province où je glandais à la fac je faisais mes
classes offraient un formidable terrain de jeu pour se la mettre avec
les flics / les étudiants en droit / les personnes âgées et
draguer à la sortie des AG, entre deux fiestas chez les copains de
la CNT (ceux avec un chat). La vie était simple, je pus être enfin
moi-même : c’est-à-dire imiter mes amis redskins, mais avec
plus de retenue.
Et
puis je suis monté à Paris, toujours pour les études. Et là ce
fut le drame : tout a été démoli. J’ai fait la connaissance des
Jeunesses Communistes Révolutionnaires, qui condensaient le pire de
ce que j’avais pu traverser auparavant. Ils s’habillaient mal,
ils avaient encore plein de boutons (alors que la plupart avaient au
moins 28 ans en L2) et commençaient toutes leurs interventions par
« Lénine a dit… » d’une voix éraillée qui semblait
ne jamais vouloir muer. Alors que d’habitude, j’avais plutôt la
tchatche et que pour tous mes potes, j’étais quelqu’un qui se
bougeait le cul sans trop leur prendre la tête, ils me faisaient
sentir que je n’étais qu’un « aventuriste inconséquent
aux tendances décompos ». Une merde. Imaginez l’angoisse.
En dehors du NPA, rien ne semblait trouver grâce à leurs yeux. Même
militer à Sud avec les branleurs de l’AL leur paraissait la
dernière des hérésies.
Je
vous écris aujourd’hui parce que je suis triste, qu’on m’a
volé mon parti. Sa jeunesse, dont « le dynamisme des luttes
s'avère souvent précieux pour entraîner celle des travailleurs »
(sic.) se complaît dans la laideur et l’ennui. Ils passent leur
temps libre à « structurer l’UNEF » et à persécuter
la P4 car ils ne supportent pas d’avoir des gens plus à gauche et
plus vieux qu’eux au sein du secteur jeunes. Je crois qu’ils sont
à la gauche révolutionnaire ce que Patrick Juvet est au
rock’n’roll. Pourtant j’ai lu Bensaïd, j’ai fait la campagne
Poutou et tout… Je ne sais pas trop quoi faire, car vu que je ne
peux plus me fader ces archéo-trotskystes en herbe, je me dis que ça
va être tendu de me coltiner des soc’déms et des stals au Front
de Gauche, malgré la merveilleuse Myriam Martin qui me rappelle
vaguement Anne-Sophie.
Avant
de raccrocher définitivement mon cuir et d’entamer une
psychanalyse, je voulais savoir si vous aviez des conseils à me
donner pour m’en sortir. Vous êtes un peu mon dernier espoir :
que faire ?
Fraternellement,
OP
3 commentaires:
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Bon c'est pas tout, mais ca manque de musique bande de gros cons.
Fieldy – Just For Now (Feat. Jonathan Davis)
tu as la fase . c'est tres bien la fase c'est pas un parti et ca c'est cool.
sinon a solidaires c'est pas politique mais on aide les gens dans les luttes et la lutte. et ca c'est bon .
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